Immigrants et réfugiés du monde retrouvent un Canada plus accueillant

0 / 4361

D’un régime politisé qu’on accusait de vouloir écarter certains immigrants et réfugiés jugés indésirables, les Canadiens pourraient renouer sous Justin Trudeau avec un système d’accueil des nouveaux arrivants plus ouvert, mais soucieux de générer des gains économiques à long terme pour le Canada.

On pouvait certes déjà détecter l’existence de la nouvelle approche humanitaire canadienne plus généreuse, mais non désintéressée, dans tout le travail que s’est donné le gouvernement dès son arrivée au pouvoir pour tenté de remplir sa promesse électorale d’accueillir le plus rapidement possible 25 000 réfugiés syriens.

À plusieurs reprises, le ministre de l’Immigration et le premier ministre ont tenté d’éroder les craintes et résistances d’une forte proportion de Canadiens en rappelant que la facture serait élevée, mais que les bénéfices économiques potentiels sont importants.

Dans un énoncé politique tout récent, les libéraux y allaient de cette généreuse envolée oratoire pour décrire en quoi leur façon de traiter le nouvel arrivant étranger au Canada serait différente de celle du précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper :

«Notre avenir dépend largement de notre capacité à attirer des gens talentueux du monde entier. Notre diversité est non seulement source de retombées économiques et sociales, mais étant donné le vieillissement de la population du Canada, elle est déterminante pour notre croissance économique à long terme. »

Tout se mettait en place pour accueillir les réfugiés au Canada en décembre 2015.
Tout se mettait en place pour accueillir les réfugiés syriens au Canada en décembre 2015. © PC/Ryan Remiorz

 

Promesse aux réfugiés de plus grande ouverture et sensibilité de la part du Canada

Justin Trudeau était au pouvoir depuis seulement deux semaines en octobre 2015 qu’il honorait déjà une de ses promesses électorales concernant les réfugiés en offrant un financement nouveau de 100 millions de dollars en aide humanitaire au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) afin qu’il puisse mieux répondre aux besoins urgents des personnes touchées par le conflit syrien, notamment en matière de logement, de protection, d’éducation et de santé.

Lisez : 100 millions de dollars au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés – Gouvernement du Canada

Et maintenant, les 11 autres travaux à faire…

Le gouvernement libéral devra maintenant se pencher sur diverses réformes au plan interne notamment dans la façon que les fonctionnaires canadiens traitent les demandes de statut de réfugié.

On vise la mise sur pied d’un comité d’experts des droits de la personne qui aura pour mission de baliser le droit d’appel de réfugiés qui voyaient leurs demandes de refuge refusées automatiquement dans les dernières années du régime Harper parcequ’ils provenaient de pays jugés sécuritaires par le Canada, et ce trop souvent selon des critères arbitraires et politiquement expéditifs affirment plusieurs spécialistes de l’immigration.

Lisez : Le moratoire sur le renvoi des ressortissants haïtiens et zimbabwéens est rétabli

Ce comité d’experts pourrait bien devenir le fer de lance de la nouvelle philosophie d’accueil du gouvernement libéral, car il doit comprendre des représentants indépendants de groupes internationaux de défense des droits de la personne. Cela annoncerait donc la fin de la pratique consistant à faire des nominations politiques à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada de personnes qui n’ont aucune expérience en la matière.

Ces nominations ont été fortement décriées par les avocats spécialisés en immigration dans tout le Canada, et ce depuis au moins les cinq dernières années. (Lisez cet article)

Le gouvernement a aussi promis d’investir 200 millions de dollars de plus au cours des deux prochaines années pour accélérer le traitement des demandes d’asile de réfugiés.

Le nouveau ministre de l'Immigration et des Réfugiés John McCallum.
Le nouveau ministre de l’Immigration et des Réfugiés John McCallum. © PC/FRED CHARTRAND

 

La santé des réfugiés d’abord avant les considérations budgétaires du gouvernement

Ces dernières années, le gouvernent de Stephen Harper avait défendu devant les cours de justice son droit de ne plus payer tous les soins de santé des réfugiés et de créer un système de facturation à multiples paliers dans lequel les provinces et les réfugiés allaient souvent se perdre (Lisez cet article).

Le nouveau gouvernement de Justin Trudeau a promis la restauration intégrale du Programme fédéral de santé intérimaire pour réfugiés.

Des manifestants devant le parlement à Ottawa manifestait en juin 2014 contre les réductions dans les soins de santé aux réfugiés.
Des manifestants devant le parlement à Ottawa manifestait en juin 2014 contre les réductions dans les soins de santé aux réfugiés. © PC/Sean Kilpatrick

 

Promesses d’ouverture plus grande aussi envers les immigrants 

Après tous les efforts investis initialement dans l’arrivée au Canada de 25 000 réfugiés, la seconde mission du ministère canadien de l’Immigration est de rendre le pays plus accueillant aux simples immigrants.

Alors qu’il était en campagne électorale, John McCallum, celui qui allait devenir l’actuel nouveau ministre canadien de l’Immigration, affirmait qu’un gouvernement libéral allait réparer notre système d’immigration en veillant d’abord à ce que les familles puissent être réunies beaucoup plus facilement.

