Le ministre de l’Innovation, Navdeep Bains (à gauche), le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare (au centre), et le ministre des Transports, Marc Garneau, étaient présents le mois dernier pour annoncer des prêts fédéraux de 372,5 millions de dollars pour les projets d’avions Global 7000 et CSeries. (Paul Chiasson / Presse canadienne)

Le ministre de l’Innovation, Navdeep Bains (à gauche), le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare (au centre), et le ministre des Transports, Marc Garneau, étaient présents le mois dernier pour annoncer des prêts fédéraux de 372,5 millions de dollars pour les projets d’avions Global 7000 et CSeries. (Paul Chiasson / Presse canadienne)

Bombardier est canonné par les critiques pour ses primes de 33 millions à ses patrons

La nouvelle suscite un énorme malaise au Canada : les salaires des hauts dirigeants de Bombardier ont bondi d’environ 50 % au moment où la compagnie licenciait des milliers de travailleurs et demandait une aide financière gouvernementale.

Le versement de 32,6 millions de dollars représente une augmentation de près de 50 % des primes accordées aux cinq premiers dirigeants et président du conseil d’administration, par rapport à 2015.

Le gouvernement fédéral a émis un prêt de 372,5 millions de dollars le mois dernier pour les programmes d’avions CSeries et Global 7000, tandis que la province de Québec a récemment versé 1 milliard de dollars américains dans le programme CSeries.

Réactions et malaises des gouvernements

Le premier ministre Justin Trudeau, en janvier 2017
Justin Trudeau © PC/Adrian Wyld

Bien qu’ils aient aidé financièrement Bombardier, le gouvernement québécois et le gouvernement canadien affirment qu’ils n’ont pas l’intention d’exiger que la multinationale révise sa politique de rémunération.

De passage à Brampton, en Ontario, jeudi, le premier ministre Justin Trudeau ne s’est pas offusqué des augmentations vertigineuses de salaires des dirigeants de la société québécoise.

« Les investissements effectués par le Canada dans Bombardier, ce sont des prêts à long terme pour assurer la réussite de la CSeries et d’autres avions », a-t-il répondu.

Manque de savoir-vivre?

David Baskin, président de Baskin Wealth Management
David Baskin, président de Baskin Wealth Management © CBC

« À tout le moins, cela témoigne d’une arrogance plutôt incroyable, n’est-ce pas? », déclare David Baskin, président de Baskin Wealth Management, un cabinet de gestion de placements de Bay Street à Toronto.

« Voici une entreprise qui, en gros, a imploré la province et le gouvernement fédéral de lui donner de l’argent, en disant : « si vous ne nous donnez pas tout cet argent, nous allons licencier tous ces travailleurs » ».

De plus, d’ici la fin de 2018, Bombardier devrait avoir éliminé quelque 14 500 postes à travers le monde dans le cadre de son plan de redressement.

Le Québec répond aux critiques par la bouche de son premier ministre

À l’Assemblée nationale du Québec, le premier ministre Philippe Couillard s’est bien gardé de condamner Bombardier, en affirmant que « fondamentalement, c’est une question qui regarde l’entreprise et ses actionnaires ».

Cependant, il a reconnu que du point de vue des travailleurs, on pouvait se demander si «le moment» et «le message» étaient «bien choisis».

Si elle s’est montrée plus critique que son premier ministre, la ministre québécoise de l’Économie, Dominique Anglade, n’est pas allée jusqu’à s’engager à sévir.

« Si j’étais Bombardier, je réfléchirais au message que j’envoie à la population aujourd’hui, a-t-elle dit lors de la période de questions à l’Assemblée nationale. Je peux comprendre que les gens soient mécontents et choqués. »

Le premier ministre du Québec Philippe Couillard (5e depuis la droite, rangée avant) pose à côté de la ministre provinciale de l’Économie Dominique Anglade et de dirigeants de Bombardier le 10 juillet 2016, à Farnborough.
Le premier ministre du Québec Philippe Couillard (5e depuis la droite, rangée avant) pose à côté de la ministre provinciale de l’Économie Dominique Anglade et de dirigeants de Bombardier le 10 juillet 2016, à Farnborough. © Radio-Canada/Hugo Lavallée

Les partis d’opposition dénoncent

Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle
Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle © ICI Radio-Canada

Le Parti québécois et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont été beaucoup plus véhéments. Les grands patrons de Bombardier ont peut-être tiré l’entreprise du pétrin, mais c’est grâce au 1,3 milliard investi par Québec, et ils ne devraient pas être ainsi récompensés, a conclu le chef péquiste Jean-François Lisée.

« C’est une gifle aux Québécois, a-t-il dit. J’espère qu’un actionnaire important de Bombardier, c’est-à-dire le gouvernement du Québec, va demander le retrait de ces augmentations ».

Le chef caquiste François Legault n’a pas été plus tendre envers Pierre Beaudoin, le président du conseil, et le chef de la direction Alain Bellemare :

« Sept millions de dollars canadiens pour quelqu’un qui est au conseil d’administration, là, ça n’a pas de bon sens. Maintenant, 13 millions de dollars canadiens pour M. Bellemare, c’est exagéré, très exagéré, a-t-il lancé. Écoutez, ce sont ces dirigeants-là, Pierre Beaudoin et M. Bellemare, qui ont amené Bombardier presque au bord de la faillite. »

Sur le même thème

Salaires copieux chez Bombardier : malaise au gouvernement Couillard – Radio-Canada 

Bombardier under fire for $32.6M US given to executives – CBC 

PDG les mieux payés qui gagnent en quelques heures votre salaire annuel moyen – Radio-Canada 

Catégories : Économie, Politique
Mots-clés : , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.