Les Autochtones perdent leur santé dans les prisons canadiennes

La surreprésentation des Autochtones a des effets négatifs sur leur santé, selon des chercheurs. (iStock)
Des chercheurs de Winnipeg, au Manitoba (Prairies) affirment que la surreprésentation des Autochtones dans le système carcéral canadien a un effet négatif direct sur leur santé.

Pour le Dr Davinder Singh, de l’Office régional de la santé de Winnipeg et coauteur de l’étude, la population autochtone au pays est bien plus présente dans les prisons que tout autre groupe.

Les chercheurs se sont appuyés notamment sur les chiffres de Statistique Canada pour 2016-2017. Alors que les Autochtones constituaient seulement plus de 4 % de la population adulte canadienne, ils représentaient environ 28 % des détenus. Cette surreprésentation est encore plus marquante chez les mineurs, soit près de 46 %.

Selon leur recherche, Davinder Singh et ses deux collègues, Sarah Prowse et Marcia Anderson, ont démontré que les hommes autochtones perdent ainsi quatre à six fois plus d’années de leur vie derrière les barreaux que les non-Autochtones et que les femmes y passent six à neuf fois plus de temps que les femmes non autochtones.

« Rien qu’au Manitoba, les Autochtones sont 18 fois plus susceptibles d’être en prison », souligne le chercheur.

Des conséquences multiples

Davinder Singh ajoute que le temps passé en prison augmente les risques pour la santé, car il a des conséquences telles que des problèmes cardiovasculaires dus au stress, des infections ou encore des problèmes de santé mentale.

De plus, il précise que l’incarcération accroît les risques pour la santé hors de la prison. « Surtout dans les deux semaines après la libération, il y a des cas de suicide ou de surdose », explique-t-il.

D’autres effets indirects sont aussi à prendre en compte, comme la difficulté de trouver un emploi ou un logement, qui peuvent entraîner les anciens détenus dans la rue.

« Notre recherche a montré que, pour chaque année passée dans le système carcéral, leur espérance de vie diminue d’environ deux ans. L’expérience de la prison n’est pas forcément différente pour une personne non autochtone, mais la représentation est très différente », souligne le Dr Singh.

Selon ses collègues et lui, il est nécessaire de regarder les rapports qui ont été déjà faits sur les moyens de prévenir la forte incarcération des Autochtones. Il cite ainsi les recommandations présentes dans le rapport de la Commission d’enquête sur l’administration de la justice et les Autochtones du Manitoba en 1991 ou de la Commission de vérité et réconciliation en 2015.

« Nous devons faire un meilleur travail pour établir les raisons de ces emprisonnements et déterminer rapidement si nos programmes de prévention sont efficaces », conclut Davinder Singh.

Julien Sahuquillo, Radio-Canada

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