Le pipeline Trans Mountain de Kinder Morgan.racheté par le gouvernement fédéral risque de coûter cher au contribuable canadien, selon le directeur parlementaire du budget. Photo : Courtoisie Kinder Morgan/Kinder Morgan

Pipeline Trans Mountain : un gouffre financier pour le contribuable canadien?

Le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, a procédé à l’analyse des conditions du marché entourant le pipeline Trans Mountain et a conclu que le gouvernement fédéral a payé trop cher.

L’analyse de M. Giroux a pris en compte deux éléments clés qui pourraient avoir une influence majeure sur le prix de revente du pipeline qui a coûté 4,4 milliards de dollars au trésor public.

Si les coûts venaient à exploser au moment de la construction, il se pourrait que le gouvernement débourse des sommes supplémentaires pour en assurer le financement. Ces sommes représenteraient jusqu’à 10 % du prix initial situé entre 3,6 milliards et 4,6 milliards de dollars, soit 1 milliard de dollars de plus, relève Yves Giroux.

Par ailleurs, le rallongement des délais de livraison ne manquera pas d’incidence sur le prix de revente du projet. Sa valeur pourrait être réduite de 700 millions. « Les travaux se poursuivraient jusqu’en décembre 2021, soit une année de plus que l’échéance actuelle de décembre 2020 », dit le document.

Dans un tel contexte, le directeur parlementaire du budget estime que les implications pour le trésor public ne seront que négatives. Il conclut que le gouvernement fédéral a payé trop cher et qu’il aurait pu négocier à la baisse le prix d’achat dans un contexte où il était le seul acquéreur.

Le lancement des travaux de construction des infrastructures ne se fera qu’après la fin des consultations avec les peuples autochtones.

À la suite de ces consultations, l’Office national de l’énergie devrait déposer un rapport contenant des recommandations du réexamen du projet, au plus tard le 22 février.

Le nouveau directeur parlementaire du budget (DPB) Yves Giroux.

Le directeur parlementaire du budget (DPB) Yves Giroux Photo : Radio-Canada

Trans Mountain : quel prix politique pour les libéraux?

Plusieurs analystes soutiennent que le Parti libéral de Justin Trudeau risque d’en payer le prix après ce rachat du pipeline de la compagnie Kinder Morgan.

Selon ces analystes, le gouvernement fédéral n’avait pas prévu dans ses plans d’acquérir un pipeline. C’est quand le projet a été bloqué pour diverses raisons qu’Ottawa a pris la décision de l’acheter.

En rachetant ce pipeline, le souhait des libéraux était de le sauver de l’abandon, non seulement dans l’intérêt de l’économie canadienne, mais aussi pour contenter une partie de la population pro-pétrole basée à l’ouest, et pour assurer un équilibre avec l’Est, où bon nombre de personnes sont plutôt défavorables aux pipelines.

Selon les sondages, une majorité de Canadiens appuierait le projet. La plupart d’entre eux s’opposeraient toutefois à ce que l’argent des contribuables serve à financer l’oléoduc.

De cette façon, Justin Trudeau et son équipe s’attendaient à s’attirer un réel capital de sympathie de la population de l’ouest qui s’estime délaissée par les politiques gouvernementales. Pour séduire cet électorat, les libéraux comptaient lancer les travaux avant les élections fédérales à l’automne.

L’annonce du directeur parlementaire du budget a eu pour effet d’éveiller le courroux de l’opposition qui décoche à nouveau des flèches contre la décision des libéraux.

Les conservateurs estiment qu’ils « jettent de l’argent par les fenêtres pour un pipeline qui ne fait pas l’unanimité au Canada ».

Le Nouveau parti démocratique (NPD) soutient quant à lui que les libéraux ont fait un « mauvais investissement », et qu’ils ont aidé Kinder Morgan à se débarrasser d’un mauvais projet. Cela a ainsi mis la charge sur le dos du contribuable canadien qui aura à « payer le prix maximum ».

En réponse, le ministre des Finances Bill Morneau a relevé qu’Ottawa a « payé le juste prix » pour ce pipeline qui pourrait générer près de 800 000 emplois et injecter plus de 6 milliards de dollars dans l’économie canadienne.

RCI avec Radio-Canada

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