Les allégations d’ingérence du bureau de Justin Trudeau dans le dossier SNC-Lavalin continuent de susciter l’attention à Ottawa. Crédit: Radio-Canada

Procès SNC-Lavalin : Justin Trudeau nie les allégations de pressions sur une ministre rapportées par le Globe and Mail 

Dans un article, le Globe and Mail a rapporté que le bureau du premier ministre du Canada aurait exercé des pressions sur l’ex-ministre de la Justice, aujourd’hui ministre des Anciens Combattants, Jody Wilson-Raybould, afin qu’elle abandonne, en tant que procureur, les poursuites judiciaires contre la compagnie SNC-Lavalin. 

Une affaire de pots-de-vin en Afrique

Radio-Canada rapporte que les allégations du journal sont basées sur des sources confidentielles qu’elle n’a pu consulter. Le fond de cette affaire remonterait à une période de 2001 à 2011. La compagnie canadienne SNC-Lavalin, spécialisée en génie-conseil, aurait alors remis des pots-de-vin au gouvernement libyen pour bénéficier de contrats colossaux dans ce pays d’Afrique saharienne, alors dirigé par le défunt Mouhammar Kadhafi.

D’après les informations du Globe and Mail, l’entreprise aurait cherché en vain à obtenir l’annulation du procès qui lui avait été intenté par le gouvernement fédéral, à la suite de son geste présumé, classé au chapitre d’infraction de corruption et de fraude dans un pays étranger.

La firme d’ingénierie est accusée en 2015 d’avoir « donné, offert ou convenu de donner ou d’offrir » à une société libyenne « un prêt, une récompense ou un avantage de quelque nature que ce soit d’une valeur de 47,7 millions de dollars ou plus » afin de la convaincre d’utiliser sa position pour favoriser l’entreprise québécoise. Elle aurait également « frustré » des sociétés libyennes d’une somme de 129,8 millions de dollars au cours de la même période.

Il faut dire que si la culpabilité de la compagnie montréalaise était établie dans cette affaire, elle aurait beaucoup à perdre :

  • exclusion pendant 10 ans de tout contrat du gouvernement fédéral au Canada;
  • perte de plusieurs milliards de dollars, en plus des 5 milliards de pertes déjà enregistrés;
  • pertes d’emplois massifs.

C’est dans le but d’éviter une telle perspective désastreuse pour la compagnie et ses travailleurs que SNC-Lavalin aurait multiplié les démarches auprès d’Ottawa pour tenter d’obtenir l’annulation du procès au criminel.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et la ministre des Anciens Combattants, Jody Wilson-Raybould. Crédit : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Que reproche-t-on au bureau de Justin Trudeau?

Récemment, le premier ministre a procédé à un petit remaniement ministériel surprise, lorsqu’il a nommé celle qui était alors ministre de la Justice au poste de ministre des Anciens Combattants.

Une nomination qui a suscité beaucoup de réactions, car certains y voyaient une « rétrogradation » sans raison valable de la toute première Autochtone à avoir occupé le poste de ministre de la Justice au Canada.

L’article du Globe and Mail tente d’établir un lien entre cette rétrogradation et le refus de la ministre de céder à la pression du cabinet du premier ministre, en annulant le procès de SNC-Lavalin, pour favoriser un arrangement à l’amiable avec le directeur des poursuites criminelles.

Interrogé sur ces allégations, Justin Trudeau a tout nié en bloc, soulignant l’importance de promouvoir une justice indépendante, à l’abri de toute interférence avec les instances politiques du pays.

Les allégations dans le reportage de ce matin sont fausses. Ni moi ni mon bureau n’avons demandé au procureur général actuel ou antérieur de prendre quelque décision que ce soit sur cet enjeu, a relevé Justin Trudeau. Nous sommes un pays qui reconnaît la primauté du droit et nous allons toujours respecter l’indépendance de notre système judiciaire.

Les représentants de l’opposition souhaitent que le premier ministre donne de plus amples explications sur le rôle que son bureau a réellement joué dans cette affaire.

« Le premier ministre doit immédiatement dire aux Canadiens ce qu’il savait de cette affaire et à quel moment il l’a su », a lancé Andrew Scheer, le chef du Parti conservateur.

Si Mme Wilson-Raybould est restée silencieuse jusqu’à présent, on sait tout de même que le jour de son transfert au ministère des Anciens Combattants, l’extrait suivant issu de ses écrits sur sa page officielle avait retenu l’attention :

The role of the Attorney General of Canada carries with it unique responsibilities to uphold the rule of law and the administration of justice, and as such demands a measure of principled independence. It is a pillar of our democracy that our system of justice be free from even the perception of political interference and uphold the highest levels of public confidence. As such, it has always been my view that the Attorney General of Canada must be non-partisan, more transparent in the principles that are the basis of decisions, and, in this respect, always willing to speak truth to power. This is how I served throughout my tenure in that role.

En résumé traduit :

L’un des piliers de notre démocratie est que notre système de justice soit exempt de toute ingérence politique et qu’il maintienne la confiance du public au plus haut niveau.
RCI avec Radio-Canada, des informations du gouvernement fédéral et la page officielle de la ministre Jody Wilson-Raybould

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