Juan Arguello

Juan Arguello, originaire du Mexique
Photo Credit: CBC

Saskatchewan : Des travailleurs étrangers réclament des milliers de dollars à leur employeur

Originaires du Mexique et de l’Irlande, deux travailleurs étrangers temporaires réclament du même employeur des milliers de dollars en heures supplémentaires impayées dans le domaine de l’hôtellerie dans l’ouest du Canada.

Le charpentier Juan « Balta » Arguello et la femme de chambre Niahm Scanlon reprochent aussi au propriétaire de la chaîne Western Star Inn and Suites, Gary Brar, de les avoir fait travailler ailleurs que ce qui était stipulé dans leurs contrats. Juan Arguello va jusqu’à parler d’un « nouveau modèle d’esclavage ».

Le contrat du travailleur mexicain prévoit un taux horaire de 20,30 $ et un taux de 30,45 $ par heure supplémentaire. Le charpentier soutient que malgré environ 100 heures supplémentaires par mois, il n’a jamais été payé à temps et demi pour ces heures travaillées. Son employeur, dit-il, lui a plutôt offert une prime de 1000 $ par mois « à prendre ou à laisser » peu importe le nombre d’heures travaillées. Le travailleur explique qu’il a accepté l’offre, mais qu’il a attendu cinq mois avant de recevoir un paiement de 5000 $.

De son côté, Niahm Scanlon fait état d’heures de travail éreintantes durant lesquelles elle et d’autres travailleurs irlandais pouvaient se lever à 4 h du matin, travailler jusqu’à 14 h, puis reprendre la besogne vers 17 h ou 18 h et terminer la journée aussi tard que 22 h en soirée. Mme Scanlon relate qu’elle a été payée pour ses heures supplémentaires à sa première période de paie, mais qu’après cela, la compagnie refusait de payer. Elle a fini par démissionner à la fin janvier, pour se trouver un autre emploi.

Envoyés d’une ville à une autre

Par ailleurs, l’employeur semble ne pas avoir respecté les règles du Programme de travailleurs étrangers temporaires du Canada. Comme tout demandeur, il a dû obtenir des avis relatifs au marché du travail (AMT). Ces avis émis par le gouvernement fédéral confirment que les travailleurs étrangers comblent un réel besoin pour une région particulière et qu’aucun travailleur canadien ne peut faire leur travail.

L’AMT remis à Gary Brar, pour qu’il puisse faire venir Juan Arguello du Mexique, concernait la ville d’Estevan, en Saskatchewan, qui connaît un boom pétrolier. Cependant, le Mexicain n’a jamais travaillé à Estevan, mais plutôt ailleurs dans cette province des Prairies canadiennes et dans la province voisine du Manitoba.

Pour sa part, l’Irlandaise Niahm Scanlon, qui devait travailler à Stoughton, raconte avoir été transférée dans une autre région dès son arrivée. En outre, son AMT stipulait qu’elle devait travailler comme femme de chambre, mais elle travaillait « régulièrement » à la réception, dit-elle.

Témoignages publics inhabituels

Ce que ces travailleurs étrangers ont vécu n’est pas inhabituel, mais leurs témoignages publics le sont, fait remarquer la professeure de droit de l’Université York à Toronto, Fay Faraday. Elle explique qu’en faisant une recherche sur les mauvais traitements vécus par les travailleurs étrangers temporaires, aucun des 200 participants à son étude ne souhaitait être nommé. Cela rend la détection des abus très difficile, dit-elle, car les gouvernements provinciaux et fédéraux ont le plus souvent besoin de recevoir une plainte pour agir.

Gary Brar promet des explications

La responsable de la paie de Western Star Inn and Suites a admis que Niahm Scanlon avait eu « quelques quarts de travail » à la réception, et que des travailleurs sont parfois déplacés dans des régions auxquelles l’AMT ne fait pas référence. « Je connais les règles et oui, c’est notre faute », a reconnu la responsable de la paie Carla Eagan.

Toutefois, elle nie que la travailleuse irlandaise a travaillé des heures supplémentaires. Elle maintient aussi que l’entreprise ne fait pas de quarts fractionnés. « Elle vivait à l’hôtel, mais vous ne pouvez pas compter les heures de repos et de sommeil comme étant des heures supplémentaires », a fait valoir Mme Eagan.

L’employeur Gary Brar confirme que Juan Arguello a fait des heures supplémentaires qui ne se reflètent pas sur ses talons de paie. Il ajoute, sans donner plus de détails, que le Mexicain lui doit de l’argent et qu’il a payé pour les allers-retours entre le Mexique et le Canada de l’employé. Celui-ci nie avoir reçu une quelconque somme d’argent.

« Je peux tout expliquer à 100 % », a prétendu M. Brar durant un court entretien avec une équipe journalistique de CBC-Radio-Canada. Il n’a cependant jamais rappelé pour fournir ces explications.

RCI, Radio-Canada et CBC

Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés
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