Épicentre de la chanson francophone en Amérique du Nord, le Québec jouit d’une industrie musicale forte. Mais qu’en est-il de son avenir dans un continent où l’anglais semble dominer toutes les sphères de la création artistique? On en discute avec Karim Ouellet.
L’auteur-compositeur-interprète québécois l’affirme sans hésiter : la chanson francophone se porte très bien. « À mon humble avis, je crois que les choses vont bien ici au Québec. Cela fait maintenant presque une dizaine d’années que je travaille dans l’industrie. Il y a énormément d’artistes qui se développent. Encore aujourd’hui, en 2018, je fais des découvertes chaque mois, presque chaque semaine. »
Entourés d’un océan d’anglophones, les francophones du Québec et du Canada sont en situation de minorité linguistique.
« Cependant, le Québec a réussi à créer cette bulle, cette industrie francophone relativement autosuffisante avec l’aide de quelques subventions, mais qui se suffit à elle-même jusqu’à maintenant. Et puis, à Montréal, bien qu’on trouve des groupes qui vont chanter en anglais, il existe une majorité d’artistes francophones qui ont la première place dans le cœur du public. Quand on regarde la relève musicale, il y a énormément de talents. Je ne m’inquiète pas. »
Écoutez l’entrevue avec Karim Ouellet (10 minutes et 14 secondes)
ÉcoutezSelon le chanteur, la scène culturelle assiste à l’arrivée d’une nouvelle vague de musique québécoise, en particulier chez les plus jeunes. « Le fait de créer au Québec, les musiciens s’inspirent ce qu’il y a autour d’eux. Ici, les influences sont nombreuses. On peut créer en français. La francophonie est puissante, aussi bien en Europe qu’en Afrique. Les francophiles sont présents un peu partout à travers le monde. Avec la musique, les mélodies, l’énergie, on peut aller chercher et toucher les gens qui ne parlent pas français pour justement les intéresser à la langue. »
Le duo frère-sœur Karim Ouellet et Sarahmée sont porte-parole des Francouvertes, un concours annuel pancanadien pour les artistes francophones. « J’ai participé à l’édition de 2011, l’année de la sortie de mon tout premier album. Je m’étais inscrit au Francouvertes sans a priori et sans attente. Cela a été une expérience extraordinaire qui m’a fait rencontrer toute sorte de personnes, des musiciens et des gens qui travaillent dans l’industrie. Même si ce n’est pas moi qui ai gagné cette année- là, j’ai réussi à me hisser jusqu’en finale. »
Véritable rampe de lancement, les Francouvertes sont en période d’inscription, et ce jusqu’au 28 octobre. « Le concours est ouvert à tous et à toutes au Canada, rappelle Karim Ouellet. Il faut seulement s’exprimer en français qu’importe le style musical, du punk rock en passant par le hip-hop, le blues ou le jazz. En fait, peu importe le genre, tant que les chansons sont interprétées en français. »
La 23e édition des Francouvertes se déroulera du 18 février au 6 mai 2019.
Né en 1984 au Sénégal, Karim Ouellet est un auteur-compositeur-interprète québécois.
En 2007, il a fait partie du projet « 5 fois 5 » et a participé aux FrancoFolies de La Rochelle et à la Francoville 2008 à Bordeaux. Il a notamment collaboré au groupe CEA et fait partie du collectif Movezèrbe2.
Il a signé son premier album Plume en 2011 qui lui vaudra le prix de l’album pop de l’année lors du Gala alternatif de la musique indépendante du Québec. Avec son deuxième album Fox, il a remporté le prix Juno pour le meilleur album francophone en 2014. Le 11 mars 2016, il a sorti son troisième album intitulé Trente.
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