Des étudiants de l'Université Laval à Québec, le mardi 3 avril 2012 (Crédit photo : La Presse canadienne/Jacques Boissinot)

Le décrochage scolaire au Canada : le Québec dernier de classe

En matière de décrochage scolaire au pays, le Québec est l’un des mauvais élèves. Alors que l’Ontario devient un modèle, le Québec reste à la traîne. Année après année, les études relèvent des chiffres très préoccupants avec des taux de décrochages élevés en particulier chez les garçons francophones du Québec. On en parle avec Égide Royer, psychologue et professeur associé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval.

En ce qui concerne un état des lieux, le chiffre étalon auquel on peut se référer au Québec, c’est la proportion des garçons et des filles qui obtiennent un des diplômes secondaires dans les temps prévus. « C’est là que l’on trouve un écart important par rapport aux autres provinces canadiennes, explique en entrevue Égide Royer. Environ 30 % des garçons et 20 % des filles n’ont aucun des diplômes du secondaire. »

Le professeur fait une distinction entre le décrochage et le taux de diplomation. « Près de 25 % des garçons et 15 % des filles sont dans une situation de décrochage scolaire. La majorité d’entre eux va revenir à l’école vers 18 ans ou plus tard, dans les secteurs pour adultes, et ainsi obtenir un des diplômes du secondaire. Mais la question principale est que si vous obtenez un diplôme du secondaire vers 23 ans, la probabilité de poursuivre des études demeure très limitée. »

Écoutez l’entrevue avec Égide Royer (9 minutes et 32 secondes) :

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Pour comparer la situation du Québec avec d’autres modèles d’éducation au Canada, M. Royer préfère se référer aux taux de diplomation. « Par exemple, au Québec, le taux de diplomation est d’environ 75 % tandis, qu’en Ontario il est de 91 %. On voit que l’écart est énorme. Il y a des provinces canadiennes où les taux de décrochage sont trop faibles pour être soulevé. »

L’importance qu’une société donne à l’éducation est primordiale, selon M. Royer. « Au Québec, on constate que les enfants des immigrants de deuxième génération ont de meilleurs résultats scolaires que les autres enfants. Il faut intervenir beaucoup plus tôt, dès la maternelle à 4 ans avec une sensibilisation aux mots, aux lettres, aux sons et aux chiffres. Il faut également suivre de manière étroite les lecteurs débutants en 1re et 2e années afin d’intervenir rapidement. Il faut en sorte que les jeunes savent lire et surtout qu’ils aiment la lecture. »

Diplomation en chiffres au Québec

Le taux de diplomation réel (DEP + DES) de la cohorte de 2009 après 7 années au secondaire (2 ans de plus que le cheminement attendu) est :

Global : 75 %
Garçons : 69,3 %
Filles : 81,5 %

Écoles privées : 93,0 %
Écoles publiques :70,0 %

Anglophones : 80 %
Francophones : 74,9 %

Données fournies par Égide Royer (Source : Gouvernement du Québec – 2017 – Diplomation et qualification par commission scolaire au secondaire, Édition 2017. Québec : Gouvernement du Québec)

Plus de 200 000 élèves du Québec ont des difficultés d’apprentissage dans un système scolaire de 1,2 million d’élèves. « Des chiffres en constante augmentation, précise le professeur. Sur ces 200 000 élèves en difficulté, 65 % sont des garçons. Il y a ici un élément plus sensible qu’il faut pouvoir aborder. Les modèles féminins de réussite abondent à l’école, en particulier au primaire. Mais les modèles masculins de réussite sont par contre beaucoup plus rares. Pour améliorer la situation, je pense qu’il est important de revaloriser le rôle et l’implication des hommes en éducation. »

M. Royer ajoute que l’Ontario et le Nouveau-Brunswick exigent de leurs étudiants qu’ils poursuivent leurs études jusqu’à 18 ans, tandis qu’au Québec, ils peuvent quitter l’école à 16 ans. « Il y a trop de jeunes qui s’en vont de l’école avec des retards en lecture. Ce qui est préoccupant, c’est le nombre de jeunes en difficulté avec des diagnostics psychiatriques. Et puis, le Québec possède le système éducatif le plus inégalitaire au pays. »

En 10 ans, l'Ontario a fait grimper le taux de diplomation des élèves au secondaire de plus de 10 %. Ce modèle suscite curiosité au Québec, où les problèmes se succèdent. Égide Royer, professeur et psychologue, nous explique.

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Catégories : Politique, Société
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