Le gouvernement du Québec interpellé il y a plus de 10 ans au sujet des évacuations médicales

Sylvie Côté, coordonnatrice du programme Évacuations aéromédicales du Québec (EVAQ), CHU de Québec-Université Laval; Dr Richard Bernier, directeur médical du programme EVAQ, CHU de Québec-Université Laval; et André Lizotte, directeur des services préhospitaliers d’urgence, ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). (Radio-Canada)
Les critiques concernant l’évacuation aéromédicale d’enfants sans accompagnement étaient connues depuis des années par le gouvernement du Québec. C’est ce qu’ont confirmé des représentants de l’organisme Évacuations aéromédicales du Québec (EVAQ), lors de leur témoignage à la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics (CERP), mercredi.

Ce n’est qu’en juin dernier qu’une politique a été adoptée pour mettre fin à cette pratique.

Face à de nombreuses critiques, le gouvernement s’était positionné en faveur de l’accompagnement parental lors des évacuations médicales d’urgence par voie aérienne. L’EVAQ a adopté, en juin 2018, une politique en ce sens, qui a permis de réduire considérablement le nombre d’évacuations médicales sans accompagnement.

Selon des données fournies par l’EVAQ, 25,8 % des demandes d’accompagnement ont été refusées entre le 29 juin et le 16 septembre 2018. Entre le 18 septembre et le 20 octobre 2018, le pourcentage des refus a baissé à 3,5 %.
Le gouvernement y était opposé depuis des années

La procureure de la Commission d’enquête, Edith-Farah Elassal, s’est toutefois demandé pourquoi il a fallu autant de temps au gouvernement pour mettre fin à cette pratique, alors qu’il s’agissait d’une situation décriée depuis des années.

Elle a déposé en preuve une pétition datée de 1990 et une lettre de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse qui avait été envoyée au ministre de la Santé en 2005. Une autre demande formelle avait été formulée de la directrice du Centre de santé Inuulitsivik, dans la communauté inuite de Puvirnituq, en 2011.

Le ministre avait mis sur pied en 2005 un comité de travail pour analyser la situation, mais ce comité n’avait que réaffirmé la position du ministre, soit le statu quo.

La procureure de la Commission d’enquête Edith Farah Elassal a cherché à avoir des explications du directeur des services préhospitaliers d’urgence pour le ministère de la Santé, André Lizotte, qui était membre du comité.

« Vous vous rencontrez pour un mandat de revoir l’opportunité de réanalyser la pratique et aussi de voir l’impact sur les familles, mais vous en venez à la même conclusion que celle contenue dans la lettre du ministre [publié 3 semaines plus tôt]? »

« Les mesures de l’impact sur les familles auraient peut-être nécessité une approche plus exhaustive, ce qui n’a pas été le cas. »

André Lizotte

Le directeur médical de l’EVAQ, Richard Bernier, s’est justifié, en expliquant que l’attention portée aux aspects psychosociaux n’était pas aussi importante à l’époque qu’aujourd’hui. [Le fonctionnement de l’EVAQ] a évolué selon son rythme, selon les circonstances , a-t-il déclaré.

« Dans les années 1700, quelqu’un qui faisait une épilepsie était considéré comme un hérétique et possédé du démon. Aujourd’hui, est-ce que c’est la même chose? Non. La société a évolué, la médecine a évolué », a-t-il donné à titre d’exemple.

André Lizotte a toutefois reconnu qu’il avait fallu beaucoup de temps à l’EVAQ pour modifier ses pratiques. « On réussit à répondre à cet élément, peut-être que notre cheminement a été long, mais on a réussi à mettre en place l’accompagnement parental », a-t-il souligné.

Une période de transition

Les représentants de l’EVAQ ont expliqué que c’étaient des enjeux de sécurité qui justifiaient la position antérieure, notamment en raison de l’insuffisance de l’espace disponible. La présence d’un agent de bord pour accompagner le parent était aussi obligatoire, alors que leurs disponibilités étaient limitées.

La coordonnatrice de l’EVAQ, Sylvie Côté, a expliqué qu’il a fallu une période de transition.

« Les gens n’étaient pas prêts à cette procédure quand on l’a mise en place au mois de juin, fallait qu’il y ait un peu de vécu, pour être capable après de comprendre les enjeux. »

Sylvie Côté

« Maintenant, on n’a plus besoin de vendre le positif de l’accompagnement parental à nos équipes, on avait la sécurité à garder, puis je pense qu’avec ce qu’on a mis en place, tout le monde réalise que ce qu’on fait est sécuritaire », a mentionné Sylvie Côté, coordonnatrice de l’EVAQ.

Les représentants de l’EVAQ ont assuré que le refus d’accueillir à bord des accompagnateurs serait dorénavant exceptionnel.

Thomas Deshaies, Radio-Canada

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