Du gaz sécuritaire? Possible, selon l’Alaska

Anchorage sur le golfe Cook en Alaska. (Radio-Canada)
Anchorage sur le golfe Cook en Alaska. (Radio-Canada)
Si le développement potentiel de l’industrie gazière au Yukon fait couler beaucoup d’encre, de l’autre côté de la frontière, en Alaska, on s’entend pour dire que cette industrie peut être gérée de façon sécuritaire.

Le golfe de Cook est le bassin de gaz et de pétrole qui a propulsé l’économie de cet État américain il y a plus de 50 ans. Depuis, une douzaine de plates-formes parsèment l’étendue d’eau de près de 300 km entre la péninsule de Kenai et les chaînes de montagnes alaskienne et aléoutienne.

L’industrie du gaz et du pétrole est de loin la plus importante dans la région, plus encore que la pêche commerciale. Elle représente jusqu’à 90 % des revenus de l’État. L’Alaska peut, à ce taux, se permettre de n’imposer aucune taxe de vente ou d’impôts.

Projet d’usine et de gazoduc

Une nouvelle usine de gaz naturel est aussi dans les plans. Le site a déjà été choisi. L’usine traiterait le gaz de la côte arctique qui serait transporté par un nouveau gazoduc, puis exporté vers l’Asie. Selon le maire de la péninsule, Mike Navarre, le projet créerait jusqu’à 5000 emplois durant la construction et jusqu’à 1000 par la suite, sans compter tous les services connexes.

Le grand projet d’un gazoduc du nord et d’une usine n’est toutefois pas pour demain. Dans la métropole, Anchorage, les législateurs pèsent les pour et les contre.

Kathy Foerster, membre de la commission de conservation du pétrole et du gaz de l’Alaska, indique que les réserves de gaz naturel de la côte nord sont évaluées à près de 963 milliards de mètres cubes, mais qu’elles sont en bonne partie dans le secteur d’où est extrait le pétrole actuellement. Les responsables aimeraient attendre que les réserves de pétrole soient épuisées avant de commencer à extraire le gaz.

Oui, mais…

Certains environnementalistes croient que l’exploitation de gaz naturel est préférable au pétrole parce qu’elle pollue moins. « Nous nous soucions de l’endroit et de la façon dont ça se fera », explique Lois Epstein, de la Wilderness Society.

Elle revendique davantage de consultations publiques et d’évaluation environnementale, ainsi que le rétablissement d’un programme de gestion des côtes. « Nous reconnaissons aussi qu’en tant qu’Alaskiens, nous bénéficions de l’absence de taxes et d’impôts, ajoute toutefois Mme Epstein. Nous sommes donc à l’aise avec le développement gazier, sauf dans les zones sensibles. »

Contrairement au Yukon ou ailleurs, la fracturation hydraulique n’est pas controversée. Le quart des puits de l’Alaska l’utilise et personne ne semble s’inquiéter de la contamination possible des nappes phréatiques ni du forage dans le pergélisol.

L’Arctique, la prochaine frontière

Le forage dans l’Océan arctique, par contre, est très controversé. Les environnementalistes ont même gagné récemment une poursuite judiciaire contre l’industrie qui, de toute façon, avait connu jusqu’ici de nombreuses difficultés en raison du climat.

Le développement des ressources naturelles dans l’Arctique est suivi de près par de nombreux pays, notamment le Canada, qui assure pour une autre année la présidence du Conseil de l’Arctique. Ici, les délégués échangent sur le développement économique à venir dans la grande région. Le Canada créera sous peu un nouveau conseil économique de l’Arctique, un forum pour les gens d’affaires.

L’Alaska est perçu comme un modèle à plusieurs égards. « Il est certes un bon exemple, surtout pour les infrastructures », soutient le vice-président de l’Agence canadienne de développement économique du Nord (CanNor) Mitch Bloom. « Il y a de eu ici les autres luttes qui donnent l’accès aux ressources naturelles et y a un certain manque maintenant au sein du Canada avec certaines choses comme ça, mais y a aussi l’expertise du Canada surtout dans le développement des communautés au Nord. »

Le syndrome du « pas chez nous »

Plus au sud, dans la petite ville pittoresque de Homer, les positions sont plus radicales. Ici, les souvenirs des incendies de plate-forme et du déversement de l’Exxon-Valdez à la fin des années 1980 sont encore frais dans les mémoires. « Les gens ici ne veulent pas du développement pétrolier et gazier dans la baie, point à la ligne, fin de l’histoire », pèse le directeur de la chambre de commerce locale, James Levrakas.

Du même souffle, il admet cependant que personne ne s’oppose aux impacts économiques avantageux qui découlent du développement au nord de la péninsule. L’environnementaliste Benjamin Jackinsky, également commerçant, est bien forcé lui aussi de voir les avantages de ce développement « parce qu’il n’est pas comme dans le reste de l’Amérique ».

D’après un reportage de Claudiane Samson, à ne pas manquer au Téléjournal Yukon/Colombie-Britannique

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