Quel est cet espoir de tirer assez de revenus pour trouver le temps d’écrire un autre livre? (Photo: iStock)

Être écrivain au Québec : une espèce en voie de disparition?

Entr’écrire titrait le regretté Sylvain Lelièvre sur le recueil qui regroupait l’essentiel des textes de chansons qui ont jalonné sa carrière d’auteur-compositeur.

Entr’écrire pour parcourir les méandres de la création littéraire en sachant très bien que ces mots déposés sur papier un à un, colligés en textes différents ou au cœur d’un roman, d’un essai, d’un texte dramatique ou jeune public, arriveraient peut-être à rapporter un succès d’estime… et encore… mais pas vraiment un revenu.

Outre les Michel Tremblay, Kim Thuy, Anne Robillard, Bryan Perro, Antonine Maillet et quelques autres – des gens qui méritent tout notre respect – les écrivains québécois tirent des revenus annuels oscillant autour des 9000 $.

Pire, le revenu littéraire médian est inférieur à 3000 $.

Ces données se retrouvent dans un document rendu public par l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) qui a amassé des données prises de déclarations de revenus de 2017 de ses membres.

Vivre de sa plume? Non! Vivre avec sa plume, mais gagner sa vie ailleurs

(Source: https://www.uneq.qc.ca/)

Des auteurs qui ont participé au sondage, 90 % n’atteignent même pas les 25 000 $ de revenu tiré exclusivement de leurs activités littéraires. Mais, quels sont ces revenus?

Il y a bien sur la vente du livre en librairie qui rapporte de 7 à 10 % en redevances à l’auteur. Et quand on sait qu’un succès de librairie au Québec représente 5000 ventes. À 25 $ le prix moyen, cela représente 12 500 $ de redevances à 10 %.

Reste que de bons vendeurs tutoient à peine les 1000 exemplaires. Ce qui fait des redevances de 2500 $, toujours à 25 $ et 10 %.

Quand on vend 300 livres, disons qu’on repassera n’est-ce pas?

Viennent ensuite les ateliers, les conférences et les lectures publiques, si on est chanceux, si on est invité.

Il y a aussi quelques dollars glanés dans le programme du Droit de prêt public (redevances pour la présence de livres en bibliothèque).

Existe-t-il vraiment une loi sur le droit d’auteur?

Retour en 2012. Le gouvernement du conservateur Stephen Harper a accouché d’une modification de la loi existante pour introduire des exceptions qui ont eu pour effet d’induire des pertes de revenus substantielles pour un bon quart des auteurs de l’étude.

De fait, la redevance payée aux auteurs, créateurs et éditeurs a diminué de 23 % pour chaque page copiée par les universités.

Et ce n’est pas qu’au Québec

Le sondage de l’UNEQ reproduit mot pour mot les questions du sondage mené annuellement par The Writers’ Union of Canada (TWUC) à Toronto.

En comparant les réponses d’environ 2000 répondants, le portrait d’ensemble démontre que le métier d’écrivain est en péril dans l’ensemble du pays.

Le revenu annuel moyen tiré des activités littéraires est de 9169 $ au Québec et de 9380 $ ailleurs au Canada.

Le revenu médian au Québec est légèrement inférieur à 3000 $. Dans le sondage de TWUC, il atteint 4000 $.

30 % des répondants au sondage de TWUC et 27 % chez les membres de l’UNEQ déclarent devoir faire davantage d’activités qu’il y a trois ans pour essayer de vivre de leur plume.

« La créativité de nos auteurs est menacée, car trop souvent mal rémunérée. Des écrivains professionnels qui vivent dans la précarité, c’est un risque majeur pour notre culture. »

Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ

La question que posent l’UNEQ et la TWUC : à quand une vraie loi sur le droit d’auteur?

À propos de l’UNEQ

Créée en 1977, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois regroupe près de 1600 poètes, romanciers, auteurs dramatiques, essayistes, auteurs pour jeunes publics et auteurs d’ouvrages scientifiques et pratiques.

L’UNEQ travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’étranger, de même qu’à la défense des droits socioéconomiques des écrivains.

Source : Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)

Plus:

Le métier d’écrivain en voie de disparition au Québec comme au Canada – Faits saillants (UNEQ)

Catégories : Arts et divertissements, Société
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