Une harde de caribous du Québec et du Labrador a diminué de 99 % depuis 2001

Des caribous de la rivière George aperçus dans la région de Nain, au Labrador, en 2017. (Brandon Pardy)
Il ne resterait plus que 5500 caribous aux alentours de la rivière George. C’est une diminution de 38 % depuis 2016 et de 99 % depuis 2001. Le troupeau migratoire de caribous, qui a déjà été le plus nombreux de la planète, est sur le point de disparaître, et ce, à cause de la chasse qui est pourtant illégale.

Le recensement de 2018 montre encore une diminution de la harde de caribous de la rivière George, située dans le nord-est du Québec, tout près de la frontière avec le Labrador.

La population de caribous est passée de 3500 individus à la fin des années 1940 à près de 800 000 dans les années 1980. C’était à cette époque la plus grande harde de caribous du monde. Entre 1993 et 2001, la population est passée de 775 000 à 385 000. Depuis, le déclin accéléré se poursuit.

« C’est une des hardes les plus étudiées du monde », indique John Pisapio, biologiste au ministère des Pêches et des Ressources naturelles de Terre-Neuve-et-Labrador. Depuis 2010, un recensement de la population est effectué tous les deux ans, et des colliers émetteurs GPS sont posés sur les bêtes régulièrement.

Une chasse insoutenable

« Nous n’avons pas décelé de parasites dans la population, et les saisons de reproduction vont bon train », explique le biologiste. Les enquêtes menées sur le terrain ont démontré que la chasse faite par les peuples autochtones était la principale cause de la diminution radicale de la population de caribous.

Pourtant, toute forme de chasse, commerciale et de subsistance, a été bannie en 2013 du côté du Labrador.

Les biologistes du ministère ont découvert que des Autochtones avaient quand même continué de chasser, car plusieurs animaux portant des colliers semblaient ne plus être en mouvement : « Habituellement, on reçoit une alerte par courriel quand ça arrive et on va sur le terrain pour voir ce qui se passe. Ce qu’on a observé, c’est que dans la grande majorité des cas, l’animal avait été chassé. »

S’allier avec les Premières Nations

Face au problème, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a décidé de mettre sur pied un plan de cogestion du caribou avec les Premières Nations.

« Je pense que c’est la seule façon d’éviter que la harde disparaisse. Il faut que les Autochtones se sentent plus impliqués et il faut les responsabiliser », soutient John Pisapio.

Ainsi, les biologistes aimeraient rouvrir la chasse de subsistance et démontrer que, si elle est faite de manière soutenable, avec des quotas, la population de la rivière George peut être secourue avant de disparaître. « On veut à tout prix réduire la chasse qui est faite de façon illégale, et on pense que c’est la meilleure voie. »

En temps normal, le déclin aussi massif d’une espèce est confié au Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Or, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a décidé de ne pas retenir la recommandation du COSEPAC de classer cette population dans la catégorie « en voie de disparition ».

« Si on accepte cette recommandation, ça ferait en sorte que la chasse demeurerait illégale et d’autres mesures de protection seraient mises en place sur le territoire, ce qui créerait encore plus de conflits avec les Autochtones », conclut John Pisapio.

Camille Martel, Radio-Canada

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