La première femme à atteindre en solo le plus haut sommet du Canada s’estime « chanceuse » d’être en vie

Monique Richard est la première femme à atteindre en solitaire le sommet du mont Logan, la plus haute montagne du Canada, située dans le territoire nordique du Yukon. « J’ai été très chanceuse. J’ai l’impression que [le mont] Logan m’a laissé passer parce que c’est pas une montagne facile. » (Claudiane Samson/Radio-Canada)
La Montréalaise Monique Richard est la première femme à atteindre en solitaire le sommet du mont Logan, plus haute montagne au Canada, située dans le territoire du Yukon (nord-ouest). Évacuée d’urgence par hélicoptère après avoir accompli son exploit, l’alpiniste revient sur cette difficile ascension.

Épuisée physiquement et mentalement, déshydratée, l’alpiniste a activé un appel d’urgence sur son appareil de géolocalisation le surlendemain de son ascension.

Alors qu’elle était coincée à plus de 5500 mètres, deux autres alpinistes l’ont aidée à redescendre les quelques centaines de mètres nécessaires pour permettre à un hélicoptère de l’atteindre.

Indemne, sans aucune engelure grave, Monique Richard est fière d’avoir atteint son objectif et, dit-elle, d’avoir su reconnaître le moment où il lui fallait appeler les secours.

« C’était [une décision] très sage. Je suis contente de l’avoir fait parce que je ne serais pas ici pour vous en parler aujourd’hui, » a dit Monique Richard.

Opération de sauvetage délicate

Les autorités du parc national Kluane ont collaboré avec des experts du parc national Banff, de la Gendarmerie royale du Canada, du transporteur d’hélicoptère, du camp de base Icefieds Discovery ainsi que des spécialistes de l’Alaska afin d’évacuer l’alpiniste.

Le coordonnateur à la sécurité des visiteurs au parc national Kluane, Scott Stewart, qui a participé à l’opération, explique que la météo extrême et la très haute altitude rendent de telles opérations de sauvetage délicates.

« Il est très difficile de manoeuvrer un hélicoptère à ces altitudes et la météo ne nous offre qu’une très petite fenêtre dans laquelle réussir sécuritairement une telle opération », explique-t-il.

« Si j’avais su à quel point ça allait être difficile, je ne l’aurais pas fait »
Monique Richard lors d’une séance d’entraînement à Montréal, au Québec, quelques semaines avant son départ. (Paul Chiasson/La Presse canadienne)

Monique Richard affirme que son périple sur le toit du Canada a été particulièrement difficile et a craint pour sa vie à plusieurs reprises.

Les tempêtes « incroyables » avec des vents de 100 km/h l’ont coincée des jours durant dans sa tente, raconte-t-elle. Le froid de -40 degrés Celsius lui a fait craindre l’hypothermie constamment, et l’isolement complet s’est avéré plus important qu’envisagé.

Avant même d’atteindre le sommet, l’alpiniste d’expérience a fait une chute dans une crevasse dont elle a dû se sortir seule. « J’ai pleuré, j’ai voulu abandonner. Le choc à l’idée de descendre dans le précipice, c’est épuisant. »

« Déjà faire l’ascension, c’est difficile, mais c’est le solo pour moi, de rester tout le temps dans une concentration extrême, une vigilance, de ne pas se laisser envahir par la peur ou la panique, parce qu’il faut garder nos moyens. »

Écoutez l’entrevue exclusive avec Monique Richard :

Et puis, en s’approchant du sommet, l’alpiniste a craint ne pas pouvoir atteindre son but en raison de nuages qui menaçaient de s’installer. Après réflexion, elle a décidé de pousser l’ascension, mais n’a profité du paysage qu’une dizaine de minutes.

« Je n’arrivais plus à recharger mes batteries, mon GPS m’a lâchée, j’ai fait un grand détour en revenant à mon bivouac et j’ai dû escalader une autre montagne, pas en cordée, avec une vue infinie sur un précipice sans fond […] Fatiguée, épuisée, il était une heure du matin, et l’eau qui n’arrive pas à bouillir. »

Monique Richard, alpiniste

« Il n’y avait personne sur la montagne », dit-elle, jusqu’à ce qu’elle croise deux autres alpinistes québécois, qu’elle surnomme maintenant ses « anges ».

Stéphane et Guillaume Gagnon, qui sont toujours sur le mont Logan, lui ont « sauvé la vie », confie Monique Richard.

Une montagne aux défis nombreux

Scott Stewart affirme qu’environ 35 alpinistes se lancent chaque année sur le mont Logan, mais que seulement la moitié d’entre eux réussissent. Les évacuations majeures sont peu nombreuses, à raison d’une seule environ par année.

« Parmi les défis auxquels font face les alpinistes figurent l’altitude extrême, la météo extrême, l’isolement ou les dangers techniques comme les crevasses, les glaciers et les séracs. »

Claudiane Samson, Radio-Canada

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