Le premier ministre Stephen Harper, à droite, et Thomas Mulcair, chef de l'opposition officielle, en bas à gauche

Le bilan des 10 dernières années du gouvernement canadien n'est pas reluisant en matière de droits humains, selon l'ONU
Photo Credit: PC / Adrian Wyld

Droits humains : des ONG déçues de la réaction d’Ottawa

Une coalition de groupes de défense des droits civils se désole de la réaction du Canada au rapport critique du Comité des droits de l’homme de l’Onu. Au lieu de chercher à rectifier le tir, se plaignent les ONG, Ottawa se dit plutôt fier de son bilan en matière de respect des droits humains.

Jeudi, le Comité des droits de l’homme de l’Onu a sévèrement critiqué le gouvernement canadien sur plusieurs sujets : inégalités dont sont victimes les populations autochtones,  violences faites aux femmes, détentions abusives de réfugiés ou d’immigrants, etc. Le Canada a promis de répondre formellement aux recommandations du comité la prochaine fois qu’il sera mis en examen, soit en 2020.

Outrée, une coalition de 14 organisations de défense des droits civils estime que le Canada ne peut pas attendre aussi longtemps pour répondre au rapport de l’ONU. « Le Canada, écrit la coalition, a le capital humain et financier pour tenir compte des recommandations du comité, améliorer le respect de ses engagements en matière de droits humains et reprendre sa place de leader mondial pour ce qui est des enjeux de droits humains ».

La coalition ajoute que « Les victimes des violations des droits de l’homme ne peuvent attendre dix années de plus pour obtenir une série de recommandations que le Canada accueillera sans toutefois agir. »

Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone résume les reproches formulées contre le gouvernement canadien.

Écoutez
Comité des droits de l'Homme de l'ONU
Comité des droits de l’Homme de l’ONU © Radio-Canada

Le Comité des droits de l’homme de l’Onu, un regroupement international d’experts indépendants, a analysé le respect, par le Canada, des obligations imposées par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Tout en disant comprendre que le Canada veuille se protéger du terrorisme,  le comité rappelle cependant que « l’État partie doit éviter d’adopter une loi qui impose des restrictions excessives sur l’exercice des droits en vertu du pacte ».

Il recommande donc à Ottawa de réécrire sa loi antiterroriste pour s’assurer qu’elle respecte le pacte international relatif aux droits civils. Les experts des Nations Unies suggèrent aussi l’imposition de plus de balises pour que le partage de renseignement avec d’autres agences ne mène pas à la violation des droits humains.

Le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney
Le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney

Le gouvernement canadien ne bronche pas

À l’instar des États-Unis, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, le Canada a voté contre le rapport des Nations Unies à Genève. Et à Ottawa, les critiques du comité n’ont pas ému le gouvernement conservateur. Jeremy Laurin, un porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Stephen Blaney a réaffirmé qu’au sujet de la loi antiterroriste, le Canada a pris des mesures raisonnables semblables à celles adoptées par ses proches alliés pour défendre leurs citoyens.

Le Canada a aussi été critiqué sur d’autres dossiers, comme l’absence de commission d’enquête nationale sur les femmes autochtones assassinées ou disparues, la parité salariale, la violence contre les femmes, les conditions dans les prisons, la détention des immigrants et l’enquête menée par l’Agence du revenu du Canada, l’hésitation du gouvernement à surveiller les minières canadiennes ayant des activités à l’étranger et qui pourraient y violer les droits humains à l’étranger, etc.

En guise de réponse générale aux différentes critiques, Johanna Quinney, la porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Rob Nicholson, s’est contentée de dire que « Le Canada est le meilleur pays du monde », et que le gouvernement est fier de son action en matière de droits humains, tant au pays qu’à l’étranger.

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique, Société
Mots-clés : , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.