Le tracé du projet de pipeline Keystone XL de TransCanada

La porte de sortie du pétrole canadien vers les États-Unis vient d’être fermée par un juge américain

Un juge fédéral du Montana a déposé jeudi une injonction pour arrêter la construction du pipeline Keystone XL de la compagnie TransCanada. Ce lien permettrait au pétrole de l’Ouest canadien de traverser les États-Unis du Nord au Sud. L’ordonnance pourrait cependant faire l’objet d’un appel.

Le juge Brian Morris a rédigé une ordonnance de 54 pages à la suite de plaintes déposées par des groupes autochtones et environnementaux. Ils alléguaient que le département d’État des États-Unis avait commis plusieurs violations lorsqu’il a approuvé, sous Donald Trump, le projet de pipeline de 8 milliards de dollars qui doit s’étendre sur plus de 1900 kilomètres.

Selon le juge, le département d’État avait l’obligation d’analyser les nouvelles informations sur les impacts environnementaux pour délivrer un permis pour le pipeline l’année dernière. Ce qu’il n’a pas fait.

Aide-mémoire…
L’oléoduc Kestone XL pourrait transporter le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’aux raffineries du Texas.
S’il devait être complété, cet oléoduc de TransCanada serait long de 3461 km.
Trois des quatre phases de ce pipeline sont opérationnelles depuis 2014, mais la quatrième est celle qui fait l’objet d’une lutte devant les tribunaux.
La phase I, un pipeline courant de l’Alberta à l’État de l’Illinois) a été achevé à l’été 2010.
La phase II a été achevée en 2011 et transporte les hydrocarbures jusque dans l’Oklahoma.
La phase III, l’extension vers le golfe du Mexique, a été ouverte en janvier 2014.
La phase IV est un doublement d’une partie du pipeline sur environ 1900 km qui relierait Hardisty, en Alberta, à Steele City, dans le Nebraska.

Un point marqué pour l’environnement

Manifestation contre le projet Keystone XL, le 13 mai 2013 à New York
Crédit photo : AFP / DON EMMERT

Stephan Volker, qui représente l’Indigenous Environmental Network, voit dans cette décision une victoire. Selon lui, le projet Keystone XL violait plusieurs lois environnementales et l’administration Trump n’a pas su répondre de façon compétente aux arguments de l’ancien gouvernement de Barack Obama qui avait apposé son refus au projet en 2015.

Sous la présidence d’Obama, le département d’État avait jugé que le projet n’était pas dans l’intérêt public, citant les questions de changement climatique et alléguant que le projet ne serait pas le moteur économique qu’il promettait d’être.

En septembre 2010, la compagnie TransCanada annonçait que son pipeline allait créer 13 000 nouveaux emplois aux États-Unis et entraîner des retombées de 118 000 emplois/année.

S’inspirant de données peut-être plus proches de la réalité, Barack Obama confiait dans les jours suivants dans une entrevue au New York Times que, selon les estimations de son gouvernement, le projet ne produirait que « 2000 emplois en phase de construction, et peut-être de 50 à 100 une fois le pipeline construit ».

L’ex-président Bill Clinton s’est prononcé en faveur du projet de pipeline Keystone XL. © Jacquelyn Martin © SAUL LOEB

Réactions au Canada

Mike Hudema, de Greenpeace Canada, affirme que cette décision constitue un revers important pour le projet Keystone XL de TransCanada et une grande victoire pour les groupes autochtones et les défenseurs de l’environnement.

« Cela devrait aussi être un énorme signal d’alarme pour le gouvernement libéral (du premier ministre Justin Trudeau) au sujet des obstacles juridiques inévitables auxquels il devra faire face s’il continue à accélérer et à réduire le processus d’évaluation de Trans Mountain. »

« Nous ne pouvons pas nous permettre une nouvelle infrastructure de combustibles fossiles si nous voulons sauver la planète », conclut le porte-parole de Greenpeace.

Par contre, Dennis McConaghy, un ancien dirigeant de la TransCanada Corporation de Calgary, a déclaré que la décision est une mauvaise nouvelle pour le Canada, mais il estime que la décision sera réexaminée et infirmée par un tribunal supérieur. « Les Canadiens devraient espérer que cette chose soit vigoureusement contestée et renversée. »

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RCI avec CBC News et la contribution de Radio-Canada

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