La tradition orale inuit rencontre l’archéologie subaquatique dans l’Arctique canadien

L’archéologue subaquatique principal Filippo Ronca prélève un échantillon de bois à des fins d’identification sur une portion de pont détachée faisant partie du champ de débris en 2015. (courtoisie: Parcs Canada)
Parcs Canada lance un nouveau projet qui met à profit l’histoire orale des aînés inuit dans le travail d’interprétation autour de l’expédition de 1845 de l’explorateur John Franklin.

« Nos archéologues subaquatiques travaillent sur le projet Franklin depuis le début des années 90 », explique la responsable du projet Tamara Tarasoff. « La technologie n’était pas aussi évoluée à l’époque. La tradition orale inuit est très tôt arrivée dans l’équation pour nous permettre de repérer les lieux de la tragédie. »

L’expédition de John Franklin soulève les passions depuis sa mise en branle en 1848 jusqu’à sa disparition dans les eaux glacées du détroit de Victoria.

Dans la foulée des découvertes des épaves de l’expédition Franklin, le HMS Erebus en septembre 2014 et le HMS Terror en septembre 2016, Parcs Canada désire approfondir ses connaissances sur le sujet par l’entremise de la tradition orale inuit.

L’agence canadienne chargée de protéger et de présenter les lieux historiques et naturels du pays recherche un employé qui travaillera de concert avec les membres des communautés inuit. L’un des objectifs de ce projet est « d’offrir aux aînés inuit des occasions de partager leurs connaissances au sujet de l’expédition Franklin de 1845 et de documenter ces connaissances. »

Ici une carte des lieux où on été retrouvés les deux bateaux de l’expédition Franklin. C’est littéralement la force de la parole qui a permis de retrouver ces épaves. (courtoisie: Parcs Canada)
La  force de l’Inuit Qaujimajatuqangit

Rappelons que les épaves de l’expédition Franklin ont été repérées avec exactitude en grande partie grâce au savoir traditionnel inuit. Le savoir traditionnel qui se transmet de génération en génération par la parole a permis de délimiter le secteur de recherches.

« Ce savoir oral inuit mis au service de la science est très étonnant. Ce qui l’est encore plus, c’est le fait que le HMS Erebus a été trouvé en premier, car il était plus loin des côtes que le HMS Terror », ajoute Tamara Tarasoff.  C’est littéralement la force de la parole qui a permis de retrouver ces épaves.

C’est en 1845 que l’explorateur anglais John Franklin a mis les voiles en Angleterre avec ses deux navires, à la recherche d’un passage Nord-Ouest qui aurait permis de traverser ce qui est aujourd’hui l’Arctique canadien. Les navires ont sombré dans les eaux du Nunavut avec ses 129 membres d’équipage sans que l’on s’explique les raisons ni que l’on retrouve aucune trace de ceux-ci.

L'expédition Franklin
L’un des deux bateaux de l’expédition Franklin. Archives nationales du Canada /The Canadian Press
  • Franklin était un explorateur reconnu et cette mission devait, à 59 ans, être sa dernière.
  • Commandée par le capitaine britannique John Franklin, cette expédition tenue en 1845 avait pour objectif de réussir la première traversée du passage du Nord-Ouest.
  • Les deux bateaux avec lesquels ils quittent l’Angleterre sont le HMS Terror et le HMS Erebus, à la fine pointe de la technologie de l’époque : dispositif interne de chauffage à vapeur, une bibliothèque de plus de 1000 livres par navire et environ trois ans de conserves alimentaires.
  • L’expédition fut un échec et Franklin et ses 128 membres d’équipage meurent après que leurs navires se sont bloqués dans les glaces du détroit de Victoria.
  • Les membres de l’équipage sont morts de scorbut, de faim et de froid.  Des Inuit questionnés par des flottes anglaises venus à la recherche du capitaine Franklin ont même relevé des cas de cannibalisme.
  •  Franklin est décédé le 11 juin 1847 ainsi que 23 autres membres de l’équipage dans des circonstances inconnues.
  • En 1992, les épaves disparues sont déclarées lieux historiques nationaux par le gouvernement du Canada.
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