Depuis 40 ans, le Québec interdit aux entreprises d’adresser de la publicité directement aux enfants de moins de 13 ans. Or, selon un groupe de plaignants, la multinationale américaine du burger McDonald’s est coupable de publicité illégale en raison des présentoirs de jouets de ses « Joyeux Festins » (Happy Meals).
Ces présentoirs situés directement à la hauteur des yeux des enfants montrent des jouets associés systématiquement à des films populaires pour enfants. Ils les inciteraient donc à demander à leurs parents les repas Joyeux Festins pour se procurer les jouets convoités.
McDonald’s soutient de son côté respecter la loi québécoise et affirme que la cause des plaignants n’est pas fondée et qu’il existe des précédents tel que les boîtes de céréales contenant des jouets ou l’existence de présentoirs dans les magasins de jouets au Québec.
Rappelons que la loi québécoise interdit, entre autres, d’« inciter directement un enfant à acheter ou à inviter une autre personne à acheter un bien ou un service ou à s’informer à leur sujet ».
– Durant la période des Fêtes de fin d’année, en 2007, McDonald’s avait commandité une émission pour enfants sur les ondes de Télé-Québec où une étoile placée au sommet du sapin de Noël avait été remplacée par les arches dorées de la marque.
– Une publicité mettant en vedette deux enfants offrant des croquettes de poulet à leur professeur avait également été présentée à plusieurs reprises.
– McDonald’s avait plaidé coupable à six chefs d’accusation et avait payé 12 000 $ d’amende.
Faudrait-il renforcer ou plutôt assouplir la loi québécoise contre la publicité visant les enfants?
Plaidoyer pour étendre la loi québécoise à tout le pays
Les règles québécoises sur la publicité destinée aux enfants, incluses dans la Loi sur la protection du consommateur, sont parmi les plus restrictives du monde. Plusieurs personnes au Canada aimeraient voir cette loi étendue au reste du pays, tandis que d’autres soutiennent que la loi québécoise devrait être diluée.
Selon Brian Cook, chercheur à l’Agence de santé publique de Toronto, qui rêve d’une loi pancanadienne « à la québécoise», les enfants ne peuvent pas faire la différence entre le contenu publicitaire et le contenu informatif, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux efforts souvent subtils des publicitaires, entre autres sur le web.
Dans les sites les plus consultés par les 6-12 ans au Canada, on retrouve YouTube, Lego (particulièrement pour les jeunes garçons de 8-12 ans) et plusieurs autres ayant des attaches avec un annonceur ou contenant de la publicité.
Plusieurs souhaiteraient que le Canada fasse au moins comme le Mexique. En 2014, il a décidé de restreindre les publicités diffusées à la télévision d’aliments et de boissons destinés aux enfants. Certaines publicités sont dorénavant interdites entre 14 h 30 et 19 h 30 les jours de semaine et de 7 h à 19 h les fins de semaine.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Mathieu Dugal et Michel C. Auger, Martine Bordeleau, Catherine Lachaussée de Radio-Canada
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