Les femmes autochtones du Canada deux fois plus à risque de mourir d’un AVC

Dommage au cerveau après un accident vasculaire cérébral (AVC). (iStock)
Contrairement à la tendance canadienne, le nombre et la gravité des accidents vasculaires cérébraux (AVC) augmentent chez les femmes autochtones. Elles ont deux fois plus de risques d’en mourir que les femmes non autochtones, indique la Fondation des maladies du coeur et de l’AVC.

L’histoire moderne des Autochtones est une des causes identifiées de l’augmentation des AVC chez les femmes des Premières Nations, des Métis et des Inuits, affirme la Fondation dans son Bulletin 2018.

« Les traumatismes générationnels et le stress causés par l’impact de politiques historiques […] ont entraîné un fardeau disproportionné sur les femmes de ces peuples. »

Extrait du Bulletin 2018 de la Fondation

Les auteurs soutiennent également que les inégalités salariales, le racisme et les conditions de vie non sécuritaires aggravent le fardeau porté par les femmes autochtones. Ces facteurs sociaux engendrent notamment une haute prévalence de l’hypertension, du diabète et de l’alcoolisme, qui contribuent eux aussi au risque d’AVC.

Le double préjudice d’être femme et Autochtone

Parce qu’il arrive souvent plus tard dans leur vie, les séquelles d’un AVC sont généralement plus graves chez les femmes. De plus, elles ont tendance à minimiser les symptômes d’un AVC, ce qui retarde leur prise en charge médicale et en aggrave les conséquences.

Les accidents vasculaires cérébraux sont aussi moins bien détectés et traités chez les femmes, atteste la Fondation.

« [Les symptômes] que nous croyions bénins, comme les picotements, l’engourdissement, l’instabilité ainsi que les troubles de la vision, de la parole ou de la motricité de courte durée, ne le sont finalement pas chez les femmes. »

Shelagh Coutts, professeure agrégée en neurologie de l’AVC, Université de Calgary

Pour les femmes membres de communautés autochtones reculées s’ajoute aussi le défi de l’accès aux soins, rendu difficile non seulement par l’isolement, mais aussi par leur rôle prépondérant dans la vie familiale.

« Certaines femmes vont faire passer leur conjoint et leurs enfants avant leur propre bien-être. »

Isabelle Wallace, membre de la Première Nation malécite du Madawaska et infirmière-conseil à l’Association des infirmières et infirmiers autochtones du Canada

Dans les sociétés autochtones traditionnelles, les femmes constituent le pilier de la famille et font face à de nombreuses responsabilités. Pour Isabelle Wallace, cela explique aussi pourquoi elles se tournent moins naturellement vers la médecine occidentale.

Cette infirmière préconise aussi de prendre en compte l’environnement des femmes autochtones, mais aussi l’histoire de leur famille.

« Il y a des femmes qui peuvent hésiter à aller consulter à cause du manque de confiance et d’expériences négatives [du passé]. »

Isabelle Wallace, membre de la Première Nation malécite du Madawaska et infirmière-conseil à l’Association des infirmières et infirmiers autochtones du Canada

Selon Isabelle Wallace, il faut aussi regarder comment l’histoire de la colonisation affecte les gens et leurs relations avec les professionnels de santé pour comprendre leur perception de la maladie.

La réponse des pratiques traditionnelles

Bien qu’elle ait bénéficié d’un traitement de pointe à la suite de son AVC, la réalisatrice Lisa Meeches souligne l’importance des pratiques autochtones dans son rétablissement.

« Sans ma culture et mes prières, je ne me serais pas rétablie », dit Lisa Meeches, réalisatrice ojibwée de la Première Nation de Long Plain, dans la province du Manitoba.

La médecine traditionnelle autochtone considère à la fois la santé physique, émotionnelle, mentale et spirituelle. Pour cette survivante, c’est la combinaison de tous ces éléments associée à la solidarité de sa communauté qui fait l’efficacité des pratiques de guérison traditionnelles.

La docteure Lori Davis Hills partage ce constat. Pour elle, grâce à son approche holistique, la médecine autochtone aide à la prévention, à l’identification et même au traitement des AVC dans les communautés autochtones.

« Nous devons renouer avec notre identité, et nous rappeler notre façon de faire des choix et de voir le monde. »

Lori Davis Hill, directrice des services de santé de la bande Six Nations de Grand River, sud-ouest de l’Ontario

Cette experte en santé recommande de revenir aux aliments et aux médicaments traditionnels, ainsi que d’associer la nourriture et les cérémonies en cas de traitement.

Faire V.I.T.E. pour sauver des vies

L’accident vasculaire cérébral est une interruption de la circulation sanguine dans une partie du cerveau, qui peut être provoquée par la présence d’un caillot de sang ou par la rupture d’un vaisseau sanguin.

Dans les deux cas, la gravité de l’AVC dépend du temps qui s’écoule avant la prise en charge médicale. Ces quelques observations simples peuvent sauver des vies :

V.I.T.E. est un moyen mnémotechnique simple pour détecter les accidents cardio-vasculaires. (Fondation des maladies du coeur et de l’AVC du Canada)

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