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Le retour de l’éducation sexuelle au Québec… Sans sexologues?

Deux sexologues montréalaises bien en vue et qui animent une émission de radio dans une station communautaire de Montréal ajoutent leurs voix à celles d’enseignants qui dénoncent le projet pilote québécois du ministère québécois de l’Éducation qui vient d’être lancé dans plusieurs écoles de cette province.

Kim Brière-Charest, bachelière en sexologie et Edith Fanny Morin, réalisatrices et animatrices de l’émission Le Sexe a ses raisons à la radio CIBL remettent en question la pertinence de la nouvelle approche du ministère en matière d’éducation sexuelle qui propose d’enseigner la sexualité aux élèves du primaire et du secondaire sans l’expertise de sexologues.

Alors que le retour des cours d’éducation sexuelle fait consensus, selon elles, le ministère de l’Éducation projette de reléguer cette responsabilité au personnel scolaire en faisant littéralement abstraction des sexologues.

Aide-mémoire…
Le nouveau projet pilote québécois commençant cet automne ne prévoit pas de véritables cours d’éducation sexuelle, mais une formation offerte à travers différents cours déjà en place comme ceux de français lorsque l’occasion se présentera.

La formation sera offerte dans une quinzaine d’écoles, privées et publiques, francophones et anglophones, de milieu rural et urbain, de milieu favorisé et non favorisé dans différentes régions du Québec.

La sexualité sera enseignée de la maternelle à la cinquième année du secondaire, à raison de cinq heures par année au primaire et de 15 heures par année au secondaire, en 2015-2016 et 2016-2017.

Les écoles qui le désirent pourront cependant augmenter ce nombre d’heures.

Ce programme, dont bénéficieront 8200 élèves, devrait par la suite être intégré au curriculum des élèves dès 2017.

Kim Brière-Charest et Marie-Gabrielle Ménard
Kim Brière-Charest et Marie-Gabrielle Ménard © CIBL

Pas une tâche à prendre à la légère

Dans un communiqué, les sexologues Kim-Brière-Charest et Edith Fanny Morin expriment leur frustration : « l’éducation sexuelle n’est pas une « tâche » à prendre à la légère. Aujourd’hui, on souhaite mandater le personnel scolaire déjà surchargé pour animer ces cours. Ironiquement, le Québec est pionnier en sexologie. Non seulement nous détenons une des formations les plus complètes et convoitées au monde à l’Université du Québec à Montréal, mais nous disposons du premier et seul, à ce jour, Ordre professionnel des sexologues. Des sexologues formés au minimum trois ans pour aborder la sexualité humaine en intervention éducative et préventive. Trois ans. Et non une journée et demie avec 8 à 12 heures réparties en quatre visioconférences et quelques lectures par année. Une formule nettement insuffisante pour répondre adéquatement aux réalités vécues par les jeunes. »

Rappelons qu’en juin dernier, le corps professoral québécois a rejeté en masse le projet pilote tel que proposé par le gouvernement québécois, car plusieurs enseignants disent qu’ils seront confrontés au problème de devoir livrer ce contenu eux-mêmes, avec peu de marge de manœuvre alors que l’éducation sexuelle dépasse pour plusieurs d’entre eux leurs qualifications professionnelles.

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Catégories : Santé, Société
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