Les Inuits résisteraient mieux au froid grâce à un gène issu de l’homme de Denisova

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L’homme de Denisova s’est éteint quelque 40 000 ans avant notre ère. (iStock)
Les Inuits qui vivent au Groenland sont peut-être avantagés, pour affronter le froid, par un gène qui leur viendrait de l’homme de Denisova. Cette espèce, identifiée en 2010, a vécu entre un million et 40 000 années avant notre ère, principalement en Asie, et surtout en Chine et Sibérie.

Les anthropologues se demandaient depuis des décennies si la tolérance des Inuits aux températures extrêmes était le fruit d’une évolution particulière. Une partie de la réponse se trouve dans la récente étude d’une équipe internationale publiée dans la revue scientifique Molecular Biology and Evolution.

Elle identifie une séquence génétique qui pourrait aider les Inuits à se protéger du froid en favorisant la formation de graisses qui produisent de la chaleur. Cette séquence pourrait leur venir de l’hominidé de Denisova – ou Denisovien – qui a coexisté avec l’homme de Néandertal et l’Homo sapiens, explique le professeur Rasmus Nielsen, de l’Université de Californie à Berkeley, l’un des pricipaux auteurs de l’étude.

Coopération internationale

Le professeur Nielsen, ainsi que des chercheurs des États-Unis, du Royaume-Uni, d’Israël et du Danemark, ont comparé le génome de quelque 200 Inuits du Groenland à ceux d’autres populations modernes et d’espèces disparues, et ils ont constaté la présence d’une séquence contenant les gènes TBX15 et WARS2.

« Le TBX15 joue un rôle dans la quantité de graisse brune qu’on trouve chez un individu », indique l’enseignant à Berkeley. Très présente chez les nouveau-nés en particulier, elle produit de l’énergie en brûlant des calories.

La graisse brune est thermogénique, c’est-à-dire qu’elle génère de la chaleur, alors nous pensons qu’il peut y avoir un lien avec l’adaptation des Inuits aux environnements froids.

-Rasmus Nielsen, professeur à l’Université de Californie à Berkeley

Presque tous les Inuits prenant part aux travaux possédaient la séquence TBX15/WARS2. Il n’y avait que quelques similarités avec celles de l’homme de Néandertal et de l’Homo sapiens. Mais avec le Denisovien, les séquences étaient quasiment identiques, souligne le professeur Nielsen.

Il demeure cependant possible que les variantes génétiques découvertes chez les Inuits viennent en fait d’une autre espèce dont on n’a pas encore cartographié le génome, convient-il.

Accouplements interspécifiques

Les chercheurs estiment probable que l’homme de Denisova ait transmis une partie de son génome à l’Homo sapiens à la suite d’accouplements interspécifiques, il y a environ 50 000 ans.

C’est surprenant et remarquable : c’est peut-être parce que des humains se sont accouplés avec d’autres espèces d’hominidés, qui s’étaient adaptées au froid, qu’il y a aujourd’hui des populations capables elles aussi de tolérer un climat aussi extrême.

-Rasmus Nielsen, professeur à l’Université de Californie à Berkeley

Puis, suivant le jeu des migrations, les gènes TBX15 et WARS2 se seraient répandus à travers le monde.

Les Inuits ne sont en effet pas les seuls humains à posséder la séquence TBX15/WARS2. D’autres populations l’ont aussi, mais dans une proportion beaucoup moins importante. Elle aurait joué un rôle plus marqué dans la sélection naturelle des Inuits, et leur aurait permis de conquérir un nouvel environnement, particulièrement hostile, où les températures peuvent descendre sous la barre des -30°C.

Une précédente étude de la même équipe avait conclu en 2015 que les Inuits bénéficient de certaines mutations, notamment le gène FADS, qui les aident possiblement à métaboliser les acides gras insaturés qu’on trouve dans leur diète, composée en bonne partie de poisson, de baleine et de phoque.

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