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La nouvelle pièce de monnaie canadienne pour les droits des homosexuels divise et scandalise

Une nouvelle pièce de 1 $ qui sera bientôt dévoilée par la Monnaie royale canadienne pour commémorer 50 ans de soi-disant droits des homosexuels au Canada provoque des protestations à la fois de membres de la communauté LGBT et d’un groupe social conservateur.

Cette pièce, qui sera lancée le 23 avril, doit représenter deux visages humains se chevauchant avec l’inscription « 1969-2019 », suivie d’« égalité » en français et en anglais.

Elle vise à commémorer la fin des lois contre l’homosexualité en 1969 sous le gouvernement canadien de Pierre-Elliott Trudeau, père de l’actuel premier ministre Justin Trudeau. Or, de nombreuses personnes affirment que les persécutions et les discriminations se sont poursuivies bien après la décriminalisation de l’homosexualité.

L’historien Tom Hooper, de l’Université York, est un de ceux-là. Il affirme que cette pièce commémore un « mythe », puisque les changements radicaux apportés au Code criminel en 1969, qui décriminalisaient l’activité sexuelle entre hommes de plus de 21 ans dans un cadre privé, étaient modestes et que la police et les tribunaux ont continué par la suite de criminaliser les relations homosexuelles.

Le premier ministre Justin Trudeau s’essuie les yeux pendant qu’on l’applaudit alors qu’il présente des excuses officielles aux personnes LGBT du Canada à la Chambre des communes à Ottawa, le mardi 28 novembre 2017. (Adrian Wyld/La Presse canadienne)

Mythe et réalité facultative?

Tom Hooper Photo : Université York

« J’ai l’impression qu’ils mettent ce mythe sur une pièce de monnaie. Ils estampillent cette pièce de monnaie avec 1969 et juste à côté de la mention « égalité » et il n’y avait rien à voir avec l’égalité en 1969 », déclare Tom Hooper, qui étudie notamment l’histoire des droits des LGBT au Canada.

« Même ceux qui appuyaient les réformes du Code criminel soutenaient que nous étions une maladie mentale. Il ne s’agissait donc pas d’égalité. »

Tom Hooper insiste sur le fait que la persécution légale des actes homosexuels persistait par le biais de certaines dispositions du Code, comme l’indécence grossière. Et il souligne les descentes policières dans les bains publics gais à Montréal ou à Toronto qui se sont poursuivies dans les années 1980.

Le professeur Hooper fait partie du réseau Anti-69, un groupe de militants et d’universitaires qui prévoient tenir un événement médiatique de protestation juste avant le dévoilement de la nouvelle pièce la semaine prochaine.

Antérieurement aux années 60, l’homosexualité au Canada était un acte criminel passible d’emprisonnement et demeurait dans la clandestinité.
– Jusqu’au milieu des années 70, l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale au sein de la communauté médicale.
– À Montréal, durant les Jeux olympiques d’été de 1976, le maire Jean Drapeau avait lancé une offensive de nettoyage des rues de la ville. On tentait de cacher les taudis, les sans-abri et les bars-saunas gais. Il y a 43 ans, 200 gais avaient ainsi été emprisonnés avant la tenue des JO.

En juin 1976, près de 2000 personnes ont participé à la première manifestation homosexuelle de l’histoire du Québec en marchant dans la rue Dorchester (renommée boulevard René-Lévesque en 1987).

Des conservateurs affirment aussi qu’il y a un autre côté à cette pièce

David Cooke – Citizen Go Canada

David Cooke, du groupe social conservateur Citizen Go Canada, accuse la Monnaie royale canadienne d’essayer de « politiser »  la monnaie du pays.

Selon lui, cette pièce de monnaie a pour but de promouvoir ce qu’il appelle le « programme gai » du premier ministre.

Il compare les questions LGBT à d’autres sujets qui se sont avérés être des sujets de division politique, dont l’avortement et le divorce, et qui, selon lui, ne devraient pas être célébrés par le gouvernement fédéral.

« Ce que nous voyons ici avec M. Trudeau, c’est qu’il va vraiment trop loin. »

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Justin Trudeau, premier ministre du Canada, au défilé de la fierté gaie en 2018

RCI avec les informations de Kathleen Harris de CBC News et la contribution de Radio-Canada

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Catégories : Politique, Société
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