Expédition Franklin : début de recherches archéologiques subaquatiques dans le Nord du Canada

À l’aide des preuves recueillies par les missions de sauvetage et les excavations archéologiques, les historiens estiment que les navires auraient navigué jusqu’au détroit de Victoria. C’est dans ce secteur qu’ils auraient été coincés par les glaces, durant l’été 1846. (Parcs Canada/Courtoisie d’Audrey Champagne)
La ministre canadienne de l’Environnement, Catherine McKenna, s’est rendue jeudi sur le site de l’épave du HMS Erebus, l’un des navires ayant servi à l’expédition maritime de John Franklin vers le passage du Nord-Ouest au courant des années 1840. Cette visite est survenue quelques jours avant le début de fouilles archéologiques sous-marines pour retrouver des artéfacts de l’épave.

La ministre responsable de Parcs Canada et de l’Environnement était accompagnée de membres de la Fiducie du patrimoine inuit et du Haut-Commissariat de Grande-Bretagne.

L’équipe subaquatique de Parcs Canada entamera d’ici quelques jours une expédition de deux semaines pour tenter de trouver des artéfacts qui puissent expliquer la disparition des membres de l’équipage, il y a près de 175 ans, et pour cartographier le champ de débris autour de l’épave.

Selon Parcs Canada, la date officielle du début des recherches dépendra des conditions météorologiques.  « On croit qu’il y aurait des milliers d’artéfacts encore dans les épaves qui en révéleront davantage sur cette expédition », a mentionné la ministre Catherine McKenna par voie de communiqué.

L’épave du HMS Erebus a été découverte en 2014 au sud de l’île du Roi-Guillaume, dans le Nord du Canada, à 24 mètres de profondeur sous les glaces. (Parcs Canada)

L’excavation et les recherches débuteront dans les endroits accessibles du pont inférieur où l’équipage résidait à l’époque. Les travaux cibleront des zones associées, entre autres, aux officiers et aux membres de l’équipage de rang inférieur.

L’équipe de recherche se servira d’un véhicule sous-marin téléguidé pour explorer l’intérieur du navire, en plus d’utiliser l’un des brise-glaces de la Garde côtière canadienne, le Sir Wilfrid Laurier.

L’enquête liée aux deux épaves est l’un des projets archéologiques subaquatiques les plus importants de l’histoire du Canada.

À la suite de la découverte du HMS Erebus en 2016, l’équipe d’archéologie subaquatique de Parcs Canada a notamment dû utiliser un robot téléguidé submersible et un sonar multifaisceaux à balayage latéral pour parvenir à prendre des images à l’intérieur de la coque. (Parcs Canada/Courtoisie d’Audrey Champagne)
Plus de 170 ans d’interrogations

Dirigée par le capitaine John Franklin, l’expédition visait à accomplir la première traversée du passage du Nord-Ouest et explorer l’Arctique canadien. En 1845, après avoir parcouru une partie de la baie de Baffin, les navires britanniques HMS Erebus et HMS Terror se sont lancés dans le détroit de Lancaster, avant de disparaître.

Le 19 mai 1845, l’explorateur britannique John Franklin quitte la Tamise avec plus de 130 membres d’équipage pour trouver le passage du Nord-Ouest. Les navires transportent aussi des provisions pour trois ans ainsi que des instruments de recherche pour la botanique, la zoologie et la géologie. (The Illustrated London News/Getty Images)

En 2014, une mission menée par Parcs Canada a permis de retrouver l’épave du HMS Erebus, enfouie dans les eaux du sud de l’île du Roi-Guillaume, dans le nord-ouest du Nunavut, le territoire le plus septentrional du Canada.

Deux ans plus tard, une deuxième épave, le HMS Terror, a été repérée au large de la péninsule Adélaïde, située à plusieurs kilomètres au nord du premier navire. C’est d’ailleurs grâce aux informations d’un Inuit qui travaillait au sein de l’équipe de la Fondation de recherche de l’Arctique que le HMS Terror a pu être retrouvé.

Les deux épaves gisaient respectivement à 11 m et 24 m de profondeur sous les glaces.

Un projet collectif

En avril, les autorités britanniques ont annoncé qu’elles faisaient officiellement don au gouvernement canadien et aux Inuits des deux épaves et de leurs artéfacts par le biais de Parcs Canada et de l’association Inuit Heritage Trust. La ministre Catherine McKenna a par ailleurs fait valoir la contribution des Inuits dans les recherches entreprises et dans la préservation des épaves.

À l’heure actuelle, les sites où sont situés le HMS Erebus et le HMS Terror ne sont pas ouverts au public et un permis est nécessaire pour accéder aux zones protégées. À terme, le Comité consultatif provisoire de l’expédition Franklin y verrait un potentiel pour les communautés locales, notamment en matière de tourisme.

« Maintenant, la découverte et l’exploration des épaves amènent d’excitantes possibilités d’emploi et de tourisme pour les communautés inuites et du Nunavut qui pourront faire valoir leurs connaissances et leur expérience du monde », a souligné le président du comité, Fred Pedersen, dans un communiqué. Selon Parcs Canada, leurs observations permettraient aussi de mieux comprendre les impacts des changements climatiques dans l’Arctique canadien, où la fonte rapide de la banquise rend plus difficile l’accès aux terres de chasse et altère les habitudes de migration des animaux.

Dimanche, un événement communautaire aura lieu à Gjoa Haven, sur l’île du Roi-Guillaume, pour reconnaître notamment la contribution des Inuits qui ont participé à la préservation des épaves.

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