Des centaines de milliers de personnes vivent clandestinement au Canada, selon un reportage de l'émission Enquête. (Photo : Radio-Canada)

L’émission Enquête révèle le sort des sans-papiers au Canada

Un reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada diffusé jeudi soir a mis en lumière le sort de milliers de personnes vivant sur le territoire canadien sans papiers et souvent dans des conditions précaires.

Les journalistes d’Enquête sont allés à la rencontre de divers migrants considérés comme illégaux qui parlent de leur vie au Canada.

Alors que l’image que beaucoup se font des sans-papiers est celle de clandestins arrivés en traversant la frontière de manière illégale, le reportage dépeint le profil de migrants arrivés au Canada avec un visa de touriste ou d’étudiant par exemple et qui restent sur le territoire lorsque leur permis arrive à échéance.

Pour ce qui est des personnes traversant la frontière de manière irrégulière, peu sont des sans-papiers, explique le reportage. Ce sont souvent des demandeurs d’asile qui ont un permis temporaire pour vivre au Canada. Leur statut devient clandestin lorsque leur demande d’asile est rejetée et qu’ils choisissent tout de même de rester sur le territoire. 

Le Canada ne possède pas de données officielles indiquant le nombre de personnes vivant illégalement sur le territoire. Toutefois, les estimations parleraient de centaines de milliers de personnes, rapporte l’équipe d’Enquête.

A Montréal, la seconde plus grande ville du Canada, la municipalité estime qu’il y aurait 50 000 sans-papiers. Un chiffre qui pourrait être plus élevé encore.

Manifestation de sans-papiers devant des bureaux d’Immigration Canada, le 26 juillet 2020, à Montréal. Il s’agissait d’une des rares fois où les clandestins sont descendus dans la rue pour réclamer le droit de vivre au Canada. (Photo : Graham Hughes / La Presse canadienne)

Un mode de vie très compliqué

Les témoignages recueillis mettent notamment en avant les difficultés que rencontrent ces personnes pour vivre. L’accès à divers services tels que les banques, le permis de conduire ou encore le fait de pouvoir louer un appartement ou travailler légalement leur est ainsi interdit.

Malgré ces difficultés, les sans-papiers travaillent et alimentent l’économie nationale.

Cependant, les conditions de travail sont très souvent déplorables et la pandémie de COVID-19 a accentué cela.

Le reportage de Gaétan Pouliot et Martin Movilla a été diffusé à l’émission Enquête. Il sera en reprise à ICI Télé le samedi à 13 h. À ICI RDI, ce sera le dimanche à 18 h 30. À voir en rattrapage sur ICI.Tou.tv.

« La COVID-19 a révélé que des milliers de travailleurs migrants sont victimes d’exploitation, d’abus de travail et possiblement de trafics humains au Canada », dit Luis Alberto Mata, un réfugié politique colombien qui travaille au Centre pour migrants FCJ, au micro d’Enquête.

Les journalistes d’Enquête ont rencontré certains de ces migrants qui ont contracté le nouveau coronavirus à cause des conditions déplorables dans lesquelles ils travaillaient. Ils témoignent notamment du manque de mesures d’hygiène dont font preuve leurs employeurs et des risques encourus par leur communauté par la suite.

À cela s’ajoute le fait que ces employeurs exploitent les sans-papiers sans remords. Certains n’hésitent pas à faire du chantage aux travailleurs quant à leur statut illégal, explique une personne interrogée par l’émission.

Un vaste programme de régularisation canadien ?

Les journalistes d’Enquête ont parlé à l’ex-juge à la Cour suprême du Canada, Louise Arbour, qui a aussi été représentante spéciale du secrétaire des Nations unies pour les migrations en 2017-2018.

Pour Mme Arbour, la pandémie pourrait être l’occasion de lancer un vaste programme de régularisation à grande échelle des sans-papiers au Canada. Pareil exercice est commun dans divers pays, explique-t-elle. En 1986, le président américain Ronald Reagan avait par exemple mis en place un programme de régularisation pour trois millions de sans-papiers, par exemple.

Toutefois, les criminels ne devraient pas être inclus dans une telle initiative, nuance l’ex-représentante spéciale des Nations unies. 

En attendant, de nombreuses associations viennent déjà en aide aux migrants à travers le pays en leur fournissant un logement, de la nourriture ou encore des conseils juridiques. Enquête est allée à la rencontre de diverses associations, certaines étudiantes et d’autres internationales tels que Médecins du Monde.

Catégories : Immigration et Réfugiés, Société
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