Le bourgeonnement des arbres et les changements climatiques. (Crédit photo : iStock)

La génétique pour mieux comprendre la résistance des arbres aux changements climatiques

Cette année, le printemps s’est fait attendre au Québec. La neige et le froid ont remis la saison aux calendes grecques. Le bourgeonnement des arbres s’est même décalé de plusieurs semaines. À quel point les changements climatiques sont-ils responsables d’un tel retard? On en parle avec Simon Joly, professeur associé au Département de sciences biologiques de l’Université de Montréal.

Simon Joly a d’ailleurs dévoilé une étude canado-américaine publiée dans Methods in Ecology and Evolution (accessible en anglais) qui démontre que la génétique aide à prédire avec plus de précision la sortie des feuilles au printemps. Il y a là une réaction directe des arbres aux changements climatiques, explique-t-il en entrevue. « Les arbres réagissent à différents facteurs environnementaux, notamment les variations de température. »

L’étude est le fruit d’une collaboration avec une collègue, Elizabeth Wolkovich, enseignante à l’Université de la Colombie-Britannique et affiliée à l’Université Harvard. Elle a été menée pour comprendre les réactions des arbres aux changements climatiques. Elle concerne une dizaine d’espèces végétales communes au Québec et à l’État du Massachusetts comme l’érable de Pennsylvanie, le chêne rouge ou le hêtre à grandes feuilles.

Écoutez l’entrevue avec Simon Joly (8 minutes et 3 secondes) :

Arbres, génétique et changements climatiques.

En ce qui concerne la sortie des feuilles des arbres et arbustes, les chercheurs utilisent le terme « débourrer ». Il existe une certaine variation entre les populations d’arbres d’une même espèce, explique le professeur.

« On a remarqué que cette variation que l’on observe parmi les espèces peut s’expliquer en grande partie par la génétique. Les espèces qui ont des gênes similaires vont réagir de façon plus similaire envers différents facteurs environnementaux comme l’augmentation des températures. »

Un printemps plus tardif avec des températures plus fraîches a fait que les arbres ont perçu qu’ils récoltaient moins de chaleur, poursuit le professeur. « Ils ont donc ouvert leur feuille plus tard. Avec un printemps plus chaud, les feuilles vont sortir plus tôt. Tout cela est inscrit dans les gènes des arbres. »

M. Joly est également botaniste-chercheur au Jardin botanique de Montréal. Il explique qu’il est encore difficile de prévoir ce que seront les printemps dans un avenir touché par les changements climatiques.

« Cela va dépendre dans quelle proportion seront les changements climatiques. On ne s’est pas encore qu’elles espèces d’arbres réussiront à s’adapter à tous ces bouleversements », conclut-il.

Évelyne Thiffault réalise des tests dans la forêt Montmorency pour améliorer les pratiques d’aménagement forestier au Québec, afin de favoriser une meilleure croissance des arbres, donc une meilleure lutte aux changements climatiques. « On veut essayer de comprendre quelles pratiques forestières on devrait faire pour favoriser la séquestration de carbone dans les forêts. Donc quelle pratique permet à la forêt de mieux pousser, d’avoir des arbres de meilleure qualité. » Évelyne Thiffault est professeure adjointe au Département des sciences du bois et de la forêt à l’Université Laval.

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