Benoit Charette remplace MarieChantal Chassé au ministère de l’Environnement du Québec

La ministre de l’Environnement du Québec MarieChantal Chassé, lors de son assermentation. (Mathieu Potvin/Radio-Canada)
Le premier ministre du Québec François Legault a annoncé au cours d’un point de presse, mardi, avoir demandé à la ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, MarieChantal Chassé, de quitter ses fonctions. C’est le député de Deux-Montagnes, Benoit Charette, qui lui succédera.

« On a convenu ensemble que c’était mieux qu’elle prenne un pas de recul et qu’elle cède à quelqu’un d’autre ses responsabilités de ministre de l’Environnement », a dit M. Legault de son ex-ministre, qui ne sera restée en poste que 83 jours.

Le premier ministre a admis d’emblée avoir pris cette décision en raison des difficultés que Mme Chassé éprouvait dans ses relations avec les médias.

Il a rappelé qu’il avait dû choisir les membres de son Conseil des ministres parmi des élus sans expérience ministérielle – exception faite de l’ancienne libérale Marguerite Blais – ajoutant que les Québécois voulaient « de nouveaux visages ».

« Bien honnêtement, à part Marguerite Blais, j’ai pris une chance sur 25 personnes et je trouve que ma moyenne au bâton est bonne », a affirmé le premier ministre Legault, qui a interrompu ses vacances pour annoncer cette décision.

« Les nouveaux venus se débrouillent très bien, s’est-il réjoui. Ça a été un peu plus difficile » pour MarieChantal Chassé.

« C’était plus difficile concernant MarieChantal [Chassé]. Je pense que MarieChantal commençait à bien comprendre ses dossiers, c’est une ingénieure, une femme d’affaires, mais la partie communication avec les journalistes, c’était difficile. »

François Legault, premier ministre du Québec

Il a indiqué l’avoir rencontrée au cours des derniers jours, avouant avoir émis « des doutes » à la suite des échanges qu’elle avait avec les journalistes.

François Legault a indiqué qu’il comptait confier à MarieChantal Chassé « de nouvelles responsabilités » au cours des prochaines semaines, soulignant sa formation d’ingénieure et son expérience de femme d’affaires. Il n’a pas exclu la possibilité de la ramener éventuellement au sein de son Cabinet.

MarieChantal Chassé reste députée de Châteauguay, une circonscription qu’elle a ravie, le 1er octobre dernier, au ténor libéral et ex-ministre Pierre Moreau.

« Fière du travail accompli »

Réagissant sur sa page Facebook, Mme Chassé a indiqué qu’en se lançant en politique, elle a « fait le choix de relever des défis difficiles ». Elle dit quitter ses fonctions « la tête haute, fière du travail accompli ».

« Avec maturité, le premier ministre et moi avons décidé qu’il valait mieux que je passe le flambeau et cède mes responsabilités de ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques », écrit-elle.

« Malgré la perception donnée par la lorgnette médiatique, les affaires avancent bien au ministère de l’Environnement et je laisse une organisation bien en selle, ainsi qu’un plan clair pour que mon successeur puisse relever les défis qui sont les nôtres. »

MarieChantal Chassé
Un nouveau ministre avec une expérience parlementaire
Le premier ministre François Legault a remplacé MarieChantal Chassé par Benoit Charette à la tête du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. (Jacques Boissinot/La Presse canadienne)

François Legault a vanté la « grande rigueur » et la « vaste expérience politique [et] parlementaire » du nouveau titulaire du portefeuille de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Député caquiste depuis 2014, Benoit Charette avait mordu la poussière en 2012, après son arrivée à la Coalition avenir Québec (CAQ). Il avait été élu sous la bannière péquiste en 2008.

« Il a piloté des dossiers très importants », a assuré M. Legault, évoquant notamment celui de « l’offre concernant le transport à la grandeur du Québec ».

Il connaît bien les dossiers du transport en commun et de l’électrification des transports, a-t-il plaidé, présentant cet enjeu comme une priorité.

