Des meneurs de chiens de traîneau dénoncent un documentaire

Des chiens de traîneaux à la course Iditarod en Alaska. (Jim Watson/AFP/Getty Images)
Des chiens de traîneaux à la course Iditarod en Alaska. (Jim Watson/AFP/Getty Images)
Des meneurs de chiens de la Colombie-Britannique et de l’Alberta disent qu’un documentaire qui doit bientôt prendre l’affiche et qui se veut un portrait de l’industrie nordique des chiens de traîneau est trompeur et ils demandent qu’il soit retiré du programme du Festival de films de Whistler.

Sled Dogs se veut l’équivalent pour l’industrie des chiens de traîneau du film Blackfish, un documentaire qui a exposé le traitement cruel infligé aux orques à l’aquarium SeaWorld, de San Diego.

Le film documente la vie en arrière-scène de ces chiens pendant la course Ididarod. Au cours des ans, au moins 140 chiens sont morts pendant cette course annuelle de 1850 km entre Seward et Nome, en Alaska.

Les meneurs de chiens affirment toutefois que Sled Dogs dresse un tableau injuste de l’industrie et demandent qu’il soit retiré du programme du Festival de films de Whistler avant sa première qui doit avoir lieu le 6 décembre.

La bande-annonce du film Seld Dogs (en anglais)

« J’ai menacé d’intenter une action en justice parce que aucune personne associée à ce film n’a parlé avec moi, n’a vu mon chenil ou rencontré mes chiens », dit Megan Routley, de l’entreprise Kingmik Dog Sled tours, qui offre des sorties en attelages de chiens de traîneau près du parc national de Banff.

Elle a été outrée par la bande-annonce du film qui, selon elle, mène à un site Internet d’activistes qui appellent au boycottage de tout ce qui touche à l’industrie des chiens de traîneau.

Mme Routley soutient que le documentaire dresse un portrait cruel et inhumain de son industrie et montre des scènes trompeuses de chiens morts empilés dans un chenil de l’Alaska géré par un homme souffrant d’accumulation compulsive. Les meneurs de chiens soutiennent que cette personne vendait des animaux de compagnie et n’avait aucun lien avec l’industrie du chien de traîneau.

Le film montre également des chiens enchaînés et isolés pendant des mois au cours de la saison morte. Or les meneurs de chiens soutiennent que le fait d’enchaîner ou même d’euthanasier des chiens n’est pas aussi cruel que cela en a l’air.

Février 2009 : Newton Marshall mène ses chiens sur la rivière Takhini après avoir quitté Whitehorse, au Yukon, durant la Yukon Quest. (Carole Melville/Radio-Canada)
Février 2009 : Newton Marshall mène ses chiens sur la rivière Takhini après avoir quitté Whitehorse, au Yukon, durant la Yukon Quest. (Carole Melville/Radio-Canada)
Enchaîner les chiens n’est pas les torturer, disent les meneurs

Il y a peu de données sur l’industrie des chiens de traîneau, mais au moins une centaine de chenils sont en activité en Alaska, en Colombie-Britannique, en Alberta et des États américains du nord.

Tim Tedford gère un chenil et une entreprise de sorties en traîneau à chien près de Kelowna, en Colombie-Britannique. Il est également porte-parole de l’Association des meneurs de chiens professionnels de la Colombie-Britannique (PMABC), qui représente une dizaine de chenils dans la province. Il croit aussi que le documentaire est déséquilibré.

La PMABC est née en 2011 quand la nouvelle d’un abattage de chiens de traîneau près de Whistler, en Colombie-Britannique, a fait la une des médias et soulevé un tollé généralisé.

C’est également cet événement qui a poussé la réalisatrice Fern Levitt à tourner le documentaire Sled Dogs.

Ted Tedford dit que Fern Levitt n’a rien compris. Il affirme que les normes de soins pour les chiens de traîneau en Colombie-Britannique comptent parmi les plus serrées du monde, et que le documentaire n’en dit rien.

« Il est de notre intérêt d’avoir des chiens de traîneau qui sont heureux, bien socialisés et qui nous aiment. Ce ne sont pas de petites machines », affirme-t-il.

M. Tedford ajoute que les chiens doivent être relâchés au quotidien, mais qu’ils doivent également être enchaînés suffisamment près l’un de l’autre pour pouvoir socialiser.

Il soutient avoir étudié l’abus des chiens, mais affirme qu’il n’a jamais trouvé de preuves scientifiques qui démontrent qu’enchaîner un chien lui causait du tort.

Une étude de l’Université Cornell suggère que les chiens qui sont libres ensemble dans un enclos ne vivent pas nécessairement mieux que ceux qui sont enchaînés individuellement.

Février 2009 : Newton Marshall mène ses chiens sur la rivière Takhini après avoir quitté Whitehorse, au Yukon, durant la Yukon Quest. (Carole Melville/Radio-Canada)
Février 2009 : Newton Marshall mène ses chiens sur la rivière Takhini après avoir quitté Whitehorse, au Yukon, durant la Yukon Quest. (Carole Melville/Radio-Canada)

Pour sa part, Fern Levitt croit que beaucoup de meneurs de chiens de traîneau, comme Ted Tedford, se dévouent pour leurs bêtes, mais elle soutient que d’autres perdent de vue les besoins de leurs chiens.

« J’ai l’impression que les meneurs de chiens n’ont pas compris mon message : est-ce que l’industrie des chiens de traîneau est humaine? », demande-t-elle.

Même si Ted Tedford a toujours dénoncé l’abattage de 48 chiens qui a eu lieu à Whistler en 2011, l’année suivant les Jeux olympiques, il soutient que, parfois, abattre un animal est la solution la plus humaine.

« Il n’est aucunement acceptable de tuer ou d’abattre un chien en bonne santé », dit-il. Mais si un chien est malade, vieux ou blessé et qu’il n’y a pas de vétérinaire pour vous venir en aide, il croit que c’est une solution envisageable.

Il faut agir honorablement, dit Ted Tedford

« Que faire si vous n’avez pas d’injection ou de médicament? Que faire si vous avez un chien qui a été en bonne santé pendant 12 ans et qui n’a jamais vu l’intérieur d’un cabinet vétérinaire, un endroit stérile, avec des bruits étranges, de l’acier inoxydable et des carreaux en céramique, un endroit qui leur fait peur? Est-ce vraiment là que vous voulez l’amener? », demande-t-il.

« J’ai moi-même euthanasié certains de mes chiens et je le referai si je dois le faire », ajoute Ted Tedford. « C’est un acte difficile. Nous aimons ces chiens. C’est notre famille. Mais il faut agir honorablement. Ils vous ont donné tout ce qu’ils sont et ils le font volontiers », affirme-t-il.

-D’après un reportage d’Yvette Brend

Radio-Canada

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