Fidel Alejandro Gamboa Traba et son épouse canadienne, Jacqueline Stein, sont à Cuba pendant que leur demande de parrainage de conjoint est traitée, mais ils ne peuvent terminer les dernières étapes en raison des compressions à l'ambassade. (YouTube)

Des douzaines de familles canado-cubaines coincées par la baisse d’effectif à l’ambassade canadienne à La Havane

Après que le Canada eut annoncé, le mois dernier, qu’il ne pourrait plus traiter les demandes de visa ou de résidence permanente en raison d’un rappel important au pays de son personnel à La Havane qui est liée à de mystérieux problèmes de santé, des douzaines de familles se retrouvent incapables d’aller de l’avant avec leur réunification.

Rappelons que des diplomates canadiens et américains en poste dans la capitale ont commencé à se plaindre d’étourdissements, de maux de tête et de nausées inexpliqués au printemps 2017. La cause de ces mystérieuses maladies n’a pas été déterminée, et le gouvernement canadien a décidé que Cuba n’était plus un milieu de travail sûr pour ses fonctionnaires en poste dans son ambassade.

L’annonce de mai a été abrupte, ce qui a semé la confusion dans les familles qui se trouvaient alors au coeur du processus de demandes de visite ou d’immigration de parents.

Des complications nombreuses pour les demandeurs de visa souvent peu fortunés

Le gouvernement canadien invite maintenant les Cubains à se rendre dans d’autres pays qui ont des consulats canadiens pour y remplir leur demande de visa ou de résidence. La plupart des Cubains gagnent cependant moins de 50 $ par mois, selon l’Office national cubain de la statistique. Acheter un billet d’avion, payer l’hébergement et la nourriture dans un autre pays est impossible pour beaucoup.

Yoandri Reyes Riveron et Amanda Reyes disent qu’ils sont dévastés du fait que leur fils nouveau-né Mateo ne peut rencontrer sa grand-mère cubaine. La famille à revenu unique ne gagne pas assez d’argent pour se payer un voyage à Cuba, ou pour envoyer la mère de Riveron, Odalys Riveron Martinez, au Mexique pour remplir sa demande.

Juste avant la naissance de Mateo, ils étaient en train de remplir leurs demandes de visa de visite de la mère pour qu’elle puisse venir au Canada afin de rencontrer le bébé. Ils étaient sur le point de les envoyer quand les compressions à l’ambassade ont été annoncées.

Odalys Riveron Martinez (YouTube)

Vidéovérité

Odalys Riveron Martinez est l’une des personnes touchées. En raison des compressions à l’ambassade, elle devra attendre plus longtemps et dépenser plus d’argent avant de retrouver son petit-fils nouveau-né au Canada.

Des Canadiens qui sont séparés, comme elle, des membres de leur famille cubaine en raison de la réduction des effectifs de l’ambassade à La Havane envoient un appel à l’aide à Ottawa.  » Vous séparez des couples. Vous séparez des familles en faisant cela « , déclare dans une vidéo la Canadienne Jacqueline Stein, qui a passé neuf jours à faire la vidéo avec son mari cubain.

Dans cette vidéo en langue anglaise remplie de larmes, neuf Canadiens et Cubains – conjoints, enfants, professeur et étudiant – expliquent les ravages que les compressions ont causés dans leur vie.

Ces personnes demandent à Ottawa d’envisager des solutions de rechange au refus général de traiter les demandes à Cuba et exigent que le gouvernement leur donne enfin des réponses.

Pas de changement à l’horizon

Selon un porte-parole du ministre de l’Immigration, Ahmed Hussen, il n’y a actuellement aucun plan pour rouvrir le traitement des demandes à La Havane.

Les problèmes liés à l’ambassade ne signifient pas que les demandes d’immigration ou de visa de visiteur sont annulées, précise ce porte-parole. Mais cela ajoute, admet-il, une couche de complexité coûteuse et qui prend beaucoup de temps.

 » Nous reconnaissons certainement que cette décision a créé des difficultés pour certaines personnes qui cherchent à obtenir des documents de voyage pour venir au Canada « , a déclaré le cabinet du ministre Hussen.

 » Cette décision n’a pas été prise à la légère. Mais en tant que gouvernement, nous avons la responsabilité d’assurer que la santé et la sécurité de nos employés sont protégées.  »

L’enquête sur le mal mystérieux

© Chuck Schug Photography/Getty

Le scénario d’une possible « attaque acoustique » a été évoqué à maintes reprises. Des employés de l’ambassade des États-Unis à La Havane ont affirmé avoir éprouvé des malaises après avoir entendu des sons dont ils ignoraient la provenance.

Les spéculations ont porté aussi sur des attaques aux micro-ondes, des contaminants inconnus et même des grillons. Les responsables ont pratiquement exclu les facteurs environnementaux comme les toxines dans l’air, le sol ou l’eau, et ils ne soupçonnent plus une attaque sonique.

Le département d’État américain indiquait, l’an dernier, qu’il avait évacué plusieurs de ses employés en Chine qui présentaient de mystérieux symptômes comparables. Ces employés, dont on ignore le nombre exact, avaient été rapatriés afin de subir des examens médicaux plus approfondis.

Une équipe médicale américaine avait été envoyée à Guangzhou, au mois de mai de l’an dernier, après qu’un premier employé américain eut été victime d’un traumatisme cérébral après avoir ressenti des bruits « anormaux ».

Ce cas a ravivé les craintes qu’un rival des États-Unis ait développé un type d’appareil acoustique ou à micro-ondes inconnu.

La Gendarmerie royale du Canada dit mener une enquête sur la ou les causes de ce mal à Cuba.

RCI avec les informations d’Elise von Scheel de CBC News et la contribution de Radio-Canada

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Santé
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