Gerad Butts, l'ex-bras droit de Trudeau témoigne devant le comité de Justice. Crédit: Radio-Canada

Affaire SNC-Lavalin : Gerald Butts témoigne et nie toute tentative de pression sur l’ex-ministre Wilson-Raybould

Dans le cas de l’affaire SNC-Lavalin, l’ex-secrétaire permanent du premier ministre Gerald Butts a donné sa version des faits devant le Comité permanent de la justice, après le témoignage la semaine dernière de Judy Wilson-Raybould. Il a nié catégoriquement l’accusation selon laquelle lui ou quelqu’un d’autre dans le bureau du premier ministre avait exercé quelque pression que ce soit sur l’ex-ministre de la Justice et procureure générale du Canada.

« Voici la vérité telle que je la perçois »

La part de vérité de l’ex-conseiller principal de Justin Trudeau met dos à dos deux visions d’un même événement.

M. Butts a appuyé son témoignage sur des messages texte, sur des rencontres et sur d’autres échanges avec l’ex-ministre Wilson-Raybould.

Voici un exemple :

« Le 26 novembre, elle m’a écrit : « Salut G.B., tu veux discuter?” »

« J’ai répondu très rapidement au message », a-t-il dit.

Par la suite, les deux personnes se sont rencontrées d’un commun accord pour un souper le 5 décembre, au Château Laurier.  M. Butts souligne que l’affaire SNC-Lavalin a fait l’objet de discussions uniquement vers la fin du souper qui s’est déroulée dans une bonne ambiance.

« Cela a été un souper agréable […] Nous avions l’habitude de nous rencontrer deux ou trois fois par an pour parler de nos avancées respectives […] Je regrette que sa confiance envers nous soit érodée », a ajouté M. Butts, qui a par ailleurs mentionné qu’il « n’a pas d’animosité » envers Jody Wilson-Raybould, pour qui il a « beaucoup de respect ».

Mme Wilson-Raybould a toujours soutenu qu’il y a eu une tentative de politiser le dossier SNC-Lavalin, et qu’elle a subi des pressions à maintes reprises de la part du cabinet du premier ministre et de Justin Trudeau en personne.

« Le premier ministre aurait voulu qu’il y ait des mesures prises parce qu’il était député de Papineau. Comment peut-on comprendre qu’il n’y avait pas une volonté délibérée d’influencer la décision de la procureure générale, qui doit agir de façon indépendante et souveraine », a demandé un membre du comité.

L’accusation a été rejetée complètement, M. Butts soutenant qu’il n’a jamais été question d’enjeux électoraux lors des rencontres et des échanges avec l’ex-ministre, mais qu’il a été question d’agir dans le but de préserver 9000 emplois menacés. Il a réitéré que la décision finale revenait à l’ex-procureure générale d’accorder une entente de réparation à SNC-Lavalin. Elle avait d’ailleurs reçu la suggestion de demander un avis externe, a tenu à mentionner Gerald Butts.

« Il y a eu une rupture entre le premier ministre et Mme Wilson-Raybould »

À la question des membres du comité de la justice pour savoir à quel moment cette rupture était intervenue, l’ancien conseiller a répondu que c’était surtout après le remaniement ministériel.

Il explique que lors des concertations dans le but de nommer de nouveaux membres du gouvernement, Jody Wilson-Raybould avait « totalement refusé le ministère des Affaires autochtones », car l’emploi de ses rêves était celui de ministre de la Justice.

« Je ne suis pas ici pour insulter qui que ce soit », a affirmé Gerald Butts.

Il a tout de même fait part de sa déception lorsque Mme Wilson-Raybould a refusé de prendre en considération la suggestion de faire appel à un juriste indépendant pour l’accompagner dans sa décision concernant l’abandon ou non des poursuites criminelles contre SNC-Lavalin.

La multinationale québécoise est accusée de fraude dans le cadre de ses interactions en Libye.

Mme Wilson-Raybould avait décidé, le 12 septembre, de ne pas aller à l’encontre de la décision de la directrice des poursuites pénales intervenue 8 jours auparavant, de ne pas permettre à SNC-Lavalin de bénéficier d’un accord de réparation.

Pour M. Butts, le délai de 12 jours observé par l’ex-ministre pour prendre une décision aussi importante ne semble pas suffisant, surtout quand le destin de 9000 travailleurs en dépend. D’un autre côté, il déplore que cette décision n’ait pas été signifiée de façon officielle par écrit au premier ministre.

Gerald Butts, qui avait également était montré du doigt par l’ex-procureure générale, lors de son témoignage devant le comité, comme ayant figuré parmi les personnes qui ont exercé sur elle des pressions inappropriées, avait démissionné de son poste de secrétaire principal du premier ministre le 18 février.

RCI avec Radio-Canada et CBC
Catégories : Politique
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