Louis Levi Oakes a été honoré par ses pairs lors de son passage à la réunion annuelle des chefs de l’Assemblée des Premières Nations (APN), à Ottawa, le 4 décembre 2018. (Crédit photo: Ismaël Houdassine)

Le dernier Mohawk à parler le langage codé utilisé pendant la guerre est décédé

Il était le dernier soldat autochtone encore en vie à maîtriser le « code talker » mohawk. Le vétéran Louis Levi Oakes est mort mardi à l’âge vénérable de 94 ans entouré des siens.

Né au Québec en 1924 dans la réserve d’Akwesasne au sein d’une famille de 10 enfants, M. Oakes s’est enrôlé dans l’armée américaine à l’âge de 18 ans. D’abord stationné en Louisiane, c’est là qu’il a reçu sa formation militaire en compagnie d’autres soldats mohawks d’Akwesasne.

Sa langue maternelle, le mohawk (kanien’keha), l’a ensuite mené sur plusieurs fronts du Pacifique Sud contre l’armée japonaise. En Nouvelle-Guinée ou aux Philippines, la recrue fait alors partie de ces fameux « code talker ». Ces soldats autochtones bilingues qui utilisaient leurs langues tribales pour des communications secrètes.

Akwesasne, réserve située à cheval entre les États-Unis, l’Ontario et le Québec, a déjà compté 17 locuteurs du code mohawk, un des 33 idiomes tribaux complexes (navajos, cherokee, comanche, etc.) utilisés par les soldats issus des Premières Nations et reconnus comme étant une des langues indéchiffrables pour les forces ennemies.

« Il a bravement servi dans la Seconde Guerre mondiale… Merci pour votre grâce et votre service envers notre peuple », a déclaré sur son compte Twitter Perry Bellegarde, chef national de l’Assemblée des Premières Nations.

Pendant des années, M. Oakes avait très peu parlé de cette période de sa vie. Ce n’est que très récemment que ses proches ont appris les détails de ses missions. Il a reçu la médaille Silver Star en 2016, la troisième décoration militaire décernée aux États-Unis pour sa bravoure au combat.

Il a également été honoré en décembre dernier à Ottawa par la Chambre des communes et lors de l’Assemblée des Premières Nations. Le premier ministre Justin Trudeau l’avait accueilli personnellement et l’avait remercié pour ses efforts de guerre.

En entrevue pour Espaces autochtones, M. Oakes parlait du mohawk comme d’une langue vivante qui possède son propre esprit. « La langue mohawk est un cadeau qui nous a été donné. C’est à travers elle que j’ai appris à vivre. »

Louis Levi Oakes, 94 ans, a joué un rôle important pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il traduisait des textes en langue mohawk pour éviter que ceux-ci ne soient compris par l’ennemi. Aujourd’hui, il fait partie des derniers locuteurs de sa langue. Ottawa compte agir pour préserver ces dialectes en déclin. Le reportage de Madeleine Blais-Morin.

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Catégories : Autochtones, Société
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