À quel moment sont venus les premiers Noirs esclaves et non esclaves au Canada?

RADIO CANADA INTERNATIONAL | Par Stéphane Parent |

Cette semaine nous répondons à La bonne question d’un internaute de Radio Canada International qui réside au Bénin, un des pays d’Afrique qui a joué un rôle central dans le commerce de l’esclavage.

M. Vincent Totognon aimerait en particulier savoir où ont habité les premiers hommes et premières femmes noirs au Canada qu’ils aient été des esclaves ou des citoyens libres.

L’histoire en raccourcit du premier Noir au Canada

La première personne noire recensée à mettre pied au Canada fut Mathieu da Costa, un homme libre, embauché en tant qu’interprète pour l’explorateur Samuel de Champlain lors de son voyage au Canada en 1605. Il était déjà courant à cette époque, depuis un siècle, d’avoir recours à des Africains comme interprètes principalement le long des côtes de l’Afrique.

Cette tradition explique pourquoi Mathieu Da Costa était dans les faits un polyglotte capable de parler à la fois français, néerlandais et portugais. Il pouvait donc s’avérer d’une grande utilité aux contacts de navigateurs. Cette entente était de nature à lui valoir une rémunération considérable.

Parlait-il aussi l’amérindien?

On ignore cependant comment Mathieu da Costa a pu parler la langue des Premières Nations.

Certains avancent qu’il aurait fait usage de « pidgin » basque (fusion entre la langue basque et la langue locale), employé couramment lors des activités de commerce dans les Amériques. Rappelons que les Basques du nord de l’Espagne à cette époque visitaient fréquemment les lieux de pêche répartis le long de la côte atlantique canadienne.

Mathieu da Costa arriva au Canada autour de 1603. On le considère généralement comme la première personne d'ascendance africaine à avoir mis le pied au Canada.
Mathieu da Costa arriva au Canada autour de 1603. On le considère généralement comme la première personne d’ascendance africaine à avoir mis le pied au Canada. © mdcaht

Les premiers colons noirs au Canada étaient des esclaves loyalistes américains

Entre 1840 et 1860, plus de 30 000 esclaves afro-américains désireux de s’affranchir de leur condition d’esclave ont emprunté un réseau secret d’évasion construit par l’Angleterre entre les deux nations : le chemin de fer clandestin. Il s’agissait essentiellement de sentiers secrets menant à des maisons d’accueils secrètes et temporaires.

Au moment où les Américains en rébellion contre les militaires anglais prenaient les armes et réclamaient leur indépendance, les Britanniques promettaient des terres et des provisions gratuites à tout Américain (blanc ou noir) qui viendrait se réfugier au Canada pour y élire domicile dans leur colonie anglaise.

Mais les loyalistes blancs au Canada vont finir par recevoir les terres les plus fertiles, tandis que les réfugiés noirs vont être confinés aux abords des villes et des villages blancs.

En route vers la Nouvelle-Écosse

Une bonne partie des anciens esclaves noirs américains qui ont emprunté le « chemin de fer clandestin » et qui se sont réfugiés au Canada sont allés s’établir dans ce qui est devenu aujourd’hui la province canadienne de la Nouvelle-Écosse.

La Nouvelle-Écosse représente le domicile de personnes d’ascendance africaine depuis plus de 300 ans. Beaucoup sont arrivés en tant qu’immigrants libres qui recherchaient une nouvelle patrie. Certaines personnes sont aussi arrivées dans cette province en tant qu’esclaves au service de maîtres blancs.

On estime que de 1200 à 2000 esclaves noirs sont aussi arrivés en Nouvelle-Écosse après la révolution américaine en compagnie de leurs maîtres loyalistes et qu’avec ces derniers, ils se sont établis un peu partout dans la province.

De jeunes enfants jouant dans la communauté d'Africville, en Nouvelle-Écosse.
De jeunes enfants jouant dans la communauté d’Africville, en Nouvelle-Écosse. © CBC

La pauvreté y attendait plusieurs d’entre eux

La communauté blanche avait de la difficulté à accepter les nouveaux immigrants en tant que colons libres puisque les Noirs étaient souvent perçus comme esclaves. Les réfugiés noirs étaient par conséquent en grande partie exclus de la société néo-écossaise.

Une colonie de peuplement noire installée par exemple au nord de la ville d’Halifax, Africville, est progressivement devenue un bidonville notoire avant de disparaître définitivement. Aujourd’hui, le parc qui occupe le site est le point de ralliement de la collectivité noire de la Nouvelle-Écosse.

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Luc Simard
– Directeur, Diversité et Relations Citoyennes de Radio-Canada

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