Un policier turc monte la garde aux abords du pont Bosphore, à Istanbul.

Après le coup d'État avorté du 15 juillet, l'état d'urgence a été décrété en Turquie
Photo Credit: Reuters/Murad Sezer

L’état d’urgence en Turquie inquiète le Canada

 Le Canada, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, se dit préoccupé par la décision du président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, de décréter un état d’urgence de trois mois dans son pays.

Dans un communiqué rendu public mercredi soir, le ministre Dion souligne que le Canada soutient une Turquie démocratique. Ottawa, dit-il, respecte également le besoin d’enquêtes approfondies et de poursuites contre les auteurs de la récente tentative de coup d’État.

Cependant, précise le chef de la diplomatie canadienne, le travail d’enquête doit être mené conformément à la législation turque et au droit international.

Le  Canada, selon M. Dion, est aussi fortement préoccupé par les informations faisant état de licenciements massifs et de détentions, y compris de membres de la magistrature, de fonctionnaires, d’enseignants, d’universitaires, de membres de la société civile et de représentants des médias.

Le Canada est également alarmé par les actes de représailles et d’intimidation. Il dénonce en outre les déclarations de responsables turcs sur la réintroduction de la peine de mort qui brime la dignité humaine et qui est incompatible avec les obligations internationales de la Turquie.

Stéphane Dion, ministre des Affaires étrangères du Canada
Stéphane Dion, le ministre des Affaires étrangères du Canada a fait part des inquiétudes d’Ottawa à propos de la situation en Turquie, notamment au sujet du respect du droit international et des droits de la personne

Les droits des auteurs du coup d’État doivent aussi être respectés

Le ministre Dion appelle les autorités turques à respecter les droits de la personne de tous les individus, y compris les présumés responsables du coup d’État, et à s’assurer qu’ils soient protégés contre la violence aux mains des vigiles.

Le Canada exhorte la Turquie à se conformer pleinement à ses obligations découlant du droit international en matière de droits de la personne, notamment en vertu de la Convention européenne des droits de l’homme de même que des engagements pris en tant que membre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

La situation en Turquie suscite également des inquiétudes en Europe.  En Allemagne, le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a mis la Turquie en garde jeudi contre la tentation d’une chasse aux sorcières visant les opposants politiques.

Il est « essentiel que l’état d’urgence soit limité à une durée nécessaire » au terme de laquelle il doit être « immédiatement levé », a indiqué dans un communiqué le chef de la diplomatie de la chancelière Angela Merkel.

Les parlementaires turcs votent sur une réforme constitutionnelle controversée.
Les parlementaires turcs devraient donner leur aval à l’état d’urgence © Umit Bektas / Reuters

Soutien attendu du Parlement turc

Depuis la tentative du coup d’État du 15 juillet, quelque 10 000 personnes ont été arrêtées et environ 55 000 autres ont été suspendues ou démises de leurs fonctions, selon des chiffres compilés par l’AFP. Le président Erdogan a annoncé mercredi soir l’instauration de l’état d’urgence pour une durée de trois mois en Turquie.

Le président a expliqué que cet état d’urgence donnerait au gouvernement les outils dont il a besoin pour débarrasser l’armée du « virus »  de la subversion.

Pour leur part, les parlementaires turcs se sont réunis jeudi pour accorder d’importants nouveaux pouvoirs au président. Ça pourrait lui permettre d’accentuer encore davantage la répression des derniers jours.

Les 550 membres du Parlement devraient notamment accepter l’état d’urgence de trois mois demandé mercredi par M. Erdogan, dont la formation contrôle 317 sièges.

La Constitution turque stipule toutefois que les mesures d’urgence permettent au gouvernement de suspendre « partiellement ou totalement l’exercice des droits et libertés fondamentaux », pour autant que cela ne contrevienne pas au droit international. La Constitution permet aux parlementaires d’autoriser un état d’urgence d’une durée de six mois.

(Avec La Presse Canadienne et l’AFP)

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