Le réchauffement de l’Arctique plus rapide et plus dévastateur que prévu

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Un ours polaire sur une masse de glace dans le détroit de Lancaster, près de l’île de Baffin. (Jimmy Thomson/Radio-Canada)
Les températures arctiques grimpent plus haut et plus vite que prévu, et les effets du réchauffement au pôle Nord se font déjà sentir autour du monde, constate un nouveau rapport international.

« Le climat de l’Arctique est en pleine transformation », prévient le document SWIPA (Snow, Water, Ice, and Permafrost in the Arctic, en français « Neige, eau, glace et pergélisol dans l’Arctique »). « Et cette métamorphose a des conséquences profondes sur les peuples, les ressources et les écosystèmes du monde entier. »

L’évaluation SWIPA est le fruit d’une collaboration de plus de 90 scientifiques du monde entier qui ont rassemblé les toutes dernières recherches relatives à l’incidence des changements climatiques sur les écosystèmes du Nord ainsi que sur la glace de l’Arctique.

Elle fait partie des activités du Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (PSEA) du Conseil de l’Arctique, une instance intergouvernementale réunissant les huit pays circumpolaires.

« L’Arctique est relié au reste de la planète », rappelle le professeur de l’Université du Manitoba David Barber, expert dans le domaine de la glace arctique et l’un des principaux auteurs du rapport SWIPA.

Nous constatons les premiers, et les plus percutants, signes du réchauffement climatique dans l’Arctique. Nous savions que ça allait arriver, nous savions depuis 30 ans que ça allait arriver. Eh bien, maintenant, le voici.

David Barber, professeur de l’Université du Manitoba et auteur du rapport « SWIPA »
Des eaux libres en hiver
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Un ours polaire bondit d’un morceau de glace à un autre dans l’Arctique. (iStock)

M. Barber souligne que l’un des résultats des recherches les plus surprenants est qu’il y a des régions de l’océan Arctique qui ne gèlent plus en hiver. « Nous croyions ne pas voir autant d’eau libre pendant l’hiver », dit-il, ajoutant que les eaux libres se trouvent plutôt du côté atlantique.

« L’une des constatations clés, c’est que l’eau de plus en plus chaude de l’océan Atlantique remonte vers la base des glaces arctiques, qui sont en train de fondre par en dessous », enchaîne le scientifique.

Le rapport confirme également que la quantité de glace arctique a atteint un plancher record l’année dernière.

Des situations météorologiques inhabituelles
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En février, le sud de l’État de la Californie aux États-Unis a été victime d’une intense tempête pacifique qui a notamment fait quatre morts. (David McNew/Getty Images)

Ces eaux libres sont susceptibles de modifier de façon importante les régimes climatiques. La chaleur des eaux ouvertes dans l’Arctique est libérée dans l’atmosphère, ce qui entraîne l’affaiblissement du vortex polaire, aussi connu sous le nom de courant-jet (en anglais jet stream).

Le courant-jet est un puissant courant aérien où l’air froid et l’air chaud se rencontrent. Il est créé par la différence entre ces températures. Le corridor aérien « enferme » l’air froid de l’Arctique. S’il s’affaiblit, des lobes de froid descendent davantage vers le sud, repoussant du temps plus doux vers le nord.

Les scientifiques croient que c’est la raison pour laquelle on voit des températures anormalement basses dans des endroits comme la Floride et la Californie, mais des températures bien plus douces dans le nord.

« Par exemple, en novembre et décembre derniers, la température au pôle Nord était supérieure de 32 degrés Farhenheit à ce qu’elle aurait dû être, parce qu’un des lobes s’étendait jusqu’au pôle Nord et aspirait du beau temps de la Californie », explique David Barber.

L’examen SWIPA confirme que le courant-jet affaibli est également responsable des récents phénomènes météorologiques extrêmes, dont les pluies exceptionnelles en Amérique du Nord ainsi que les fortes moussons dans le Sud-Est asiatique.

Certaines des grandes constatations du rapport :
  • L’océan Arctique serait en grande partie libre de glaces pendant l’été d’ici 2030, ou même plus tôt.
  • Les températures dans l’Arctique montent deux fois plus vite qu’ailleurs sur la planète. À l’automne 2016, les températures moyennes dépassaient les normes saisonnières de 6 degrés Celsius.
  • La fonte du pergélisol, qui stocke environ 50 % du carbone du monde, touche déjà l’infrastructure du Nord et pourrait rejeter des volumes importants de méthane dans l’atmosphère.
  • Les ours polaires, les morses et les phoques, qui dépendent des glaces de la banquise pour leur survie, connaissent de plus en plus de stress et de perturbations.
  • Les changements dans l’Arctique seraient à l’origine de changements météorologiques dans des régions aussi éloignées que le Sud-Est asiatique.
Un brin d’espoir

Toutefois, parmi les prévisions désastreuses, le rapport contient aussi un brin d’espoir. Bien que les changements dans l’Arctique se poursuivent jusqu’à 2050, il y aura ensuite une chance d’atténuer les transformations climatiques.

Selon le document SWIPA, une réduction draconienne des émissions mondiales de gaz à effet de serre, comme celle prévue dans le traité de Paris, pourra stabiliser les tendances au réchauffement de l’Arctique et empêcher la fonte supplémentaire de glace et de neige d’ici la fin du siècle.

Une attitude incertaine

La publication du rapport SWIPA se fait à la veille de la prochaine réunion du Conseil de l’Arctique, qui sera convoquée à Fairbanks, en Alaska, le 11 mai. Les États-Unis accueilleront le Canada, la Russie, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède, afin de discuter du changement climatique pour la première fois depuis l’élection de Donald Trump.

Durant sa campagne électorale, M. Trump avait affirmé que le « concept de réchauffement climatique » avait été inventé par les Chinois « pour empêcher l’industrie américaine d’être compétitive ».

À la fin mars, le président américain a également signé un décret permettant de nouveau l’octroi de nouvelles concessions de mines de charbon sur des terres fédérales, assouplissant les règles sur l’émission de méthane dans les exploitations gazières et pétrolières et réduisant la place accordée à la lutte contre le réchauffement climatique dans les agences du gouvernement.

Selon un texte de Margo McDiarmid (CBC News)

Radio-Canada

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