Photo : ©iStock/robypangy

L’opposition au créationnisme dans les écoles prend de l’ampleur au Canada

Partout au pays, 68 % des Canadiens sont d’accord avec l’idée que les humains ont évolué à partir de formes de vie moins avancées pendant des millions d’années. Un sur cinq (21 %) croit que Dieu a créé les êtres humains sous leur forme actuelle au cours des 10 000 dernières années. Les 12 % restants sont indécis, selon une nouvelle étude de la firme de sondages Research Co. publiée mardi. 

La Colombie-Britannique est incontestablement la province où la plupart des gens, 55 %, garderaient le créationnisme en dehors des écoles, suivie du Québec à 49 %. Viennent ensuite le Manitoba et la Saskatchewan (45 %), suivis de l’Ontario (44 %), de l’Alberta (43 %) et du Canada atlantique (41 %).

Research Co, croit que ces écarts régionaux s’expliquent en partie parce qu’au cours des deux dernières décennies, la Colombie-Britannique s’est positionnée comme la région du Canada la plus proche du monde séculier. Moins de Britanno-Colombiens se décrivent comme ayant « une religion » chaque fois que le recensement se déroule.

On voit le crucifix dans l’enceinte où siège l’Assemblée législative du Québec. Photo : ©THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot

Pour sa part, le Québec a toujours été une terre de contrastes en matière de religion. La présence d’un crucifix à l’intérieur de l’Assemblée nationale fait l’objet d’un vaste débat dans une province où il y a moins de résidents que jamais auparavant qui assistent aux offices religieux.

La fracture n’est pas trop prononcée en ce qui concerne le genre, avec 22 % des femmes et 19 % des hommes qui croient en une divinité créatrice. L’âge, cependant, joue un plus grand rôle dans la formation des opinions. Ainsi, 24 % des Canadiens de 55 ans et plus s’identifient comme créationnistes, comparativement à 18 % des 35 à 54 ans et  à 19 % des 18 à 34 ans.

Il y a aussi des différences régionales :

  • 41 % des résidents du Manitoba et de la Saskatchewan disent avoir tendance à croire au créationnisme,
  • l’Alberta est à 24 %,
  • en Atlantique, en Colombie-Britannique et en l’Ontario, cela atteint 22 %,
  • au Québec, on en est à un maigre taux de 10 %.

Détail d’un dessin connu de Charles Darwin ©iStock/rolbos

Ce mois-ci marque le 159e anniversaire de la publication du livre On the Origin of Species de Charles Darwin. Ce livre scientifique a introduit le concept de l’évolution par sélection naturelle. Research Co. a décidé d’interroger les Canadiens sur le créationnisme et sur l’évolution et de leur demander si les deux appartiennent aux écoles du pays.

Pour le directeur de Research Co. Mario Canseco, dans d’autres régions du Canada, une « sorte de laisser-faire semble être la norme ». Dans les provinces avec les plus fortes proportions de résidents qui s’identifient comme créationnistes (Manitoba, Saskatchewan, Alberta et Canada atlantique) il y a encore plus d’évolutionnistes qui ne laissent pas leurs opinions personnelles suggérer qu’une interdiction pour les enseignants de discuter de création divine serait justifiée.

Au Canada, les débats sur les opinions religieuses à l’école n’ont jamais été aussi polarisants qu’aux États-Unis. Depuis le procès Scopes de 1925, les discussions sur l’évolution et le créationnisme dans les salles de classe américaines se sont poursuivies sans détour. Au cours de ce siècle, certains enseignants américains ont choisi de minimiser ou d’ignorer complètement l’enseignement de l’évolution, après avoir subi les pressions des politiciens ou d’autres groupes. Au Canada, les controverses autour de ce sujet se sont concentrées sur des questions secondaires, comme la participation de politiciens à des conférences où les conférenciers décrient l’évolution et font l’éloge de « l’autorité biblique ». Certains partisans très en vue des partis politiques conservateurs ont publié des déclarations similaires au fil des ans.Mario Canseco, président de Research Co.

Selon Research Co., les résultats peuvent être interprétés de plusieurs façons. Certains peuvent simplement regarder les Canadiens qui sont d’accord avec Darwin et qui sont plus nombreux que ceux qui choisissent « la Bible » par une marge de 3 contre 1. Mais lorsque la firme de sondages a demandé aux Canadiens si le créationnisme devrait faire partie du programme scolaire dans leur province, les chiffres ont changé :

  • Plus d’un tiers des répondants à l’enquête (38 %) pensent que la croyance que l’univers et la vie proviennent d’actes spécifiques de création divine devraient être enseignés dans les écoles.
  • Une plus grande proportion (46 %) est en désaccord.
  • 16 % sont indécis.

Nous sommes passés des deux tiers des Canadiens qui sont du côté de l’évolution à moins de la moitié qui pensent que le créationnisme n’a pas sa place dans les classes de la nation.

Le groupe qui s’oppose le plus fortement à l’enseignement du créationnisme à l’école est celui des plus jeunes. Plus de la moitié des Canadiens âgés de 18 à 34 ans (54 %) pensent que le créationnisme ne devrait pas faire partie du programme scolaire, comparativement à 44 % chez ceux âgés de 35 à 54 ans et à 42 % chez ceux âgés de 55 ans et plus.

©iStock/altmodern

En février 2017, une question d’un sondage CROP portant sur le créationnisme révélait un résultat pour le moins étonnant. On y lisait que 40 % des Canadiens croyaient que la Terre et la vie qu’elle abrite avaient été créées par Dieu en six jours.

À l’époque, dans un article du « Détecteur de rumeurs » de l’Agence Science-Presse, qu’on pouvait lire sur le site du Scientifique en chef du Québec, on présentait le point de vue de Cyrille Barrette, professeur émérite de biologie à l’Université Laval, et expert notamment en théorie de l’évolution. Le spécialiste affirmait que les résultats du sondage CROP semblaient crédibles, puisqu’ils confirmaient une tendance observable depuis quelques années déjà.

« Le résultat des réponses à ce genre de questions est à peu près toujours le même : ça tourne entre 30 % et 40 %, au Canada, au Québec et dans plusieurs pays occidentaux. C’est sûr que c’est surprenant, mais ça semble correspondre à une réalité. Si l’on met les gens devant le choix entre la croyance à la création ou la conviction qu’il s’agit simplement d’une évolution naturelle, près du tiers d’entre eux croient qu’il s’agit d’une création »Cyrille Barrette
Avec des informations de Research Co., bureau du Scientifique en chef du Québec, la firme CROP. 
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