Que l’on garde des souvenirs d’être passé par là ou que l’on soit directement (et intensément) touché par celle de nos enfants, nous savons tous que l’adolescence est une période turbulente vécue par tous les jeunes âgés 13 à 19 ans.
Mais savons-nous vraiment ce que cela signifie d’être un adolescent et à quoi sert cette étape cruciale de la vie ? Et d’autre part, l’endroit où les adolescents vivent, dans ce cas, le Canada, peut-il avoir un impact sur la façon dont les jeunes vivent cette période ? Voyons voir …
Qu’est-ce que l’adolescence?
Bien que le concept même d’ « adolescence» n’ait pas existé avant les années 40, depuis le moment que cette étape a été définie, les adolescents ont été un dilemme pour le « vieux » et les adjectifs pour les définir ont été nombreux. « Paresseux, irresponsables, rebelles » figurent parmi les stéréotypes qui sont associés aux adolescents depuis des décennies.
Biologiquement, il n’y a pas de doute, les changements chez les adolescents sont les mêmes partout dans le monde. Leurs corps évoluent à un rythme rapide depuis le début de la puberté; la production d’hormones androgènes et œstrogènes augmente.
Ces nouveaux niveaux d’hormones produisent des changements physiques extraordinaires, et après quelques années, le corps d’un enfant se transforme, comme par magie, en un corps d’adulte.
C’est tout de même magnifique comme phénomène !
Diversité de perspectives
Plusieurs experts en adolescence affirment que ces « fous rebelles » doivent être analysés sous divers angles, car force est de constater qu’ils sont beaucoup plus que des êtres irresponsables.
Récemment, un documentaire intitulé Surviving 🙂 The Teenage brain – Survivre 🙂 Le cerveau adolescent a présenté les adolescents comme étant, ni plus ni moins, le chaînon ayant permis à l’humanité d’évoluer. Ce qui représente, vous conviendrez, tout un changement de perspective !
En s’appuyant sur des recherches scientifiques sérieuses, les réalisateurs de ce film réussissent à démontrer que les adolescents font tout simplement ce qu’ils sont sensés de faire à leur âge, soit d’assurer la survie de l’espèce humaine !
Dans ce document visuel, c’est prouvé qu’en laissant leur cerveau se développer de la façon la plus libre possible, en remettant tout en question et en essayant quotidiennement de nouvelles expériences (si dangereuses qu’elles soient), les adolescents ont permis aux êtres humains de mieux faire ce qu’ils font depuis leur apparition : survivre dans la planète.
Voilà pourquoi, selon les études mises de l’avant dans le documentaire, il faut absolument écouter les adolescents et respecter leurs processus atypiques pour gérer leur vie.
Être un adolescent au Canada est-il différente de l’être ailleurs dans le monde ?
Au Canada, on compte près de 2 millions et demi de jeunes âgés de 13 à 19 ans. De prime abord, ils semblent être très semblables au reste des adolescents du monde si l’on ne pense qu’aux changements intenses qui ont lieu dans leurs corps et dans leurs cerveaux.
Cependant, si nous parlons précisément de leur qualité de vie, l’information sur ce qui distingue les jeunes Canadiens des autres, varie selon les sources.
Par exemple, si l’on regarde la dernière enquête de l’ONU sur l’indice de bonheur dans le monde, et si l’on considère que cet indice défini adéquatement la qualité de vie, on peut dire que les Canadiens sont parmi les champions du monde car ils ont la 6e place parmi les heureux. Par conséquent, les adolescents du pays aussi !
Selon une évaluation de Statistique Canada, en dépit de se dire stressés par leurs nombreuses responsabilités – le temps qu’ils doivent consacrer aux devoirs scolaires et aux tâches obligatoires à la maison – plus de 50% des jeunes Canadiens ont répondu positivement à la question sur leur niveau de bonheur et sur leur niveau de satisfaction dans la vie.
Pourtant, Jeunesse, j’écoute, un organisme dédié à appuyer et à conseiller les jeunes à travers le Canada, a confirmé qu’un jeune Canadien sur cinq (22% du total) aurait sérieusement envisagé le suicide au cours des 12 derniers mois au Canada. Ces données sont basées sur les résultats d’une enquête menée à l’échelle nationale avec 1 319 adolescents âgés de 13 à 18 ans.
D’autre part, selon une étude réalisée par le Centre de toxicomanie et de santé mentale à Toronto (CAMH), la prévalence de l’anxiété et de la dépression chez les élèves du secondaire dans la province de l’Ontario a augmenté de 24% à 34% entre 2013 et 2015. L’un des co-auteurs de cette étude, Robert Mann, croit que la tendance est similaire dans le reste du pays.
« Nous pensons souvent à l’adolescence comme l’un des meilleurs stades de la vie – dit Robert Mann du CAMH – parce que nous sommes jeunes et en bonne santé, mais ces chiffres montrent que ce n’est pas la réalité pour tous les adolescents »
Selon la même étude du CAMH, un autre aspect à considérer lorsqu’on parle de santé mentale chez les jeunes est sans équivoque l’accessibilité à l’Internet qui peut avoir un impact sur la façon dont ils entrent en relation les uns avec les autres.
- Selon le World Factbook 2015 de l’Agence centrale de renseignement (CIA) des États-Unis, 8 Canadiens sur 10 ont accès à Internet, ce qui équivaut à 31 millions d’utilisateurs – 88,5% de la population totale –
- Les données les plus récentes de l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI), les Canadiens passent en ligne une moyenne de 45 heures par mois, ce qui représente un nombre d’heures plus élevé que le reste du monde.
« La popularité des réseaux sociaux a des aspects positifs et aussi négatifs dans les relations interpersonnelles des adolescents au pays » dit Corine Carlisle psychiatre de jeunes au CAMH
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale à Toronto (CAMH) a interviewé plus de 10 000 élèves de l’Ontario âgés de 13 à 17 ans au cours de l’année scolaire 2014-2015. Parmi ceux-ci :
- 86% utilisent les réseaux sociaux tous les jours;
- 16% ont passé cinq heures ou plus par jour sur les réseaux sociaux;
- 22% ont dit qu’ils avaient été victimes d’intimidation en ligne (données stables depuis 2011);
- 22% ont déclaré faire au moins une heure d’activité physique quotidienne;
Mais…
- comme en témoigne l’étude publiée par Jeunesse, j’écoute, certains jeunes Canadiens semblent vivre de difficultés dans leurs vies, et ce, malgré le fait qu’elles se déroulent dans un pays développé. Le chiffre indiquant qu’un jeune Canadien sur cinq (22% du total) aurait sérieusement envisagé le suicide comme option est terrifiant !
Par contre…
- si l’on ne voulait voir que les aspects positifs de ce même rapport, on pourrait également conclure que pour chaque jeune ayant des difficultés en santé mentale au pays, il y a quatre autres pour qui le suicide ne veut rien dire.
L’adolescence est pour ainsi dire, un beau mélange des moments merveilleux et d’aspects préoccupants de notre vie. Et il semble évident que les jeunes qui passent par cette étape ont besoin de l’accompagnement et de la confiance des adultes autour d’eux.
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