Les libéraux promettent ainsi qu’ils vont doubler le nombre des nouvelles demandes acceptées chaque année pour les parents et les grands-parents, qui passeront à 10 000, en doublant presque le budget qui sera consacré au traitement des demandes d’immigration dans la catégorie du regroupement familial.

Il faudra attendre le prochain dépôt du budget du Canada pour voir si le gouvernement dépassera le stade du projet d’intention.

Aide-mémoire…
L’ex-premier ministre conservateur Stephen Harper avait réussi a geler les demandes de réunification familiale pendant deux ans, de 2011 a 2013, en invoquant le besoin de réduire les délais dans l’acceptation de demande.
Puis, Stephen Harper avait imposé des règles beaucoup plus strictes à ceux qui voulaient quand même faire venir le reste de leur famille au Canada.
L’accent était donc mis sur la réunification des personnes jeunes et leurs perspectives d’emplois.

Stephen Harper alors qu'il dirigeait le Canada.
Stephen Harper alors qu’il dirigeait le Canada. © PC

 

Les autres promesses du nouveau gouvernement canadien aux immigrants

  • Le nouveau gouvernement libéral indique qu’il veut rétablir l’âge maximum requis pour les personnes à charge, le refaisant passer de 19 à 22 ans, ce qui selon lui devrait automatiquement permettre a plus d’immigrants de faire venir tous leurs enfants au Canada.
  • Un gouvernement libéral modifiera également les règles s’appliquant aux épouses et époux qui immigrent au Canada pour faire en sorte que la résidence permanente leur soit immédiatement octroyée, éliminant ainsi le délai d’attente actuel de deux ans. Le gouvernement indique dans un document récent le fond de la pensée qui guide son action : quand les familles peuvent rester ensemble, leur intégration au Canada est facilitée et leur capacité à travailler et à renforcer leurs communautés
  • Le gouvernement promet ainsi de doubler presque le budget consacré au traitement des demandes dans la catégorie du regroupement familial, de manière à ce que les délais de traitement reviennent aux niveaux atteints avant la décennie de pouvoir du conservateur Stephen Harper.

Lisez : Délais de traitement des demandes de parrainage de parents et de grands-parents

Deux philosophies politiques qui s’apparentent, mais qui s’opposent

Les conservateurs de Stephen Harper estimaient que les immigrants et les réfugiés ne doivent pas constituer un fardeau et qu’ils doivent pouvoir servir aux besoins de notre économie et ils préféraient miser sur des candidats jeunes, éduqués, près pour le travail.

Les libéraux de Justin Trudeau, estiment aussi que l’immigration et les réfugiés sont cruciaux à la création d’emplois et à la croissance économique du pays à long terme mais ils croient que le pays doit aussi faire sa part pour favoriser leur intégration même si cela exige un plus grand investissement de notre part, d’où l’importance des réunifications familiales.

Consultez : Le plan libéral pour l’immigration se base sur la réunification familiale Parti Libéral

Des travailleuses étrangères au Canada.

Les travailleurs étrangers doivent eux aussi s’attendre à des changements

Le gouvernement conservateur avait plus que doublé le nombre de travailleurs étrangers temporaires qui pouvaient venir au Canada pour répondre aux besoins à court terme du marché du travail. Cette politique avait donné lieu à une gestion frauduleuse du programme au sein de plusieurs entreprises canadiennes, particulièrement dans l’Ouest canadien où il existait une pénurie de main d’oeuvre. Une affaire qui avait embarrassé le gouvernement à plus d’une reprise et provoqué une certaine révision de la politique.

Le nouveau gouvernement promet de s’attaquer au problème, mais n’a pas encore fourni les détails d’une réforme qui risque de soulever les protestations de plusieurs employeurs, petits et grands, qui affirment ne pas avoir suffisamment  de travailleurs qualifiés comme dans l’hôtellerie et l’alimentation.

Une nouvelle étude de l’Institut de recherche en politiques publiques constate que d’importantes lacunes existent dans les politiques d’immigration des travailleurs étrangers temporaire

Delphine Nakache est professeure à l’École de développement international et mondialisation de l’Université d’Ottawa. (Écoutez)

Et les terroristes dans tout ça?

On ignore aussi quels aspects de la récente nouvelle loi 24, votée en toute fin par le régime conservateur, qui permet au gouvernement de retirer la citoyenneté canadienne aux individus qui ont une double citoyenneté et qu’ils sont reconnus coupables de terrorisme.

En campagne électorale, Justin Trudeau avait clairement indiqué son dédain pour cette politique qui à ses yeux donne naissance à deux catégories de citoyens canadiens qui sont inégaux devant la loi.

Janet Dench est la directrice du Conseil canadien pour les réfugiés. (Écoutez)

Sur le même thème…

Réfugiés : le Canada a changé d’approche, selon les experts – Radio-Canada

Justin Trudeau promises to make family reunification easier for immigrants – CBC 

Liberals unveil new plan for immigration focused on family reunification, middle class growth – Parti libéral 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *