Le ministre de la Santé du Québec s’excuse pour ses propos offensants pour les Autochtones

Le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, lors d’une mêlée de presse jeudi matin. Il est dans l’embarras pour des propos visant des Autochtones.
Le ministre de la Santé Gaétan Barrette s’excuse des propos qu’il a tenus au sujet du transport d’enfants des communautés éloignées par avion-ambulance. Ces propos étaient critiqués par des leaders autochtones, qui demandaient son départ. Ceux-ci estimaient que de tels propos encouragent les stéréotypes, notamment envers les Inuits.

Plus tôt ce mois-ci, lors d’un événement qui se déroulait dans sa circonscription de La Pinière, en Montérégie, le ministre avait indiqué qu’il pourrait toujours être interdit à certains parents d’accompagner leurs enfants à bord des avions-ambulances, malgré une récente modification à cette politique.

« [Je] garantis que d’ici six mois, il y aura au moins une personne qui se verra refuser la permission de monter à bord d’un avion-ambulance », avait-il affirmé.

« Si votre enfant doit être transporté, que vous êtes le parent et que vous êtes agité ou intoxiqué, vous ne pourrez pas monter dans l’avion. »

Gaétan Barrette, ministre de la Santé du Québec

Les propos du ministre ont été perçus comme discriminatoires par des chefs autochtones.

Le ministre s’excuse

À la suite du tollé suscité par ces paroles, le ministre Barrette a envoyé des excuses par communiqué jeudi après-midi.

« Je m’excuse que mes propos aient offensé les communautés autochtones. Jamais je n’ai eu l’intention de les viser dans les explications que je donnais. J’ai le plus grand respect envers les communautés autochtones. […] Encore une fois, je suis désolé si mes propos ont blessé qui que ce soit. Ce n’était pas mon intention. »

Gaétan Barrette, ministre de la Santé

Le ministre Barrette a également précisé, comme il l’avait fait plus tôt à l’émission RDI matin, que ses commentaires ne visaient pas précisément les Autochtones et que les règles de sécurité sont les mêmes pour tous.

« Si une personne est agitée, intoxiquée ou malade, elle ne montera pas dans l’avion », a-t-il dit en entrevue, jeudi matin, rappelant que ce type de situation « arrive régulièrement » dans des avions commerciaux au pays ou dans le monde.

Appels à la démission du ministre

« On n’a pas fini de déterrer et d’arracher les racines très profondes de la discrimination et des préjugés envers les peuples autochtones », a déploré jeudi matin le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard.

« Les propos totalement inacceptables du ministre nous indiquent clairement que ces racines sont très présentes au cœur même du gouvernement de Philippe Couillard. »

Ghislain Picard

Le chef de l’APNQL est d’avis que le gouvernement devrait « exiger immédiatement la démission du ministre Barrette ou le démettre de ses fonctions ».

Il a aussi profité de sa sortie publique pour rappeller que la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP) a été mise sur pied pour faire la lumière sur l’existence de possibles pratiques discriminatoires envers les Autochtones.

« La Commission aurait peut-être dû convoquer d’abord Gaétan Barrette pour vérifier jusqu’à quel point la discrimination dans son important ministère part d’en haut et évaluer jusqu’à quel point les préjugés du ministre influencent la livraison des services sociaux et de santé aux membres des Premières Nations et aux Inuits », a déclaré M. Picard.

Des propos « très racistes »

Le maire de Kuujjuaq (Nord-du-Québec), Tunu Napartuk, dit être « sous le choc » à la suite des commentaires de Gaétan Barrette.

« Ce sont des propos très racistes. [Le ministre] généralise et entretient des stéréotypes au sujet d’un groupe de personnes. »

Tunu Napartuk, maire de Kuujjuaq

Tunu Napartuk a lui aussi demandé la démission de M. Barrette, estimant qu’un ministre « ne devrait pas dire ce genre de choses, ni même les penser ».

Il explique qu’en situation d’urgence, l’avion-ambulance est le seul moyen d’évacuer rapidement la communauté pour se rendre vers le Sud.

L’intérieur de l’avion-ambulance du gouvernement du Québec. (Radio-Canada)
Des enfants du Nord transportés seuls

Pendant des années, les enfants des communautés éloignées devaient prendre ces avions seuls, sans être accompagnés par leurs parents. Récemment, toutefois, l’indignation publique a forcé Québec à modifier sa politique à ce sujet.

En décembre, des pédiatres avaient notamment fait pression auprès du gouvernement, estimant que de placer des enfants seuls à bord de vols médicaux pouvait être une expérience traumatisante.

Ils avaient également dénoncé le fait que la politique provinciale touchait de manière disproportionnée les familles des communautés inuites et des Premières Nations.

En février, Québec a annoncé que les avions seraient reconfigurés afin d’être en mesure d’accueillir un parent pour accompagner les enfants. Ce qu’ils pourront faire dès la fin du mois de juin, assure le ministre Barrette.

Le maire de Kuujjuaq se désole que cette bonne nouvelle soit maintenant ternie par les commentaires du ministre « qui devrait représenter tous les citoyens du Québec, tous les contribuables, incluant les Inuits du Nunavik ».

Le premier ministre du Québec lance un appel à l’amitié

Le premier ministre Philippe Couillard a pour sa part semblé embarrassé par cette histoire rendue publique lors de la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin.

« Je ne veux vraiment pas qu’il y ait de nuages entre nous et les Premières Nations. »

Philippe Couillard, premier ministre du Québec

« En cette journée pour les peuples autochtones, je veux réaffirmer mon amitié, notre amitié envers les Premières Nations et les Inuits », a-t-il insisté.

Philippe Couillard a aussi ajouté être convaincu que le Québec, et particulièrement le Québec du Nord, ne pourra se développer « qu’avec l’amitié entre nous et les Premières Nations et avec un partage juste des bénéfices du développement économique ».

Radio-Canada avec CBC

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