Photo : Mason Trinca/Getty Images)

Harcèlement sexuel à Silicon Valley : deux poids, deux mesures

Des employés de Google de partout dans le monde se sont arrêtés de travailler pour protester contre le comportement de leur employeur face à des inconduites sexuelles dont ont été victimes des femmes. La gestion de ces affaires de harcèlement sexuel par les entreprises de la Silicon Valley est loin d’être équitable et transparente.

Des milliers d’employés de Google, notamment à Montréal, Toronto, Londres, Dublin, Tokyo et New York, ont débrayé un certain temps et ont manifesté devant leur lieu de travail. Ils ont exprimé leur mécontentement quant au manque de transparence et de sévérité de Google dans son traitement de nombreux cas de harcèlement sexuel. Le dernier impair, qui était une sorte de détonateur pour leur prise de conscience, a été révélé par le New York Times. Il concernait un cadre haut placé de Google, Andy Rubin, le créateur d’Android.

Son départ-surprise – salué par Larry Page, cofondateur de Google, en 2014 – a été en fait un licenciement à la suite d’une plainte d’une employée de Google qui l’accusait d’avoir exercé des pressions sur elle pour avoir une relation sexuelle. Google a même accordé 90 millions de dollars en indemnité de départ bien qu’une enquête interne ait jugé crédibles les accusations de la plaignante, selon le quotidien new-yorkais.

Le PDG de Google, Sundar Picha, a confirmé le renvoi depuis 2016 de 48 de ses employés, dont 13 cadres pour des allégations de harcèlement sexuel. Aucune indemnisation de licenciement ne leur a été versée, a-t-il souligné.

. (Photo : Mason Trinca/Getty Images)

« Relation de propriété »

Ces comportements d’inconduite sexuelle ne se limitent pas à Google. Ils sont présents dans les milieux de travail des technologies de l’information qualifiées par des militants féministes de « sexistes et machistes ». Des dirigeants des compagnies vedettes de la Silicon Valley comme Uber et Sherpa Capital en sont les acteurs.

Ces dirigeants, qui sont devenus rapidement millionnaires grâce au succès de leur entreprise qui leur monte à la tête, développent une relation « d’appropriation » avec les employés qui relèvent d’eux. Le fondateur d’Android, Andy Rubin, la qualifie de « relation de propriété », selon le NYT.

Les entrepreneurs qui vendent leurs entreprises à des géants de la technologie – surtout lorsqu’ils choisissent d’y rester – et les génies en informatique négocient des clauses dans leur contrat qui leur assurent une sorte de parachute doré et des indemnités de toute sorte en cas de cessation du lien de travail.

Paradoxalement, les employés victimes de harcèlement sexuel ou de discrimination ne peuvent poursuivre en justice ni un collègue ni leur employeur en vertu d’une clause dite d’« arbitrage forcé », souvent présente dans les règlements régissant ce genre de plainte aux États-Unis.

Une des demandes des participants au mouvement de protestation #googlewalkout est de renoncer à cette clause. Microsoft l’a abandonnée en 2017.

Zoubeir Jazi

Catégories : Internet, sciences et technologies
Mots-clés : , , , , , , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.