Un plan national pour un plus grand pouvoir des Inuits en recherche canadienne

Dans cet exemple de conciliation en recherche entre science et connaissances traditionnelles inuites, Susan Kutz, professeure à l’Université de Calgary (gauche) et la doctorante Juliette Di Francesco (droite) collaborent avec le chasseur inuit Colin Amegainek dans le Grand Nord. (Eilís Quinn/Regard sur l’Arctique)
L’organisme national représentant les Inuits du Canada, Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), s’est récemment doté d’un plan visant à promouvoir « l’autodétermination » des Inuits en matière de recherche.

Dans sa Stratégie nationale inuite sur la recherche (SNIR), publiée le 22 mars dernier, l’ITK dénonce l’approche « coloniale », toujours prédominante, qui exclurait les Inuits des recherches qui les concernent.

« Les approches coloniales à la recherche perdurent au Canada et elles empêchent les Inuits de prendre des décisions à propos des activités de recherche dans leur patrie, » indiquent-ils.

Le legs du colonialisme en recherche serait donc toujours bien présent, et il dépasserait les simples questions financières ou académiques. Il toucherait l’essence des rapports entre les Inuits, d’une part, et les gouvernements et les établissements de recherche dotés d’un pouvoir décisionnel, d’autre part.

Les investissements en recherche reflèteraient un « parti pris » pour certains domaines tels que les sciences physiques et biologiques, au détriment de priorités touchant directement les Inuits comme la santé ou les sciences sociales. « La marginalisation des Inuits des structures de gouvernance de recherche fédérales a mené à des allocations de recherche qui ne sont pas nécessairement utiles aux Inuits.  »

Les démarches vers l’autodétermination

Pour mettre un terme à ces rapports inégaux, l’organisme préconise une approche collaborative qui rendraient les recherches sur les Inuits davantage efficaces et pertinentes.

« Pour obtenir l’autodétermination inuite en recherche, il est nécessaire d’établir un partenariat complet entre les organisations représentatives inuites ou leurs institutions désignées, et les gouvernements et les établissements de recherche », précise le document.

« Les Inuits connaissent le mieux la nature des défis que doivent relever les familles et les communautés inuites ».

ITK propose une « approche holistique » en trois volets :
  • La promotion d’une « compréhension commune du legs découlant de la recherche dans l’Inuit Nunangat » et de son rapport au contexte actuel de la recherche;
  • L’établissement des « attentes des Inuits quant au rôle de la recherche » qui les concernent »;
  • L’identification de « secteurs de partenariat et d’action pour les Inuits et la communauté de recherche ».

L’ITK s’engage à mettre en œuvre des objectifs et des actions dans cinq secteurs prioritaires touchant la recherche. Ceux-ci concernent la gouvernance; l’éthique; le financement en fonction des priorités inuites; l’accès, la propriété et le contrôle des données et des renseignements; et les capacités de recherche dans l’Inuit Nunangat (les quatre régions inuites du Canada).

Le Canada, dernier parmi le G7

Inuit Tapiriit Kanatami insiste toutefois que le Canada a un retard à combler pour arriver à une approche cohérente.

« Le Canada est le seul pays du G7 qui ne dispose pas de politique nationale globale portant sur les besoins et les objectifs nationaux de recherche dans l’Arctique », peut-on lire. « Le Canada est le seul état circumpolaire sans université dans l’Arctique. »

L’organisme se fixe un calendrier de cinq ans pour évaluer les progrès de leurs démarches à court, moyen et long terme. Une « phase II », dont peu de détails sont dévoilés, serait mise en œuvre à compter de 2022.

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