« Mémoires de glace » : le récit d’un infirmier au Nunavik

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Dans un récit autobiographique, Daniel Beauvais raconte son parcours d’infirmier auprès de la population des Inuits, des Cris et des Atikamekw (Émélie Rivard-Boudreau/Radio-Canada)
En 1975, Daniel Beauvais termine ses études en soins infirmiers. Sans grande expérience dans le domaine, il part réaliser ses débuts comme infirmier dans la communauté de Wemotaci, près de La Tuque, avant de passer plusieurs années au Nunavik.

S’il avoue que l’expérience a pu être difficile au départ, il estime qu’elle fut surtout, au final, riche en humanité.

Dans un récit autobiographique intitulé Mémoire de glace, Daniel Beauvais raconte son parcours à titre d’infirmier auprès de diverses populations des Premières Nations.

C’est dans une volonté de documenter un pan de l’histoire québécoise et autochtone que l’auteur a décidé de coucher ses mémoires sur papier.

« On ne parlait jamais de ce qui se passait à l’époque, dans les années 1970 et 1980, dans les petits dispensaires, et dans les régions isolées. Les infirmiers et infirmières qui y travaillaient n’avaient pas de formation [spécialisée pour cette réalité], mais avaient réellement la volonté d’y travailler. On se rendait compte, une fois sur place, que les gens n’avaient pas une préparation adéquate », relate-t-il.

Daniel Beauvais insiste sur cette détermination qui animait les diplômés en soins infirmiers pour partir vers les régions éloignées et les communautés autochtones. « C’était très attirant, dit-il. Personne ne connaissait, vraiment, le Nord du Québec, ni les communautés autochtones », se souvient-il.

Un coup de foudre avec le Nord

« Tout le monde qui mettait le pied dans le Nord, à l’époque, tombait carrément en amour », dit Daniel Beauvais.

C’est d’une part l’immensité du territoire et la beauté de la nature qui a frappé l’infirmier, mais c’est surtout son travail avec les communautés autochtones qui l’ont charmé. Selon lui, le contact et la communication avec les peuples autochtones ont été des plus agréables.

Souvent, les autochtones rencontrés étaient dans notre milieu de travail. Ces gens-là nous ont souvent invité dans leur famille, à la maison, ou à passer des fins de semaine de pêche avec eux.

Daniel Beauvais
Défi professionnel
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Dans un récit autobiographique, Daniel Beauvais raconte son travail d’infirmier auprès des Inuits, des Cris et des Atikamekw. (Émélie Rivard-Boudreau/Radio-Canada)

Si l’auteur affiche d’emblée un coup de foudre pour le territoire, ce n’est pas le cas pour ses débuts en tant qu’infirmier.

« Je regardais les instruments qui étaient sur les tablettes en face de moi, et je m’aperçois que je sais à quoi ils servent, mais que je ne les ai jamais utilisé! », admet-il.

En passant par les outils les plus simples à utiliser aux instruments spécialisés, tels que des forceps pour aider à un accouchement difficile, Daniel Beauvais réalise qu’il amorce sa carrière avec un sentiment de vertige.

Je n’avais jamais réalisé d’accouchement de ma vie, avant d’entrer en dispensaire, et j’étais dans une région totalement isolée. Et surtout, il n’y avait pas de médecin pour travailler avec moi.

Daniel Beauvais

Malgré la peur et les obstacles, l’infirmier explique que cette expérience fut en quelque sorte une école en soi. « J’étais le seul professionnel en santé, je n’avais pas le choix. Quand les cas arrivaient, il fallait se débrouiller, travailler et foncer », explique-t-il.

Un patient inoubliable

En tant qu’infirmier dans le Nord, Daniel Beauvais se souvient d’une expérience qui demeure, pour lui, inoubliable. Il y a plusieurs années, alors qu’il est en service dans un petit village au Nord de Kuujjuaq, l’infirmier a dû traiter un jeune adolescent gravement malade, aux prises avec des problèmes cardiaques majeurs. Une journée de grande tempête l’empêche dans un premier temps de déplacer son patient à l’extérieur du village.

Un avion alors venu pour déposer des passagers à Kuujjuaq était chargé de partir vers les grands centres avec le patient pour le mener vers un Centre hospitalier. À ce moment, l’avion ne peut décoller comme prévu, en raison des conditions météorologiques.

« Je l’ai gardé avec moi, pendant trois jours et trois nuits. Il était très malade. Le seul but que j’avais, pour cet enfant, c’était de le garder stable. De le garder vivant », se souvient-il.

Daniel Beauvais raconte que ce jeune homme est toujours en vie et est devenu un père de famille qui vit désormais sur la Baie d’Hudson.

C’est ce genre de cas, qui m’est arrivé à moi, qui me dit que j’ai fait un métier formidable dans le Nord, et que je l’ai adoré.

Daniel Beauvais
D’après une entrevue d’Annie-Claude Luneau

 

Entrevue à Radio-Canada
Écoutez l’intégrale de l’entrevue que Daniel Beauvais a accordée à Annie-Claude Luneau, à l’émission Région Zéro 8 de Radio-Canada.

Angie Landry, Radio-Canada

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