Un territoire nordique veut exploiter son potentiel hydroélectrique

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest réaffirme la nécessité d’un projet de barrage sur la rivière Taltson pour réduire ses émissions et stabiliser son économie. Dans cette photo, des pylônes de Manitoba Hydro, dans la province du Manitoba, en mai 2018. (John Woods/La Presse canadienne)
Le premier ministre Bob McLeod réaffirme l’importance du projet Taltson pour stabiliser l’économie des Territoires du Nord-Ouest et assainir son environnement.

Bob McLeod a profité d’un symposium organisé au Yukon par l’Association canadienne de l’électricité (ACÉ) pour faire la promotion du projet hydroélectrique Taltson et du projet d’éolienne à Inuvik, dans le nord du territoire.

Le 20 juin, la journée précédant l’assemblée générale annuelle de l’ACÉ, ATCO et Yukon Energy avaient organisé à Carcross, au Yukon, un symposium réunissant des représentants des Premières Nations, des gouvernements et du secteur des affaires des trois territoires canadiens (Yukon, T.N.-O., Nunavut), qui avait pour but de favoriser l’échange d’idées sur l’électricité. C’est le premier ministre des T.N.-O. Bob McLeod qui a prononcé le discours d’ouverture.

Un énorme potentiel

M. McLeod a rappelé qu’avec un potentiel estimé à 11 000 mégawatts, les TNO possèdent une capacité hydroélectrique de l’ampleur de la Baie-James (au Québec) ou de Churchill Falls (au Labrador) et que sans un projet comme Taltson, la vision d’un environnement sain et d’une économie stable et diversifiée n’est qu’un rêve.

Le projet du gouvernement ténois, on le rappelle, chiffré à plus d’un milliard de dollars, vise à raccorder les réseaux Snare (Esclave Nord) et Taltson et à augmenter la capacité de ce dernier de 18 à 60 mégawatts puis, dans une seconde phase, à 115 mégawatts en 2040.

« Les possibilités qui seraient créées en branchant les collectivités et les mines à une électricité propre dans le territoire sont infinies, a déclaré M. McLeod. Et c’est pareil pour les occasions favorables qui émergeraient en branchant l’hydroélectricité des TNO au réseau continental par une ligne de transmission de 200 kilomètres en Saskatchewan. »

Croissance du marché

La présidente-directrice générale de la Société d’énergie des Territoires du Nord-Ouest, Jay Grewal, siège au conseil d’administration de l’ACÉ et participait au symposium de Carcross. Questionnée sur la pertinence de développer le projet Taltson alors qu’au sud, les barrages Site C et Keeyask sont déjà en construction et qu’Amisk en Alberta pourrait s’y rajouter, Mme Grewal a fait valoir « qu’il est prévu que la demande en électricité à faible émission de carbone croisse dans les marchés du Sud dans les prochaines années ».

« La construction d’une ligne de transmission jusqu’en Saskatchewan est une solution durable et responsable pour aider à satisfaire cette demande », a-t-elle ajouté.

Le premier ministre McLeod a également fait valoir le projet de parc d’éoliennes à Inuvik lors du symposium, qui pourrait diminuer de 4000 tonnes la production annuelle de gaz à effet de serre des TNO. Une étude de faisabilité de ce projet est en cours.

Selon Mme Grewal, citée dans un communiqué de l’ACÉ, nous sommes à un moment pivot de l’histoire avec des projets en cours ou planifiés dans le secteur électrique. « Des occasions intéressantes émergent de la bienveillance du gouvernement fédéral à investir dans les infrastructures vieillissantes, à développer les ressources hydroélectriques et les technologies renouvelables. »

Conscience septentrionale

L’ACÉ, formée de différents intervenants publics et privés du domaine de l’électricité, tenait pour la première fois de son existence une assemblée générale annuelle dans le Nord, en l’occurrence à Whitehorse. Une rencontre un peu historique pour l’ACÉ, affirme le gestionnaire média et évènement de l’ACÉ, Mouktar Abdillahi. « L’idée derrière [le lieu] était de mettre la lumière sur l’importance d’investir dans l’infrastructure d’électricité du Nord, précise-t-il, de faire ces investissements pour les populations et pour l’économie locale […]. Le Nord doit faire partie de l’économie de l’avenir, une économie propre et durable […] et sa dépendance au diésel devrait changer. »

À l’issue de son assemblée du 21 juin, le conseil d’administration a émis six recommandations aux gouvernements territoriaux et provinciaux, mais surtout au fédéral. Ces recommandations se résument à un appel à l’augmentation des investissements dans le secteur et à leur priorisation.

Cela concerne entre autres le Programme d’approche responsable pour le développement énergétique des collectivités du Nord (ARDEC Nord), qui devrait inclure du financement pour le démarrage de projets. L’interconnexion entre provinces et territoires devrait aussi être priorisée, avance-t-on, créant « la possibilité d’exporter de l’énergie propre du Nord vers le Sud, en plus de soutenir les transitions énergétiques en cours en Alberta et en Saskatchewan ».

Les programmes fédéraux insuffisants

Plusieurs programmes fédéraux existent déjà pourtant, avec l’objectif ou la capacité de stimuler la création d’énergie « verte », comme ARDEC, Investissements stratégiques dans le développement économique du Nord, le Fonds pour l’énergie dans l’Arctique.

« C’est clair qu’il y a des investissements qui sont faits, mais il en faut plus, selon Mouktar Abdillahi. […] Plus de 65 % des collectivités du Nord dépendent uniquement du diésel. »

Si le manque d’investissements est plus criant au nord, le Sud n’est pas à l’abri, observe le gestionnaire de l’ACÉ, qui réaffirme l’importance de relier leurs réseaux; les 20 milliards de dollars investis annuellement par le secteur en infrastructures et en opérations, etc. seraient insuffisants, dans un contexte de vieillissement des infrastructures et d’impact des changements climatiques.

Denis Lord, L'Aquilon

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