Les origines de la communauté noire dans le sud-ouest de l’Ontario

Jeunes garçons noirs
Photo : CBC

L’histoire de la présence de la communauté noire au détroit est riche et variée. Elle est finalement le témoin des grands mouvements sociaux et politiques qui ont secoué la région depuis l’époque des colons français. Pour en savoir plus sur les origines de cette communauté, Charles Lévesque en a parlé avec Guillaume Teasdale, professeur au département d’histoire de l’université de Windsor.

Arrivés par vagues successives dans le sud-ouest de l’Ontario, les Afro-canadiens ont forgé progressivement à partir du 18e siècle une communauté importante dans la région. Selon M. Teasdale, la présence de noirs dans la région est documentée dès l’époque de la colonie française. Il est par contre difficile de savoir quel était alors leur statut. « On sait que les Français avaient des esclaves à l’époque, mais c’était majoritairement des autochtones. Mais il est possible qu’ils aient aussi des esclaves noirs, mais c’est moins certain. », a-t-il souligné.

En revanche, les commerçants anglais qui se sont installés à Détroit entre 1760 et 1780 possédaient des esclaves noirs qui avaient amené avec eux ou qu’ils avaient fait venir du sud des États-Unis.

Dès 1793, le gouvernement du Haut-Canada adopte une loi qui interdit l’importation d’esclaves, mais cette loi n’abolit pas pour autant l’esclavage. En 1796, l’esclavage est interdit en théorie au Michigan. Les gens trouvent toutefois toute sorte de façons de contourner cet acte. Ces deux lois ont toutefois pour effet de faire rapidement disparaître l’esclavage dans la région d’Essex et à Détroit ; un esclave de l’une ou l’autre région pouvant se libérer de son statut en traversant simplement la rivière Détroit. « Dès le début du 19e siècle, il n’y a presque plus d’esclave ici. C’est une situation particulière à notre région. »

M. Teasdale a par ailleurs indiqué que beaucoup de noirs sont également arrivés par le biais du chemin de fer clandestin en provenance du sud des États-Unis, surtout à partir des années 1850. Certains se sont installés à Détroit, d’autres ont préféré traverser la frontière et se sont arrêtés dans le sud-ouest de l’Ontario, voire à Toronto. La presque totalité de ces noirs était des esclaves en fuite. « Il était plus risqué pour eux d’être capturés par des chasseurs d’esclaves au Michigan qu’au Haut-Canada, ce qui explique que plusieurs optèrent pour ce côté-ci de la frontière.  », a-t-il expliqué.

C’est à cette époque que les communautés noires d’Amherstburg, Sandwich, Puce, et Buxton ont été fondées. Pauvres et victimes de racisme, ces communautés se sont alors peu mélangées avec la population. Aujourd’hui, l’héritage de ces communautés est encore visible, notamment la première église baptiste dans le quartier Sandwich de Windsor et le musée de la liberté à Amherstburg.

Écoutez l’entrevue à l’émission Matins Sans-Frontières à Windsor en Ontario

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RCI • Radio Canada International

Luc Simard
– Directeur, Diversité et Relations Citoyennes de Radio-Canada

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