Qualifiant la lutte contre les changements climatiques d’« immense défi pour notre société et toute notre planète », M. Legault a ajouté qu’elle se faisait toutefois dans un contexte où le Québec devait réduire l’écart de richesse avec les autres provinces de façon à moins dépendre de la péréquation.

Interrogé sur sa décision initiale d’écarter M. Charette, en octobre, M. Legault a répondu que la composition d’un Cabinet devait répondre à une « série de critères », dont la représentativité des régions.

« Il est passé proche [d’être nommé ministre], je suis très content qu’il soit maintenant au Conseil des ministres », a-t-il affirmé.

Présent aux côtés du premier ministre, M. Charette s’est réjoui du « beau privilège » d’être nommé à la tête du ministère de l’Environnement. « Les Québécois sont de plus en plus soucieux des questions environnementales », a-t-il commenté.

Le rôle du ministère dont il vient d’hériter ne se limite pas à la réduction des gaz à effet de serre, a-t-il en outre rappelé, citant en exemple la qualité de l’eau et la gestion des déchets.

Il a précisé que la concertation avec le milieu des affaires, le monde municipal, les experts et les groupes environnementaux serait au cœur de son approche comme ministre.

Il dispose de quelques jours pour se familiariser avec ses nouvelles responsabilités, avant la rentrée parlementaire, le 5 février.

Benoit Charette est président de la Commission des institutions. Le premier ministre n’a pas indiqué s’il conserverait ces responsabilités.

Avec le départ de MarieChantal Chassé et l’arrivée de son successeur, le Conseil des ministres compte désormais 14 hommes et 12 femmes. « L’objectif de parité reste important, mais il ne faut pas être rigide », a soutenu le premier ministre.

Sans surprise, mais dans l’attente de gestes concrets

« On a bien vu que c’est une ministre qui avait des difficultés, on n’est pas surpris », affirme Marie Montpetit, porte-parole du Parti libéral en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques.

« Est-ce que c’est la personne qui a quitté le poste qui est un problème ou est-ce que c’est la position de la CAQ qui l’est? » s’interroge Mme Montpetit.

« On sait que l’environnement n’a jamais été un dossier important pour M. Legault. Il faudra voir s’il en deviendra un, si M. Charette sera capable d’en faire une priorité pour son gouvernement. »

Marie Montpetit, porte-parole du PLQ en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques

Pour le Parti québécois, c’était prévisible, mais était-ce l’erreur de la ministre?

« Peut-être que Mme Chassé ne l’avait pas au niveau des communications, mais au niveau du contenu, elle n’avait rien à dire et ce n’est pas de sa faute à elle. C’est la CAQ qui n’a rien à proposer en matière d’environnement. »

Sylvain Gaudreault, porte-parole du PQ en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques

Ruba Ghazal, députée de Québec solidaire, se dit, quant à elle, « surprise que ce soit fait aussi tôt ». M. Legault, dit-elle, savait que MarieChantal Chassé était « une néophyte en environnement […] il fallait qu’elle apprenne ses dossiers très rapidement […] surtout dans un gouvernement qui est arrivé les mains vides par rapport à sa plateforme gouvernementale ».

La députée solidaire se questionne par ailleurs sur le nouveau ministre, M. Charette.

« Est-ce que ça va être uniquement de la communication gouvernementale? »

Ruba Ghazal, députée de Québec solidaire

Le nouveau ministre a une plus grande expérience parlementaire et « il comprend les enjeux autour du transport, de l’aménagement du territoire. Il part avec une longueur d’avance », selon Steven Guilbeault, coprésident du Conseil consultatif fédéral en matière de lutte contre les changements climatiques.

Sans connaître personnellement le nouveau ministre, Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie et Arctique à Greenpeace Canada, voit d’un bon œil son arrivée au gouvernement. Il estime que Benoit Charette a « une expérience au niveau international qui peut clairement aider à faire des alliances, des ententes comme le Québec a avec d’autres juridictions à travers le monde ».

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