Première journée d’audiences de l’enquête nationale sur les violences contre les femmes autochtones dans le Nord du Canada

La coordinatrice de programmes au Centre communautaire Tukisigiarvik d’Iqaluit, Elisapi Davidee-Aningmiuq (à droite), a été la première témoin à s’exprimer lors des audiences publiques qui se tiennent à Iqaluit, au Nunavut, jusqu’à jeudi. En 2016, elle a d’ailleurs reçu une Médaille polaire pour avoir aidé des Inuits à renouer avec leur culture. (Garrett Hinchey/CBC)
La première journée des audiences publiques de l’enquête nationale sur les violences contre les femmes autochtones qui ont lieu à Iqaluit, au Nunavut, s’est penchée sur la question de la violence coloniale.

Les témoignages ont porté sur les dimensions socioéconomiques liées aux violences conjugales, ainsi que leurs répercussions sur la santé et le bien-être des Inuits.

Les familles et les survivantes ne figureront pas parmi les témoins aux audiences publiques prévues jusqu’à jeudi à Iqaluit. Les commissaires recevront plutôt des experts, dont des représentants d’organisations inuites et de groupes culturels.

Les retombées des déportations de familles inuites vers le Nord

Les témoins ont rappelé à plusieurs reprises les torts qu’avaient causés les déplacements forcés de familles inuites vers des villages nordiques, dont notamment la déportation de résidents d’Inukjuak vers Grise Fiord et Resolute Bay, dans l’Extrême-Arctique. « On leur a dit qu’ils seraient logés, qu’on leur offrirait un emploi, que les loyers seraient très peu chers, et que le gouvernement les soutiendrait », a mentionné la résidente d’Iqaluit Hagar Idlout-Sudlovenick.

« Ils ont cru ce qu’on leur a dit, mais ce n’était pas vrai; certains ont dû rester dans des tentes toute une année durant. »

Hagar Idlout-Sudlovenick, témoin
Commission de vérité de Qikiqtani

Parmi les thèmes abordés, les témoins sont notamment revenues sur la Commission de vérité de Qikiqtani, chargée d’enquêter au début des années 2000 sur le massacre et le transfert de chiens de traîneau inuits par la Gendarmerie royale du Canada entre 1950 et 1975.

« Les chasseurs et les familles ont énormément souffert de la mort de ces chiens », se remémore Hagar Idlout-Sudlovenick. Elle ajoute que l’abattage des chiens de traîneau a contribué à sédentariser les Inuits, qui s’en servaient notamment pour les sorties de chasse et pour se repérer dans la toundra. Selon elle, ce changement drastique dans leurs habitudes de vie a bouleversé leur identité et les liens intergénérationnels.

« C’est un apprentissage d’une vie qui avait été transmis de génération en génération. »

Hagar Idlout-Sudlovenick, témoin

Hagar Idlout-Sudlovenick souhaiterait qu’un programme soit mis sur pied pour dédommager les personnes directement affectées par les massacres de chiens de traîneau.

Bâtir des ponts

« Il faut partager nos connaissances; nous devons travailler ensemble », a insisté la coordinatrice de programmes au Centre communautaire Tukisigiarvik d’Iqaluit, Elisapi Davidee-Aningmiuq. « Il est très important pour nous [au centre Tukisigiarvik] qu’il y ait des liens forts entre les gens de la communauté et les nouveaux venus », poursuit-elle.

Selon Elisapi Davidee-Aningmiuq, l’enseignement de notions liées au territoire et aux coutumes ancestrales renforce la confiance de la jeune génération d’Inuits. « Je pense qu’il est important d’enseigner aux enfants ce qui est positif sur notre territoire », croit Elisapi Davidee-Aningmiuq.

Amorcée à l’automne 2016, l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) tient jusqu’au mois d’octobre ses dernières audiences publiques.

D’ici le mois d’octobre, la Commission de l’ENFFADA tiendra ses dernières audiences publiques dans les capitales du Nunavut, du Québec, du Manitoba et de Terre-Neuve-et-Labrador pour aborder les questions de la violence coloniale, du soutien aux familles, de la protection de l’enfance et de l’exploitation sexuelle. De gauche à droite : les commissaires Marion Buller, Michèle Audette, Qajaq Robinson et l’avocate Susan Vella. (Fred Chartrand/La Presse canadienne)

Au Nunavut, les derniers témoignages avaient été livrés à Rankin Inlet, à la fin du mois de février.

L’ENFFADA a été lancée afin d’identifier les causes systémiques de la violence envers les femmes autochtones.

Les commissaires Michèle Audette, Marion Buller, Qajaq Robinson et Brian Eyolfson ont jusqu’au 31 décembre pour entendre les témoignages d’autres familles et survivantes. Le rapport final doit quant à lui être déposé d’ici le 30 avril 2019. En juin, l’ENFFADA a obtenu du gouvernement canadien une prolongation de six mois de son mandat.

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