Une anthropologue inuite milite pour une revitalisation du système juridique canadien

Lors de son témoignage,l’anthropologue Lisa Quiluqqi Koperqualuk a expliqué que les codes sociaux des Inuits étaient parfois diamétralement opposés à ceux du colonisateur. (Photo: Radio-Canada)
L’anthropologue Lisa Qiluqqi Koperqualuk estime qu’il est impératif de revitaliser certains aspects des traditions juridiques inuites. C’est ce qu’elle a déclaré lors de son témoignage, vendredi, à la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics.

Lisa Qiluqqi Koperqualuk a effectué de nombreuses entrevues auprès d’aînés afin de reconstituer le mode de vie des Inuits avant la colonisation.

Lors de son témoignage, elle a expliqué que les codes sociaux étaient parfois diamétralement opposés à ceux du colonisateur.

Elle a fait état du mécanisme de gestion de conflits inuits, où le criminel était d’abord suivi par un membre de la communauté dans une perspective de réhabilitation. « L’encourager, faire des activités avec lui, sortir faire la chasse, faire des choses pour qu’il réalise lui-même qu’il a une responsabilité de s’améliorer soi-même, a-t-elle expliqué. En opposé, c’est le système juridique aujourd’hui qui veut détenir, punir, sans toujours offrir les moyens de s’améliorer. »

Dans les cas plus graves et à la suite d’une consultation de la communauté, le contrevenant pouvait être exclu ou même exécuté.

L’arrivée des missionnaires et des agents de la Gendarmerie royale du Canada a toutefois chamboulé ce mode de résolution de conflits.

Certains Inuits qui ne faisaient qu’appliquer la loi traditionnelle ont même été criminalisés. « La GRC ont pris deux hommes qui avaient tué un homme (suite à un jugement traditionnel inuit) puis les ont mis en cour, les ont reconnus coupables, et là, ils ont été condamnés à mort à l’époque. Il y a effectivement eu de la criminalisation des Inuits », explique Lisa Qiluqqi Koperqualuk.

Le système de justice canadien : un échec

L’anthropologue souhaite une réappropriation de certaines traditions juridiques inuites. « Moi, je veux voir une meilleure collaboration et implication des Inuits sur des décisions faites, sur des personnes qui seront détenues. Donner des conditions, demander une implication des Inuits », a-t-elle affirmé.

« Maintenant, beaucoup d’Inuits s’attendent à ce que les travailleuses sociales ou que la loi va nous aider à régler le problème. La vérité, c’est que cela n’aide pas du tout. La vérité, c’est que la tradition inuite aiderait, mais pas la loi », a déclaré l’anthropologue devant la commission.

Comme plusieurs témoins qui se sont exprimés lors des audiences de la commission, elle a rappelé l’échec du système de justice canadien envers les Autochtones.

Thomas Deshaies, Radio-Canada

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