Déménagement d’un centre pour sans-abris de Montréal fréquenté par les Inuits : un accueil mitigé

Le directeur du refuge La porte ouverte, David Chapman, soutient que l’arrivée du centre dans le quartier du Plateau-Mont-Royal reçoit autant de réactions positives que négatives. (Gabrielle Paul/Radio-Canada)
Le déménagement du refuge pour sans-abris en grande partie Autochtones La porte ouverte a semé l’inquiétude dans le quartier du Plateau-Mont-Royal, à Montréal. Son directeur est toutefois nuancé. Le projet reçoit autant d’appuis que de critiques.

Depuis 30 ans, La porte ouverte occupe l’église anglicane Saint-Stephen sur la rue Dorchester, dans le quartier de Westmount.

L’an dernier, l’église a été vendue à un promoteur. Elle abritera désormais des condos.

La porte ouverte se retrouvait donc sans logis. « Le nouveau propriétaire a été très clément. Il nous a accordé du temps supplémentaire pour trouver un nouvel espace », souligne le directeur de La porte ouverte, David Chapman.

Il aura fallu quelques mois au refuge pour finalement trouver un nouveau toit sur Le Plateau-Mont-Royal, sur l’avenue du Parc, à l’église Notre-Dame de la Salette, non sans controverse.

La porte ouverte prévoit son déménagement à l’église Notre-Dame de la Salette, dans le quartier du Plateau-Mont-Royal, d’ici à septembre. (Gabrielle Paul/Radio-Canada)
Craintes des citoyens

Le déménagement de La porte ouverte, prévu en septembre, inquiète les commerçants et les résidents du secteur, qui ont déposé une pétition au conseil d’arrondissement.

« Cette tension est étrange. Le Plateau est reconnu comme très progressiste et coopératif. Un centre comme le nôtre devrait pouvoir bien s’intégrer dans un milieu comme ça. »

David Chapman, directeur de La porte ouverte

Les citoyens craignent que l’arrivée du centre n’accentue le problème d’itinérance.

Un avis que ne partage pas le directeur de La porte ouverte. Selon lui, le centre s’ajoutera aux autres services du secteur. « Notre offre de services est différente puisque nous sommes un centre de jour », croit-il.

La porte ouverte est également l’un des rares centres de Montréal qui acceptent les personnes intoxiquées ainsi que les animaux.

« Certaines personnes refusent de se séparer de leur animal. Ce n’est pas une raison pour nous de refuser de les aider », soutient le directeur.

« Personne n’en parle, mais le déménagement a reçu beaucoup de soutien de citoyens », ajoute-t-il.

La porte ouverte occupe actuellement toute la propriété de l’église Saint-Stephen. L’église Notre-Dame de la Salette compte héberger le centre dans son sous-sol, où des rénovations seront faites cet été.

« L’espace est effectivement un enjeu. L’endroit ici est serein. Il y a les vitraux, les luminaires et le plafond en bois massif », énumère David Chapman. Nous quittons cela pour une autre église, mais nous serons logés dans un sous-sol sans fenêtre. »

Le centre La porte ouverte est situé dans l’église anglicane Saint-Stephen depuis 30 ans. (Anne-Marie Yvon/Radio-Canada)
Les Inuits surreprésentés

La porte ouverte reçoit une centaine de personnes par jour. 40 % de ces gens sont d’origine inuite.

Lors de leur passage au refuge, les gens peuvent manger, se laver et se reposer. « Ils peuvent rencontrer une infirmière, des travailleurs et des intervenants sociaux, ajoute M. Chapman. Nous pouvons les diriger entre autres vers des ressources de désintoxication. »

À Montréal, les Autochtones représentent 0,6 % de la population, mais 10 % des itinérants; de ceux-ci, 40 % sont Inuits.

« Beaucoup des gens que nous recevons sont des survivants des pensionnats, parfois de deuxième génération, confie le directeur. Certains souhaitent en parler et nous sommes là pour les écouter. »

Nemo, un itinérant inuit, enseigne la sculpture sur pierre à savon à d’autres itinérants à La porte ouverte. (Gabrielle Paul/Radio-Canada)

La porte ouverte tente également de mettre à profit les compétences de chacun.

« Des cours de sculpture sur pierre à savon sont donnés par des Inuits pour des Inuits », affirme David Chapman.

Nemo, originaire de Pond Inlet au nord de l’île de Baffin (territoire nordique du Nunavut), est l’un de ces professeurs.

Nemo offre également des cours au square Cabot, non loin du centre, pour lesquels il est rémunéré.

Gabrielle Paul, Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur les Autochtones au Canada, visitez le site d’Espaces autochtones.

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