La maison Boileau avant sa destruction. (Crédit photo : Radio-Canada/René Saint-Louis)

Protégeons-nous suffisamment notre patrimoine architectural?

Depuis la démolition, en novembre dernier, de la résidence patrimoniale René-Boileau par la municipalité de Chambly, les critiques fusent quant à la protection de nos lieux et bâtisses historiques. Les institutions en font-elles assez pour préserver les demeures historiques? On en parle avec Jacques Plante, architecte et professeur d’architecture à l’Université Laval.

En rasant la demeure bicentenaire Boileau, considérée par les historiens comme un trésor architectural, la ville de Chambly a créé toute une commotion auprès de la population. « C’est une très grande déception de voir qu’une propriété à caractère patrimonial détenue par une municipalité est détruite sans que les citoyens puissent s’y opposer, raconte en entrevue Jacques Plantes. Les citoyens ont cru au contraire que la municipalité allait justement sauvegarder ce patrimoine. »

L’exemple de Chambly n’est malheureusement pas unique et d’autres cas se retrouvent ailleurs au Québec, déplore le professeur. « La Maison Pollack sur la rue Grande Allée à Québec tombe en décrépitude. Je crois qu’on ne protège pas assez notre patrimoine. Et quand on le protège, on devrait le faire avec beaucoup plus de rigueur. Il manque un certain discernement. »

Écoutez l’entrevue avec Jacques Plante (13 minutes et 18secondes) :

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Bien que tout ne doive pas être protégé, M. Plante rappelle qu’il existe des critères à respecter. « Plusieurs éléments doivent être pris en considération comme l’âge du bâtiment, son caractère unique, la rareté, son style architectural et les matériaux utilisés en font partie. D’autres aspects rentrent en compte, par exemple les gens qui ont vécu dans la demeure ou le nom de l’architecte derrière la construction. »

Selon le professeur, il faut que les gens soient plus informés sur l’importance historique et culturelle du patrimoine. « La culture et la conscience patrimoniales sont des notions assez récentes au Canada, explique-t-il. À Québec, Les Nouvelles-Casernes sont en mauvais états depuis les années 1960. On essaye presque de ne pas les restaurer en espérant peut-être pour certains qu’elles finissent par s’effondrer. C’est pourtant le bâtiment le plus important du Régime français. On peine encore à lui trouver une valeur de restauration et une fonction de remplacement. »

Il existe pourtant des pistes de solutions, ajoute M. Plante, qui cite en exemple les politiques européennes, notamment à Paris où plusieurs rénovations ont permis à des sites historiques de retrouver un dynamisme architectural. « La transformation des bâtiments est une solution à la préservation du patrimoine. Certains ont droit à une seconde vie grâce à des projets de construction comme pour le musée des monnaies françaises et celui de Picasso à Paris. De telles initiatives étonnantes et audacieuses permettent à ses monuments d’exister pour les générations futures. »

Le maire suppléant de Chambly, Jean Roy, confirme que le conseil municipal optera pour la construction d'une réplique de la maison Boileau, bâtiment historique passé sous le pic des démolisseurs la semaine dernière. Les explications d’Anne-Louise Despatie.

(Source : ministère de la Culture et des Communications du Québec)

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