Wa Lone, un journaliste de Reuters, au centre, s'entretient avec des journalistes alors qu'il est escorté lundi par la police à Yangon, au Myanmar. (Thein Zaw/Associated Press)

Sept ans de prison pour deux reporters de Reuters : le Canada interpelle le Myanmar

Alors que, dans le monde, de nombreuses voix s’élèvent pour demander la libération de deux reporters de l’agence Reuters qui enquêtaient sur les massacres de musulmans rohingyas par l’armée birmane en 2017, la ministre canadienne des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland, affirme que leur condamnation «porte un coup dur à l’état de droit et la liberté de la presse au Myanmar».

Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été condamnés, lundi, à sept ans de prison pour possession illégale de documents. Ils affirment avoir été piégés par la police.

Selon la chef de la diplomatie canadienne, qui a elle-même travaillé pour Reuters avant sa carrière politique, ce verdict «remet sérieusement en question la possibilité d’en arriver un jour» à une démocratie au Myanmar, qui exige que les journalistes puissent « rapporter les faits librement, rechercher la vérité, l’exposer et la défendre sans craindre les représailles, la violence ou l’emprisonnement ».

L’ancien chef libéral Bob Rae, envoyé spécial du Canada au Myanmar pour enquêter sur la crise des Rohingyas et qui s’est rendu quatre fois au Myanmar, affirme que « ces deux journalistes sont en prison parce qu’ils ont dit la vérité ». Il ajoute que le « courage de ces deux journalistes face à la répression mérite l’admiration et l’attention du monde entier. Ils ont fait leur travail et ont été piégés par les forces de sécurité, selon les preuves entendues en cour ».

Aide-mémoire…
Les Rohingyas forment un peuple apatride qui vit principalement dans l’État de Rakhine, sur la côte ouest du Myanmar.
La majorité des individus sont de confession musulmane et ont fait l’objet de persécutions répétées, dont des mesures de répression militaires à partir de 2016. On estime que 900 000 Rohingyas ont fui vers le Bangladesh, pays voisin, pour échapper à la violence.

Des réfugiés rohingyas assistent, dans le camp de Kutupalong à Ukhia, au Bangladesh, le 25 août 2018, à une cérémonie commémorant la répression militaire qui a poussé leur peuple à fuir la Birmanie, un an auparavant. / AFP

Les révélations de Wa Lone et Kyaw Soe Oo

L’enquête des journalistes de Reuters détaillait les événements qui ont mené au meurtre de 10 hommes rohingyas du village d’Inn Din, dans l’État de Rakhine, des hommes qui ont ensuite été enterrés dans une fosse commune après avoir été tués à la machette ou abattus par des voisins et des soldats bouddhistes.

La démarche journalistique s’appuyait sur des entretiens avec des bouddhistes ayant admis avoir mis le feu à des demeures de Rohingyas, enterré des corps et tué des musulmans dans le cadre de ce qu’ils décrivent comme une hystérie de violence déclenchée lorsque des insurgés rohingyas ont attaqué des installations des forces de sécurité, en août dernier.

Les témoignages représentent la première instance où des soldats et des policiers paramilitaires sont impliqués, par des membres des forces de sécurité, dans des incendies criminels et des exécutions dans le nord de l’État de Rakhine. Selon les Nations unies, il pourrait s’agir d’un génocide.

Les journalistes du Myanmar, Thet Oo Maung, également connu sous le nom de Wa Lone, et Kyaw Soe Oo (L), dans des photos non datées.
Photos fournies par Thet Oo Maung et Kyaw Soe Oo / Facebook

Réactions ailleurs dans le monde

Le Royaume-Uni et les États-Unis ont également condamné les verdicts, de même que de nombreuses organisations internationales de défense des droits de la personne.

La première ministre britannique, Theresa May, a également appelé à la libération des journalistes, tandis que l’ambassade des États-Unis au Myanmar a publié une déclaration dans laquelle elle affirme que l’affaire comporte des « failles évidentes » et que le verdict est « profondément troublant ».

Michelle Bachelet, haute-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, a exhorté le Myanmar à libérer « immédiatement et sans condition » les deux journalistes de Reuters ainsi que « tous les autres journalistes actuellement en détention pour leur exercice légitime du droit à la liberté d’expression ».

Tam-Tam Canada sur les pas torturés des Rohingyas

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de CBC et Radio-Canada

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique
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