pilules

Photo Credit: iStock

Les pilules du « dopage » scolaire?

Plusieurs étudiants consomment des pilules dites intelligentes (« smart drugs ») afin de mieux performer dans leurs études et particulièrement lors des examens.

Cette pratique, de plus en plus adoptée, constitue-t-elle une forme de tricherie ou de dopage scolaire? Est-ce qu’elle rend ses utilisateurs plus « intelligents »?

Des étudiants qui désirent augmenter leur niveau de concentration et optimiser leur performance scolaire prennent ces « smart drugs » ou nootropes (amplificateurs cognitifs)

Ces derniers sont initialement destinés à soigner des personnes atteintes de déficit de l’attention, de troubles dépressifs ou d’alzheimer

De 5 % à 35 % des étudiants en médecine au Canada consomment des « smart drugs », selon une estimation du Journal de l’association médicale canadienne.

Parmi ces pilules dites intelligentes, on trouve le célèbre Ritalin, le Modafinil et le Provigil.

Des observateurs de ce phénomène grandissant l’expliquent principalement par :

– une orientation carriériste plus accentuée des jeunes étudiants comparativement aux générations précédentes jumelée à une culture de performance, symptôme de la société moderne;

– les jeunes diplômés, souvent lourdement endettés, doivent faire face à un marché de travail hypercompétitif. Ces pilules sont parmi les « outils » qui les aident à décrocher un diplôme réputé et avec de bonnes moyennes;

– une quantité grandissante d’informations et de connaissances à engranger, notamment pour les disciplines scientifiques et techniques;

– la facilité de se procurer sur le web ces médicaments qui se vendent dans les pharmacies traditionnelles, normalement sur ordonnance.

class
© iStock

L’attention semble de nos jours une denrée rare. Sollicités par plusieurs stimuli surtout de nature électronique, les jeunes étudiants sont de moins en moins en mesure de se concentrer longtemps sur des sujets d’étude scolaires.

Mettre le cerveau d’Einstein dans la tête de Homer Simpson

Ces pilules « intelligentes » rendent-elles leurs consommateurs plus intelligents? Les pilules dites intelligentes aident-elles les étudiants à obtenir de meilleures notes et à réussir haut la main leurs examens?

Ces amplificateurs cognitifs « mettent le cerveau dans des conditions chimiques optimales », a déclaré Amy Arnsten, professeure de neurobiologie de Yale Medical School à la BBC. Ce qui ne signifie pas nécessairement qu’on va mettre le cerveau d’Einstein dans la tête de Homer Simpson, a-t-elle ironisé.

D’autres neurologues rappellent toutefois les effets secondaires indésirables parfois graves de ces nootropes, notamment : un cerveau moins « agile » ou plus paresseux à moyen et à long terme à cause d’une sollicitation accrue des neuromédiateurs par les « smart drugs »; une augmentation de la tension artérielle, des dommages au foie et aux reins, de la tachycardie.

Des enseignants croient que la consommation de « smart drugs » par les étudiants pose un sérieux problème éthique : c’est une forme de dopage voire de tricherie qui désavantage leurs collègues qui n’en consomment pas. Une enseignante en neuroscience de l’Université de Cambridge a appelé à la mise en place de tests de dépistage des « smart drugs » avant que les étudiants ne passent leurs examens!

Les nouvelles générations qui prennent des « smart drugs » sont « les héritières de l’individualisme narcissique qui caractérise nos sociétés occidentales contemporaines, mais sont également les précurseurs de la colonisation du social par le médical », estiment les deux professeurs Marcelo Otero et Shirley Roy de l’UQAM dans leur livre Qu’est-ce qu’un problème social aujourd’hui : repenser la non-conformité.

Écoutez

Zoubeir Jazi
column-banner-zoubeir

Catégories : Internet, sciences et technologies, Santé
Mots-clés : , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.