Arctique canadien : une association inuit du Nunavut déçue du projet de loi sur la réforme de l’éducation

La présidente de l’organisation Nunavut Tunngavik Inc. (NTI), Aluki Kotierk, affirme que le projet de loi 25 sur l’éducation ne respecte pas l’engagement du gouvernement du Nunavut, dans l’Arctique canadien, de mettre en place un système d’éducation bilingue. (Kieran Oudshoorn/CBC)
Même s’il en fait l’une de ses promesses phares depuis 20 ans, le gouvernement du Nunavut, dans l’Arctique canadien, a de nouveau échoué à mettre en place un système d’éducation bilingue, déplore l’organisme Nunavut Tunngavik Inc. (NTI), qui représente les Inuit du territoire.

Le gouvernement territorial a déposé mardi à l’Assemblée législative du Nunavut le projet de loi 25 qui vise à modifier la Loi sur l’éducation et la Loi sur la protection de la langue inuit.

« [Le projet de loi 25] n’est pas conforme à la responsabilité confiée aux ministres de l’Assemblée législative par les Nunavummiut [Inuit du Nunavut, NDLR] », a indiqué par voie de communiqué la présidente de Nunavut Tunngavik Inc., Aluki Kotierk.

Longtemps attendue par les Inuit du Nunavut, la Loi sur l’éducation de 2008 visait initialement à mettre en place dès 2019 un parcours scolaire bilingue entre la 4e et la 9e année, mais le gouvernement territorial n’est pas parvenu à atteindre son objectif.

Le projet de loi 25 propose notamment de repousser de plusieurs années l’échéance pour mettre en œuvre un système d’éducation bilingue à travers le territoire.

S’il est adopté, ce projet de loi échelonnera sur 20 ans l’instauration de l’enseignement bilingue en inuktut, la langue inuit, et en anglais entre les niveaux primaires et secondaires.

« Avec cet échéancier aussi lointain, un enfant né aujourd’hui – qui aura 20 ans en 2039 – ne pourra toujours pas recevoir d’instruction en inuktut de la 9e à la 12e année », souligne Aluki Kotierk.

L’inuktitut serait enseigné comme première langue à compter de 2039 aux élèves de 12e année, et l’inuinnaqtun à partir de 2037 dans les classes de 11e année.

Deuxième tentative de réforme

Selon le recensement de 2016, l’inuktut est la langue maternelle de plus de 60 % de la population du territoire et regroupe deux principaux dialectes, à savoir l’inuktitut et l’inuinnaqtun. Mais le gouvernement du Nunavut s’inquiète depuis plusieurs années du recul de l’inuktut au profit de l’anglais.

En 2017, le gouvernement territorial a déposé à l’Assemblée législative le projet de loi 37, qui visait à réformer le système d’éducation. L’Assemblée législative du Nunavut avait toutefois abandonné le projet de loi, puisqu’il impliquait notamment de reporter de 10 ans, soit jusqu’en 2029, l’échéance pour instaurer un système d’éducation bilingue.

Mais tout le problème, selon Aluki Kotierk, vient de cette précédente tentative de réforme en éducation. La présidente de l’organisation inuit Nunavut Tunngavik Inc. reproche au gouvernement territorial de proposer « les mêmes amendements reconditionnés » que ceux figurant dans le projet de loi 37. « Cela va à l’encontre des responsabilités conférées aux ministres de l’Assemblée législative par les Nunavummiut », mentionne-t-elle.

Pénurie d’enseignants

Les établissements scolaires du territoire font face à une pénurie d’enseignants depuis plusieurs années. Selon le ministère de l’Éducation, les écoles du Nunavut comptent actuellement 140 enseignants offrant des cours en inuktut, mais le gouvernement estime qu’il faudrait au moins 450 enseignants bilingues supplémentaires pour parvenir à mettre en place un système d’éducation bilingue.

Le Collège de l’Arctique, à Iqaluit, est le seul établissement du Nunavut qui offre une formation bilingue d’enseignement. Selon le ministère de l’Éducation, 21 étudiants ont obtenu un diplôme en 2017 grâce à ce programme, contre 9 en 2018.

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