1994, le général de brigade Roméo Dallaire reçoit l’ordre de prendre le commandement de la mission des Nations unies au Rwanda (MINUAR) … 800 000 morts plus tard, est-il besoin de rappeler la suite?
Pour le général Dallaire, oui. L’homme est revenu meurtri de cette mission où il a été carrément abandonné par le monde entier. De la chaîne de commandement des Nations unies à son propre pays, le Canada, des autres nations du monde aussi. Ce qui se passait dans la région des Grand Lacs rendait toute la communauté internationale, disons « inconfortable » sans pour autant la mobiliser vers une intervention. Et le carnage s’est poursuivi.
Roméo Dallaire est revenu au Canada meurtri, déchiré, désabusé. Ses dernières années comme militaire ont été très difficiles, les images des collines de ce très beau pays qu’est le Rwanda, de ces sourires magnifiques de personnes qui, du jour au lendemain, pour cause d’appartenance ethnique, devenaient bourreaux ou victimes, ou les deux à la fois, lui revenaient en mémoire, lui arrachant des douleurs émotives extrêmes.
Promu major-général puis lieutenant-général avant de revenir à la vie civile, Roméo Dallaire est nommé sénateur au Parlement canadien. Mais une réalité le hante toujours … Rwanda.
Il écrit J’ai serré la main du diable. Un documentaire suit cette parution et un film à succès.
C’est au cours de la rédaction de ce très long texte qui aura été la première étape de son retour à une certaine normalité, alors qu’il mettait de l’ordre dans ses notes que la grande thèse qu’il défend aujourd’hui a vu le jour.
Quelques années plus tard, le général Dallaire publie Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants» où il défend la thèse voulant que l’enfant soldat soit l’arme de destruction la plus accessible, la plus disponible, la plus facilement contrôlable, l’enfant-soldat.
L’équipe du célèbre documentaire J’ai serré la main du diable, où Dallaire partageait son expérience du désastre rwandais, retrouve cette figure majeure de l’histoire contemporaine dans Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants.
C’est en 2012, que Roméo Dallaire a redonné sens à sa vie en se consacrant à cette cause humanitaire primordiale : la lutte contre l’utilisation d’enfants-soldats dans les conflits.
Le documentaire de Patrick Reed Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants a été tourné en République démocratique du Congo, au Sud-Soudan et au Rwanda. On y suit le travail du général auprès des enfants mais aussi des chefs de groupes armés. De plus le terrifiant récit d’un ancien enfant-soldat ponctue le film par des séquences d’animation saisissantes.
Un film indispensable, porté par la personnalité charismatique d’un grand humaniste.
Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants. A été présenté en mai dans le cadre de la série mensuelle Docville, organisée par les RIDM, les Rencontres internationales du Documentaire de Montréal.
De fait, les Rencontres internationales du documentaire – le festival en tant que tel – a lieu en novembre, mais l’équipe organise des projections une fois par mois pour faire connaître le documentaire à l’année, pas seulement durant les 10 jours consécutifs du festival. Rappelons aussi que ce film prend l’affiche au Québec ce vendredi 7 juin.
Anne Sainte-Marie est responsable des Communications chez Amnistie internationale Canada francophone. Elle a vu Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants et en parle au micro de Raymond Desmarteau.
Pour voir la bande annonce du film Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants
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