Photographie en couleur de la première explosion nucléaire lors de l’essai Trinity le 16 juillet 1945 à Alamogordo au Nouveau-Mexique. Photo Credit: US Army

À contre-courant de la tendance mondiale, le Canada veut relancer le nucléaire avec ses miniréacteurs

Dans le cadre de son combat pour contrer la production de gaz à effets de serre, le gouvernement canadien entend maintenant miser sur une expansion de sa production d’électricité nucléaire en mettant à profit de plus petits réacteurs dits « modulaires ».

Cette initiative surprend, car depuis l’accident nucléaire de Fukushima, au Japon, en 2011, presque tous les pays produisant de l’énergie nucléaire ont abandonné des projets de construction de nouveaux réacteurs ou ont fermé progressivement des réacteurs.

Les petits réacteurs modulaires (PRM) seraient moins puissants que les réacteurs traditionnels, mais ils pourraient être produits à la chaîne en usine et assemblés sur place, là où on en aurait besoin.

Les communautés autochtones éloignées du Nord, les mines ou les champs pétrolifères d’extraction des sables bitumineux seraient des endroits tout désignés pour leur installation, estime le gouvernement canadien.

De plus petits réacteurs et moins de déchets
– Les PRM auraient une puissance maximale de 300 MW (comparativement à une puissance classique de réacteur de 800 MW).
– Les plus petits PRM pourraient être de la taille du sous-sol d’une maison, et les plus gros, de celle d’un édifice.
– Puisque les PRM seront moins puissants que les réacteurs traditionnels, ils généreront individuellement moins de déchets.

Un miniréacteur nucléaire pourrait être installé dans un jardin. © Hyperion Power Generation

Une technologie qui n’a pas encore fait ses preuves?

Amarjeet Sohile – Photo : CBC

Dans les faits, les petits réacteurs modulaires (PRM) n’existent encore nulle part en Occident. Aux Laboratoires nucléaires canadiens de Chalk River, en Ontario, on espère construire un prototype d’ici huit ans.

Le ministre des Ressources naturelles Amarjeet Sohi affirme, dans une entrevue qu’il vient d’accorder à Radio-Canada, que ces réacteurs sont prometteurs et que des représentants de l’industrie nucléaire canadienne travaillent depuis l’hiver dernier sur une feuille de route pour faire du Canada un leader dans ce marché industriel naissant.

Ils dévoileront début novembre cette stratégie, préparée pour le compte du gouvernement de Justin Trudeau.

« Nous voyons le potentiel de cette technologie pour réduire les impacts environnementaux », note le ministre Sohi. Il affirme que son rôle est de rapprocher l’industrie, les intervenants du secteur et les provinces pour « voir comment les PRM peuvent jouer un rôle dans l’éventail énergétique du Canada ».

Les installations de Chalk River en bordure de la rivière des Outaouais Photo : Radio-Canada

Grincements de dents antinucléaires

« Ils n’ont pas de mandat de la population. Il n’y a eu ni consultation ni débat parlementaire. Ils ne devraient pas aller de l’avant, dit Gordon Edwards, fondateur du Regroupement pour la surveillance du nucléaire. Ce qui m’inquiète, c’est que ça va coûter beaucoup d’argent, qui pourrait plutôt être investi dans des alternatives viables, comme l’énergie solaire et éolienne. »

À l’instar de M. Edwards, Gilles Provost, porte-parole du Ralliement contre la pollution radioactive, estime que la question de la gestion des déchets est au coeur de l’enjeu du nucléaire. Il craint que le Canada devienne parsemé de lieux radioactifs et mal surveillés.

Enquête internationale demandée sur les déchets nucléaires canadiens

Quarante groupes demandaient, le printemps dernier, une enquête internationale sur les sites actuels de déchets nucléaires canadiens et sur trois nouveaux projets d’enfouissement en cours d’évaluation par la Commission canadienne de sûreté nucléaire, car ils ne correspondraient pas aux normes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Ces groupes environnementaux et des Premières Nations, dont une vingtaine du Québec, ont envoyé en ce sens une lettre à l’AIEA.

La lettre souligne que le Canada ne s’est jamais doté d’une politique de gestion de ses déchets radioactifs et qu’il n’a développé aucun système de classification pour leur élimination.

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Salle des commandes d’une centrale nucléaire canadienne
Photo Credit: Radio-Canada/Josée Ducharme

RCI avec la contribution de Fannie Olivier de Radio-Canada

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