L'Ambassadeur du Canda en Chine, John McCallum L’Ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum © Radio-Canada

Le limogeage en fin de semaine de l'ambassadeur du Canda en Chine, John McCallum a été mal reçu par les médias chinois. © Radio-Canada

Le limogeage de John McCallum dénoncé en Chine

En limogeant son ambassadeur en Chine en pleine crise entre Ottawa et Pékin, le premier ministre Justin Trudeau croyait s’enlever une épine du pied. Mais en Chine, les médias dénoncent cette décision qualifiée d’ingérence politique. Explications.

John McCallum a été congédié en fin de semaine après avoir déclaré que ce serait « très bien » pour le Canada s’il pouvait libérer Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei. L’ambassadeur du Canada en Chine avait tenu la semaine dernière des propos controversés sur la demande américaine d’extradition de Mme Meng, arrêtée  en décembre à Vancouver. Une arrestation qui a déclenché une crise diplomatique entre Ottawa et Pékin.

Mme Meng est suspectée par la justice américaine de complicité de fraude pour contourner les sanctions contre l’Iran. La Chine reproche au Canada d’obéir aveuglément aux États-Unis, qui veulent, selon elle, enrayer le développement de Huawei pour des raisons politiques. En outre, les États-Unis feraient pression sur d’autres pour qu’ils n’adoptent pas la technologie 5G du géant chinois.

Ingérence politique, selon la Chine

Dans un éditorial bien senti, le quotidien chinois Global Times affirme que le congédiement de M. McCallum par Justin Trudeau « révèle l’ingérence politique » que Pékin n’a eu de cesse de dénoncer depuis le déclenchement de cette crise. « Ottawa est désormais aussi sensible qu’un oiseau apeuré. Quelques mots d’un ambassadeur n’auraient pas eu d’influence sur des décisions de justice », note le quotidien. « La vérité est qu’ils étaient au courant de la géopolitique qui entoure l’affaire depuis le tout début », ajoute-t-il.

Même son de cloche du côté du China Daily. Il souligne que « McCallum était simplement en train de dire la vérité quand il a observé que Meng (Wanzhou) avait de solides arguments contre une extradition, qu’il a décrite avec justesse comme motivée politiquement ».

Rappelons que Washington a jusqu’au 30 janvier pour transmettre une demande officielle d’extradition aux autorités canadiennes. Entre-temps, deux Canadiens ont été arrêtés en Chine depuis décembre 2018. Ils sont suspectés d’avoir mené des activités « menaçant la sécurité nationale ». Un troisième a été condamné à mort pour trafic de drogue. Des initiatives largement perçues en Occident comme des mesures de représailles.

Mercredi, dans une sortie peu diplomatique, foulant aux pieds le droit de réserve requis dans ce genre de dossier, John McCallum avait déclaré que la défense de la dirigeante chinoise disposait d’un « dossier très solide » pour s’opposer à son extradition. Il avait énuméré plusieurs points plaidant en sa faveur, notamment « l’implication politique (du président américain) Donald Trump ».

Embarras à Ottawa

M. McCallum a regretté ces propos par la suite. Mais le mal était fait. Et deux jours plus tard, il a récidivé dans le quotidien Star Vancouver. Il a déclaré en marge d’un repas caritatif que ce serait « très bien pour le Canada » si Washington renonçait à demander l’extradition de Mme Meng. Ces déclarations ont mis Ottawa dans l’embarras, car le gouvernement répète depuis le début de l’affaire que le Canada respecte l’État de droit.

Dans un premier temps, la semaine dernière, Justin Trudeau a soutenu son ancien ministre. Mais les déclarations de McCallum ont mis le gouvernement libéral dans une position délicate. M. Trudeau a consacré des efforts et un capital politique considérables au cours des dernières semaines à expliquer aux dirigeants du monde qu’en raison du respect de la règle de droit au Canada, les autorités canadiennes n’avaient d’autre choix que de détenir Meng et de laisser le processus d’extradition suivre son cours. Un processus qui n’a rien de politique.

Le ministère chinois des Affaires étrangères s’est refusé lundi à commenter la démission de l’ambassadeur, la décrivant comme une « affaire intérieure du Canada ». Geng Shuang, un porte-parole du ministère, a cependant eu ces propos : « Ce que je veux signaler, c’est que l’affaire Meng Wanzhou n’est en aucun cas une simple affaire judiciaire. » Pour le fonctionnaire chinois, « il y a derrière tout cela de fortes visées politiques, et une manipulation politique ». Il a une fois de plus demander au Canada de libérer sa compatriote.

Avec l’AFP

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